Vicky Cristina Barcelona : Deux Américaines et le continent
Cinéma

Vicky Cristina Barcelona : Deux Américaines et le continent

Dans Vicky Cristina Barcelona, de Woody Allen, le séduisant Javier Bardem a trois ravissantes femmes sur les bras.

Ah! Ce coquin de Woody Allen! Maintenant qu’il n’a vraiment plus l’âge de jouer les jolis coeurs – et même lorsqu’il l’avait, il n’en a jamais eu le physique de l’emploi -, le voilà qui se projette à travers le personnage d’un ténébreux peintre espagnol tombeur de femmes qu’incarne avec panache et sensualité le plus que sexy Javier Bardem. À lui seul, le premier plan où on le voit vêtu d’une chemise rouge adossé à une colonne est un moment d’anthologie.

Campé à Barcelone, une oeuvre d’art à ciel ouvert bien plus qu’une ville, Vicky Cristina Barcelona est une comédie romantique pétillante où ce bon vieux Woody se livre à une légère étude de caractères en illustrant avec bonne humeur et une certaine pudeur – ne vous fiez pas à la bande annonce qui se veut sulfureuse – ses fantasmes de septuagénaire en s’attachant aux tribulations de deux Américaines.

La première, Vicky (la Britannique Rebecca Hall, attachante et convaincante), sur le point d’épouser un ennuyeux jeune homme d’affaires, est dans la capitale catalane afin d’y terminer une thèse sur l’architecte Gaudi. La seconde, Cristina (Scarlett Johansson, plastique), est assoiffée de nouvelles expériences et de sensations.

Leur rencontre avec Juan Antonio (Bardem) viendra bouleverser momentanément leurs vacances et leur existence. Le tout se corsera à l’entrée en scène de l’ex du peintre, l’hystérique Maria Elena qu’incarne la magnifique Penélope Cruz, qui trouve enfin un rôle à la hauteur de son talent dans un film américain. Exit les rôles de potiche exotique à la Women on Top! D’ailleurs, à la voir si investie et intense dans ce rôle aux côtés de la mièvre et indolente Scarlett, on se demande qu’est-ce qu’Allen attend pour congédier l’Américaine et faire de l’enchanteresse espagnole sa nouvelle muse. Qu’en penserait toutefois Almodovar?

Si Vicky Cristina Barcelona ne s’inscrit pas dans la liste des grandes oeuvres du réalisateur d’Annie Hall, force est d’admettre que pour une comédie romantique, celle-ci s’éloigne des bluettes insignifiantes dont on nous bombarde semaine après semaine. Truffée de répliques tantôt spirituelles, tantôt assassines (en anglais comme en espagnol), cette jolie carte postale ensoleillée d’Allen réconcilie momentanément avec ce genre si prisé par les femmes mais si maltraité par Hollywood.

À voir si vous aimez /
L’Auberge espagnole de Cédric Klapisch, A Midsummer Night’s Sex Comedy et Everyone Says I Love You de Woody Allen