Twilight : Le baiser du vampire
Cinéma

Twilight : Le baiser du vampire

Twilight, de Catherine Hardwicke, est l’adaptation on ne peut plus attendue du best-seller de Stephenie Meyer. Succomberez-vous à la tentation Twilight comme l’ont fait 18 millions de lecteurs à travers le monde?

Pour les millions de fans de Stephenie Meyer, le 2 juin 2003 est une date historique. De fait, ce matin-là, celle qui vient de publier son premier roman pour adultes (The Host ou Les Âmes vagabondes) n’arrive pas à chasser un rêve de la veille où deux jeunes gens parlent d’amour et de vampirisme dans une clairière. Les lecteurs de la saga Twilight (Fascination) auront certes reconnu le treizième chapitre du premier tome où Bella Swan et son vampire d’amour Edward Cullen échangent leur premier baiser.

Depuis, Meyer n’a plus jamais fait de rêves, mais cela ne l’a pas empêchée de boucler trois autres tomes qui se sont vendus à des millions d’exemplaires: "Pour moi, c’est un mystère que les gens aiment autant mes livres, confiait la romancière à un parterre de journalistes au Beverly Wilshire de Los Angeles. Mon public cible, c’était moi, c’est-à-dire une femme de 29 ans mère de trois enfants. Si j’avais su que mes romans connaîtraient ce succès, je n’aurais pas pu les finir."

Trois ans après sa publication, voilà que Twilight fait l’objet d’une adaptation cinématographique. Pour Stephenie Meyer, pas question que l’on sacrifie des éléments importants de son univers romantique: "Chez Summit, on m’a demandé d’établir ma liste de règles à suivre: mes vampires n’ont pas de crocs, ne dorment pas dans des cercueils, brillent au soleil, etc."

Meyer avouant elle-même qu’elle serait incapable d’écrire un scénario, c’est donc Melissa Rosenberg, grande fan de Buffy the Vampire Slayer et scénariste de Dexter, qui a signé l’adaptation: "Les deux plus grands défis, se souvient Rosenberg, venaient du fait que le roman est raconté du point de vue de Bella et que les trois quarts sont sous forme de dialogues. Les adolescentes sont des êtres passionnés et, sachant cela, je voulais leur offrir un personnage de fille forte."

"Les dialogues de Melissa sonnent mieux que dans les romans, commente la romancière; toutefois, la réplique "Et le lion s’éprit de l’agneau", que des jeunes filles ont fait tatouer sur leur corps – ce que je n’approuve pas! -, je voulais absolument la garder intacte afin de ne pas trahir les fans."

Derrière la caméra se retrouve Catherine Hardwicke (13, coécrit avec Nikki Reed, l’interprète de Rosalie Hale, soeur adoptive d’Edward, et Lords of Dogtown): "Je n’ai pas revu tous les films de vampires avant le tournage parce que je ne voulais pas d’hommages ou d’échos. J’ai seulement ajouté la scène du rêve de Bella, la seule où il y a un élément rouge."

Si Meyer ne tarit pas d’éloges sur le travail de Rosenberg et de Hardwicke, comme des milliers de fans, elle n’était pas d’accord avec la réalisatrice sur le choix de Robert Pattinson (Harry Potter and the Order of the Phoenix) pour incarner Edward, choix le plus contesté de tout le casting. En le voyant aussi craquant à l’écran, les adolescentes se rangeront, à l’instar de la romancière, du côté de Hardwicke – et ce, même si la chevelure de l’éphèbe n’a pas la couleur du bronze.

"Le défi pour Robert, c’était d’avoir plus de 100 ans mais d’agir comme un garçon de 17 ans. C’est en tombant amoureux qu’il reconnecte avec sa jeunesse", explique la réalisatrice. Ayant pris connaissance par sa mère d’une pétition de 75 000 noms s’opposant à son apparition dans Twilight, Robert Pattinson poursuit: "Toute sa vie, Edward a refoulé ses émotions et Bella vient chambouler son existence. Chaque jour est pareil pour lui, il se voit comme un monstre. En fait, Edward, c’est un emo dans le placard."

