Wendy and Lucy : Chacun cherche son chien
Cinéma

Wendy and Lucy : Chacun cherche son chien

Dans Wendy and Lucy, de Kelly Reichardt, Michelle Williams incarne une itinérante à la recherche de sa chienne égarée.

En marge des grosses productions hollywoodiennes, les courants cinématographiques aspirant à davantage d’intimité et à moins d’artifices se succèdent depuis des décennies, du néoréalisme italien aux films des Dardenne en passant par le Dogme 95. Une caméra quasi-documentaire, des décors naturels, peu ou pas de musique, un récit et des dialogues minimalistes, une interprétation sobre des comédiens… Tous ces éléments sont en évidence dans Wendy and Lucy, le troisième long métrage de la cinéaste indépendante américaine Kelly Reichardt (River of Grass et Old Joy, inédits au Québec).

Dans cette adaptation de la nouvelle Train Choir de Jon Raymond, qu’on pourrait décrire comme une version épurée d’Into the Wild, Michelle Williams incarne Wendy, une jeune femme qui quitte sa famille dans le but de se rendre en Alaska, pour des raisons qui ne sont jamais ouvertement déclinées. Qu’importe, au moment où on la rencontre, alors que son périple est bloqué dans une ville quelconque de l’Oregon à cause de sa voiture qui ne démarre plus, ses présumés rêves de liberté semblent s’être évaporés, remplacés par un simple instinct de survie. Rongée par l’incertitude et la solitude, Wendy n’a que sa chienne Lucy pour compagne, et lorsque cette dernière disparaît, la retrouver devient sa seule préoccupation.

Une fille qui cherche son chien, c’est assez mince comme intrigue, même pour un film qui ne dure que 75 minutes. Kelly Reichardt parvient tout de même à capter notre attention avec les petits moments de grâce ou de détresse qu’elle capture, la délicate beauté des images et le remarquable travail sur le son, les bruits de l’autoroute et de la voie ferrée qui encerclent la ville où se déroule le récit devenant pratiquement un personnage en soi.

Enfin, il y a Michelle Williams, actrice sous-estimée s’il en est une. Pourtant, même du temps où elle jouait dans Dawson’s Creek, on dénotait des nuances inattendues dans son jeu, et ces dernières années, elle a fait bonne figure dans de petits rôles, comme dans Brokeback Mountain et I’m Not There. Avec Wendy and Lucy, où elle est de presque tous les plans et fait toujours preuve d’une grande justesse émotionnelle, espérons que son talent sera enfin reconnu à sa juste valeur.

À voir si vous aimez /
Umberto D. de Vittorio de Sica, Sans toit ni loi d’Agnès Varda, Rosetta des frères Dardenne