Restless : Père manquant, fils manqué
Cinéma

Restless : Père manquant, fils manqué

Dans Restless, d’Amos Kollek, un Israélien souhaite renouer avec son père exilé à New York.

Avis aux fans d’Anna Thomson (et il y en a!): la vulnérable égérie à l’insolite beauté vue dans Sue, Fiona, Bridget et Fast Food, Fast Women d’Amos Kollek ne joue pas dans cette dernière livraison du réalisateur israélien. Hélas, nul doute que la présence de l’actrice, qui n’a jamais hésité à se livrer impudiquement aux volontés de Kollek – que l’on soupçonne être à la fois tyrannique et misogyne dans sa façon de dépeindre les femmes – aurait donné un tant soit peu de lumière dans cette ennuyeuse et exaspérante grisaille servant de toile de fond à Restless.

Campé à New York et à Tel Aviv, cette comédie dramatique, laquelle ne suscite aucune empathie pour les personnages pas plus que quelques (sou)rires, met en scène Moshe (Moshe Ivgy, insupportable), improbable poète vivotant dans la Grosse Pomme, et son fils Tzach (Ran Danker, esthétique), tireur d’élite dans l’armée israélienne, qu’il a abandonné peu de temps après sa naissance. Venant de perdre sa mère, le jeune soldat souhaite connaître son père qui n’a jamais répondu aux lettres de son ex-femme.

Au fil d’une intrigue piétinante et platement télégraphiée, Moshe deviendra l’amant d’une vieille dame trois fois veuve (Phyllis Sommerville, qui aurait mérité qu’on lui écrive un vrai rôle), se tapera quelques putes paumées et en pincera pour une barmaid revêche (pauvre Karen Young aux prises avec un personnage unidimensionnel). À coups de séances de spoken word sans intérêt, Kollek nous fera croire que Moshe est un poète apprécié par les habitués d’un bar. Pendant ce temps, fiston éprouvera le souhait de quitter l’armée – et nous, entre deux bâillements bien sentis, la salle.

Ayant voulu explorer le thème très riche du Juif errant, Amos Kollek assomme le spectateur avec ses répliques creuses (passons sous silence l’insignifiante ballade poussée avec talent par Miri Mesika), ses situations invraisemblables et ses interprètes frisant parfois l’hystérie. Pour clore le tout, il aura le culot de terminer sur une conclusion bâclée et peu crédible, pour ne pas dire risible. Rarement aura-t-il étiré autant l’élastique de la patience du public.

À voir si vous aimez /
Sue et Bridget d’Amos Kollek