Embarrassé, Pattinson parle de sa participation à la trame sonore: "Un accident, en fait. C’est Nikki Reed qui a envoyé à Catherine ce truc, Never Think, que j’avais enregistré sur mon ordi. Si j’avais su que ça ferait tant parler, je l’aurais enregistré sous pseudonyme."

Kristen Stewart, qui a impressionné Hardwicke par son jeu dans Into the Wild de Sean Penn, a pour sa part proposé la chanson Flightless Bird, American Mouth d’Iron & Wine pour la scène du bal, laquelle l’a fait pleurer lors des répétitions. Cachant mal la pression qu’apporte un rôle connu par coeur par un grand nombre d’adolescentes, l’actrice de 18 ans conclut:

"Je ne veux pas promouvoir le grand amour chez les petites filles, car cela n’arrive pas à tout le monde et, trop souvent, je trouve que les filles s’en laissent imposer. Bella est une fille naïve propulsée dans un monde de vampires troublés, mais ce n’est pas une demoiselle en détresse. Elle est prête à se donner à Edward, mais c’est elle qui porte la culotte."

La moitié des frais de ce voyage ont été payés par Les Films Séville.
À voir si vous aimez /
La saga Twilight de Stephenie Meyer, la télésérie Moonlight, The Lost Boys de Joel Schumacher

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BEAUTÉ FATALE

Dans Twilight, la Montréalaise Rachelle Lefevre mord à belles dents dans le rôle de Victoria, féline vampire à la vaporeuse crinière de feu.

Voir: Votre personnage prend de l’importance dans les deuxième et troisième tomes, croyez-vous qu’ils seront aussi adaptés au cinéma?
Rachelle Lefevre: "Nous l’espérons tous, évidemment! Aucune décision n’a encore été prise. Nous le saurons sans doute peu après la sortie du film."

Vous vous seriez inspirée de combats de lions pour créer Victoria.

"Oui, j’en ai regardé sur YouTube! C’est Catherine Hardwicke qui m’a donné cette idée. Chez moi, je m’amusais à imiter les mouvements des lions. La raison pour laquelle j’ai fait ça, c’est que dans les romans, Stephenie Meyer écrit que Victoria bouge comme un chat, un lion. Je trouvais important de respecter cela pour les fans des livres."

Et la peau de mouton que vous portez, c’était votre idée?

"C’est une idée de la réalisatrice, de la costumière Wendy Chuck et de moi. La peau traînait dans un coin, mais je ne me rappelle plus qui l’a remarquée. Nous en aimions beaucoup les bords déchirés. Nous avons pensé que cette peau aurait pu être la création de Victoria, qui, n’ayant pas vu âme qui vive depuis longtemps, se serait abreuvée du sang d’un mouton puis se serait confectionné un manteau à coups de griffes."

Outre votre chevelure, cette peau de mouton permet de vous repérer facilement dans un plan, surtout lors de la scène du bal.

"Dans le livre, Stephenie parle des cheveux mais elle ne dit pas qu’il s’agit de Victoria assistant au bal des finissants. Dans le film, Catherine a décidé de me faire porter la peau de mouton pour cette scène, car à cause de l’éclairage, mes cheveux paraissaient moins roux."

Dans le dernier plan, vous arborez un sourire… carnassier.

"Oui, c’était vraiment l’fun d’avoir l’air méchante comme ça!"

Les interprètes de la famille Cullen ont avoué spontanément que The Lost Boys avait été leur principale source d’inspiration. Était-ce la même pour vous?

"Pour moi, c’était Dracula de Bram Stoker, davantage le livre que l’adaptation de Coppola. Ce que j’aime des vampires féminins de Stoker, c’est qu’elles ne sont pas franchement méchantes. Avant de tuer leurs victimes, elles les séduisent et s’amusent à leurs dépens."

