Kino : Génération Kino
Depuis 10 ans, Kino "fait bien avec rien, fait mieux avec peu et le fait maintenant". Le point avec Christian Laurence et Jules Saulnier.
Le 1er février 1999 est une date historique pour Christian Laurence, l’un des fondateurs du mouvement Kino. Inspiré par le Grand Théâtre Émotif, dont le projet Ébranlements consistait à présenter un nouveau spectacle chaque mois dans un endroit différent durant un an, celui qui terminait ses études en communication à l’UQÀM lançait le défi d’adapter la formule au court métrage.
Loin de lui l’idée que 10 ans après cette première soirée à la Taverne Saint-Jacques, une cinquantaine de cellules Kino seraient apparues sur la planète ("dans des villes de taille moyenne comme Lyon, Adélaïde, Madison, Hambourg, etc.", précise-t-il), qu’un millier de kinoïtes seraient nés de la cellule montréalaise et que pas moins de 5000 kinos auraient été tournés à travers le monde.
"Il y a 10 ans, se souvient Christian Laurence, Ex-Centris n’existait pas… c’est incroyable, on aura duré plus longtemps que le cinéma à Ex-Centris! La grosse affaire à l’époque, c’était Dogme 95; aujourd’hui, les kinos sont de meilleure qualité que ces films-là. Notre génération n’a pas de complexes, nous n’avons pas besoin de la bénédiction de nos aînés."
Ayant déménagé leurs pénates au Théâtre Plaza puis au Lion d’Or, les soirées mensuelles Kino sont toujours aussi populaires, mais comment préserver la flamme? "Je suis arrivé il y a cinq ans, explique Jules Saulnier. En ce moment, nous mettons plus d’efforts à injecter de la nouvelle énergie, à trouver de nouvelles idées, car la formule soirée mensuelle a fait son temps et le monde s’y sent un peu trop à l’aise. Nous essayons donc de ramener le côté un peu plus spontané, ludique, afin que le monde produise des trucs qui sortent de l’ordinaire."
Snobé à une certaine époque par le milieu cinématographique qui y voyait l’apologie du cinéma à petit budget, le mouvement Kino est aujourd’hui reconnu par des professeurs de cinéma qui le recommandent à leurs étudiants: "Notre nom est mieux installé que depuis quatre ou cinq ans", assure Saulnier.
Mais qu’est-ce qui rend donc Kino si unique? "En technologie, tout tend vers l’individualisme, on peut faire des films avec son iPhone, affirme Christian Laurence. Kino, qui est l’anti-YouTube, a continué d’être une communauté, une rencontre sociale, humaine. Contrairement aux écoles et aux institutions, Kino peut accueillir énormément de monde parce que la formule est super-légère."
Jules Saulnier poursuit: "Ce que Kino a préservé d’unique aussi, c’est le lien direct avec le public. Des échanges comme ceux-là, on ne retrouve pas ça ailleurs. Ce que l’on doit garder vivant à Kino, c’est cet esprit de communauté et le rapport avec le public."
Avec un succès qui ne se dément pas depuis 10 ans, que peut-on aussi souhaiter à Kino? "Notre plus grand désir, c’est qu’il y ait un volet autre que la diffusion. Avec Atelier K, on a commencé à toucher à la production; c’est sûr que nous aimerions que ça devienne concret, mais pour cela, nous aurons besoin d’un peu plus de moyens. Ce serait bien que Kino puisse produire un court métrage par année", conclut Jules Saulnier.
KINO 010
Afin de souligner en grand ses 10 ans, Kino invite kinoïtes et kinophiles à venir voir de nouveaux kinos et des kinos ayant marqué son histoire, dont celui diffusé le 1er février 1999, le vendredi 6 février, à la SAT (1195, boulevard Saint-Laurent). On promet plusieurs invités et surprises… Prix d’entrée: 10 $. Les portes ouvrent à 21 h; la projection débute à 22 h. La soirée se poursuit sur la piste de danse avec D.J. et V.J.
Aussi, les Rendez-vous du cinéma québécois accueilleront le 19 février Christian Laurence, qui présentera une rétrospective de ses courts métrages, et proposeront le 26 février une Soirée spéciale Kino Remix. Également, un Kino Kabaret se tiendra pour la première fois au Festival Regard sur le court métrage au Saguenay (du 11 au 15 mars). Enfin, un DVD Kino paraîtra au printemps. Pour tout savoir: www.kino00.com.