Revue 2008 / Cinéma : Rien n'est parfait mais…
Cinéma

Revue 2008 / Cinéma : Rien n’est parfait mais…

Le cinéma québécois n’a pas fracassé de records en 2008, mais artistiquement parlant, il n’a pas à rougir.

En janvier 2009, l’événement Ciné-Québec se tiendra à Sainte-Adèle. Parmi les activités au menu: un débat à propos de la baisse de la fréquentation des salles de cinéma. Eh oui, si vous suivez la performance de notre cinéma au box-office, vous n’êtes pas sans savoir qu’on est bien loin d’une année record. Et aussi que le distributeur Christal Films a déclaré faillite, ce qui a eu pour effet de retarder la sortie de certains films, dont Cadavres, d’Érik Canuel, que l’on a cru condamné à ramasser la poussière sur les tablettes – heureusement, 27 titres du catalogue de Christal ont été achetés par les Films Séville. À la suite des coupures du gouvernement Harper, l’INIS a également vu sa survie mise en péril. Cependant, l’année se termine sur une note positive grâce à "l’opération chocolat" qui invite les cinéphiles à soutenir l’INIS en se procurant à cette adresse (inis.qc.ca/chocolat) du chocolat Geneviève Grandbois aux couleurs de l’INIS.

En 2008, seulement quatre films ont franchi le cap du million, soit Cruising Bar 2, de Robert Ménard et Michel Côté, Dans une galaxie près de chez vous 2, de Philippe Gagnon, Borderline, de Lyne Charlebois, et Babine de Luc Picard. Les deux premiers cas nous laissent croire que le public québécois préfère se cantonner dans une zone de confort en allant voir la suite d’un des films les plus populaires des années 80 et celle d’une série-culte apparue dans les années 90. Les seconds, que celui-ci est prêt à embrasser une oeuvre coup de poing portée par la plume audacieuse et bien d’aujourd’hui de Marie-Sissi Labrèche et un film célébrant le bon vieux temps revisité par le sens du merveilleux de Fred Pellerin. Les prochaines semaines nous diront quel sort sera réservé à Claude Meunier et son Grand départ

Certes, ce n’est pas une année pour se péter les bretelles en pensant aux chiffres récoltés par notre cinéma – Le Cas Roberge de Raphaël Malo et Le Banquet de Sébastien Rose ont lamentablement échoué en dépit de campagnes de promotion tapageuses. Pourtant, lorsqu’on oublie ces fameux chiffres et que l’on se concentre sur les films, on se rend compte que le cinéma québécois ne se porte pas si mal que l’on veut bien nous le faire croire.

On n’a qu’à penser à la première réalisation d’Yves Christian Fournier, Tout est parfait, qui a récolté moult éloges à travers le monde, au premier long métrage de fiction de Benoît Pilon, Ce qu’il faut pour vivre, choisi pour représenter le Canada dans la course à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Et que dire des trois films sur l’enfance de Léa Pool (Maman est chez le coiffeur), de Francis Leclerc (Un été sans point ni coup sûr) et de Philippe Falardeau (C’est pas moi, je le jure!)? Et de Next Floor, le court métrage de Denis Villeneuve, qui a fait le tour des festivals les plus prestigieux après avoir débuté sa carrière à Cannes? Et d’Elle veut le chaos de Denis Côté, qui a récolté un deuxième prix à Locarno?

C’est la crise, me direz-vous, alors on s’inquiète déjà de ce que l’avenir réserve à Dédé à travers les brumes de Jean-Philippe Duval et à Polytechnique de Denis Villeneuve, deux des films les plus attendus en 2009. Mais n’est-ce pas en temps de crise que l’on a encore plus besoin de s’évader au cinéma?

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TOP 5 QUÉBEC

1. TOUT EST PARFAIT D’YVES CHRISTIAN FOURNIER

Un sujet douloureux rendu de façon lumineuse, en faisant un usage remarquable des diverses possibilités du cinéma. (K.L.)

2. CE QU’IL FAUT POUR VIVRE DE BENOÎT PILON

Un magnifique hymne à la noblesse des Inuits défendu par le charismatique Natar Ungalaaq. (M.D.)

3. LE BANQUET DE SÉBASTIEN ROSE

Une critique d’une insolente pertinence du droit à l’éducation dominée par Alexis Martin. (M.D.)

4. BABINE DE LUC PICARD

L’univers merveilleux de Fred Pellerin prend vie à l’écran grâce à une mise en scène inventive et une distribution extraordinaire. (K.L.)

5. BORDERLINE DE LYNE CHARLEBOIS

Isabelle Blais, Sylvie Drapeau et Angèle Coutu brillent dans cette saisissante adaptation des romans de Marie-Sissi Labrèche. (M.D.)

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TOP 5 INTERNATIONAL

1. UN CONTE DE NOËL D’ARNAUD DESPLECHIN

Une formidable ode à la famille avec l’impériale Catherine Deneuve et le sublime Mathieu Amalric. (M.D.)

2. SERAPHINE DE MARTIN PROVOST

Une oeuvre portée par la grâce où Yolande Moreau trouve le rôle de sa vie. (M.D.)

3. MILK DE GUS VAN SANT

Un hommage émouvant et inspirant au premier politicien américain ouvertement homosexuel, brillamment joué par Sean Penn. (K.L.)

4. ENTRE LES MURS DE LAURENT CANTET

Une vivante et désarmante incursion dans une école secondaire ayant mérité la Palme d’Or. (M.D.)

5. THE DARK KNIGHT DE CHRISTOPHER NOLAN

Un conte moral ambitieux et complexe, qui carbure autant aux idées provocantes qu’à l’adrénaline. (K.L.)