Sur Internet, les fans ont signifié leur accord ou désaccord envers le casting. Êtes-vous allée lire ce qu’ils avaient écrit à votre sujet?

"Bien sûr, j’étais curieuse. La pire chose qu’on ait écrite sur moi, c’est que j’avais l’air trop gentille pour jouer Victoria. Pas de problème, je suis capable d’encaisser ça! Mes amis m’ont dit que ça paraissait qu’ils ne m’avaient pas vue le matin avant mon premier café."

Plusieurs de vos confrères ont confié avoir déjà rêvé d’être un vampire. Avez-vous assouvi ce fantasme en incarnant Victoria?

"C’était extraordinaire de jouer Victoria. Ce qui me fascine chez les vampires, c’est le pouvoir de demeurer en vie éternellement. De cette façon, ils acquièrent de la sagesse et des connaissances, et les comportements humains leur semblent prévisibles et stupides. En interprétant un vampire, j’avais l’impression d’avoir accumulé ce bagage et que les personnages humains n’étaient que des moutons sans expérience. C’était cool!"

Vous êtes de Montréal, où vous avez étudié le théâtre, et vous vivez à Los Angeles depuis quatre ans. Comment s’est faite la transition?

"Mon premier rôle, dans Big Wolf on Campus, je l’ai eu grâce à quelqu’un qui connaissait un directeur de casting alors que j’étais serveuse dans un resto de sushis sur Sainte-Catherine. Lorsque je suis arrivée à Los Angeles, j’ai beaucoup pleuré car je me sentais seule dans cette grande ville. Le style de vie de Montréal me manque énormément, mais aujourd’hui, j’adore L.A.!"

Quels sont vos prochains projets?

"Je viens de tourner dans American Summer, un remake de Risky Business en mode American Pie; j’y reprends le rôle de Rebecca de Mornay, celui de la pute au grand coeur. Je suis fière d’être Canadienne, alors au moins une fois par année, j’essaie de faire un projet au Canada; l’an dernier, j’ai joué dans Fugitive Pieces de Jeremy Podeswa puis Prom Wars de Phil Price. J’ai aussi joué dans deux séries, Do You Know Me? et The Summit, qui seront diffusées dans quelques mois. Je ne rêve pas d’écrire ni de réaliser, mais j’aimerais beaucoup produire. Enfin, j’adorerais tourner à nouveau avec Denys Arcand, qui m’a dirigée dans Stardom."

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TWILIGHT

Roméo et Juliette de Shakespeare, Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë, Dracula de Bram Stoker, Orgueil et Préjugés de Jane Austen… Voilà quelques-uns des clins d’oeil que l’on retrouve tant dans les romans de Stephenie Meyer que dans l’adaptation très fidèle de Catherine Hardwicke scénarisée par Melissa Rosenberg. Beau programme en perspective, n’est-ce pas?

Oui, toutefois n’allez pas croire que Twilight, roman bavard que l’on dévore d’une couverture à l’autre relatant l’amour impossible entre une adolescente de 17 ans et un "jeune" vampire né en 1901, se compare aussi facilement à ces classiques de la littérature anglo-saxonne.

Certes, un irrésistible et léger parfum gothique s’en dégage et la tension sexuelle entre Bella (Kristen Stewart, froide) et Edward (Robert Pattinson, plus ténébreux que ça, tu meurs!) est aussi palpable chez Meyer que chez Hardwicke, réalisatrice ayant fait ses preuves dans la peinture de moeurs adolescentes, mais de toute évidence, Twilight s’adresse à un très jeune public féminin… et à celles qui sont demeurées d’éternelles adolescentes romantiques.

Quant aux amateurs de gore, ceux-ci resteront sur leur appétit, car bien que le trio vorace de vampires nomades (Edi Gathegi, Rachelle Lefevre et Cam Gigandet) fasse son apparition plus tôt dans le récit, donnant lieu à une enquête policière menée par le père de Bella (Billy Burke), les effets d’horreur s’y font rares et discrets.