Sagan : Les copains d'abord
Cinéma

Sagan : Les copains d’abord

Sagan, de Diane Kurys, retrace la vie de celle qui devint célèbre à 18 ans grâce à Bonjour tristesse.

Avec la parution récente de livres consacrés à Françoise Sagan (Sagan à toute allure et Un amour de Sagan), nul doute que l’oeuvre du "charmant petit monstre", décédé à 69 ans en 2004, ne tombera pas de sitôt dans l’oubli. Hélas, on aurait voulu en dire autant du biopic touffu et trop sage que lui consacre Diane Kurys.

À sa défense, il faut toutefois révéler que Sagan est en fait un condensé de moins de deux heures d’une télé-série de deux épisodes d’une heure et demie. Le coupable? Nul autre que Luc Besson, qui en possède les droits pour le grand écran. Voilà, c’est dit.

Aux admirateurs de la Sagan née Quoirez, il faut aussi dire que Kurys, dont on sent le respect et la fascination qu’elle lui porte, a pris quelques libertés avec la réalité et la chronologie des événements. Bah, faut-il vraiment s’en offusquer? Après tout, la petite-bourgeoise qui emprunta son pseudonyme du côté de chez Proust s’embrouillait parfois avec les dates, quand elle n’embellissait pas ses souvenirs. Et puis, son fils Denis Westhoff (Alexis Michalik) n’a-t-il pas donné sa bénédiction à Kurys en devenant son conseiller artistique?

Racontée de façon linéaire en flash-back, la vie de Françoise Sagan, tombeuse d’hommes et de femmes, claqueuse de fric, joueuse impénitente, toxicomane et amante de la vitesse et des voitures de luxe, apparaît comme un tourbillon festif dont on sort non étourdi mais plutôt sur son appétit.

Serait-ce la légèreté apparente des personnages qui fait de Sagan un film superficiel? Personnage de cinéma en soi, l’intello libertine reste de toute évidence insaisissable pour la réalisatrice qui rêva de lui confier le scénario des Enfants du siècle.

Plus distrayants qu’émouvants, presque caricaturaux, les interprètes de la bande à Sagan, solitaire ne supportant pas la solitude, dont Pierre Palmade (son confident Jacques Chazot), Lionel Abelanski (son âme soeur Bernard Frank) et Jeanne Balibar (sa conjointe Peggy Roche), prêtent main-forte à l’actrice qui donne corps et âme à la scandaleuse femme de lettres.

Silhouette gracile, mèche blonde voilant un regard pénétrant, débit saccadé unique, Sylvie Testud incarne à la perfection celle qui alimenta la presse people. En fait, elle ressemble tant à la romancière que, par moments, on veut se pincer tant on croirait être victime d’hallucination.

À voir si vous aimez /
Avec mon meilleur souvenir de Françoise Sagan, Sagan à toute allure de Marie-Dominique Lelièvre, Un amour de Sagan d’Annick Geille