Coraline : Double vie
Dans Coraline, de Henry Selick, Neil Gaiman voit sa jeune héroïne prendre vie en 3D.
Fort du succès de l’adaptation récente de son roman Stardust par Matthew Vaughn et de l’extravagante épopée 3D Beowulf de Robert Zemeckis, qu’il a scénarisée avec Roger Avary, Neil Gaiman (Good Omens, coécrit avec Terry Pratchett, Sandman, American Gods, pour lequel il a reçu le prix Hugo de la fantasy, de même que le prochain Batman) ne cache pas que les choses sont maintenant plus faciles pour lui.
"Henry Selick devait assister à toutes les réunions pour Coraline alors que je n’avais qu’à avoir foi en lui, se souvient l’auteur, rencontré lors de sa tournée au Canada. Henry, c’est le genre de génie qui travaille mieux loin d’Hollywood. Il s’est donc installé en Oregon pour 20 mois au cours desquels il a pu convaincre des producteurs d’investir de 60 à 70 millions de dollars. Le reste s’est fait tout seul."
En fait, le reste s’est fait sur une période de plus de 20 mois, suivant un long et minutieux processus où chaque pli des vêtements des marionnettes, chaque brin d’herbe devait être saisi image par image. Plus clairement, Selick et son équipe d’animation ont réinventé la stéréoscopie, procédé où deux images sont positionnées de façon à ce que chaque oeil voit celles-ci séparément, créant ainsi une illusion de profondeur. Conçue en 1840, cette technique presque aussi vieille que la photographie atteint son plein potentiel dans le film Coraline.
"La nouveauté avec Coraline, ce n’est pas d’avoir une image 3D projetant des objets au public, mais plutôt une image définissant l’espace et comment celui-ci est occupé."
Pourtant, peu importe la qualité de l’adaptation cinématographique, n’y a-t-il pas quelque chose de doux-amer pour le lecteur que de voir une histoire ayant pris vie dans son esprit figée dans le temps à l’écran selon la vision d’un autre?
"C’est la Coraline de Henry Selick et je pense qu’il s’agit du film 3D en stop motion le plus cool jamais fait, qu’il est simplement merveilleux et que les gens l’aimeront très longtemps… Je ne suis vraiment pas du genre à dire "c’est Coraline pour toujours et c’est la seule Coraline pour toujours". Une histoire demeure une histoire et l’on doit en changer la forme d’un support à l’autre."
Gaiman conclut: "Un roman de 600 pages n’est pas un film de 2 heures, une pièce de théâtre n’est pas une bédé, une bédé n’est pas un poème épique… il faut évaluer quelles sont les forces et les faiblesses qui feront en sorte que le récit fonctionne… Je ne me demande jamais si je vais faire des films 3D en stéréoscopie, mais plutôt si je vais raconter des histoires."
À voir si vous aimez /
Sandman de Neil Gaiman, The Nightmare Before Christmas de Henry Selick, Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll
Neil Gaiman sera parmi les invités d’honneur du 67e Congrès mondial de science-fiction, qui se déroulera du 6 au 10 août 2009 au Palais des congrès de Montréal. Info: www.anticipationsf.ca.
CORALINE
Négligée par ses parents (Teri Hatcher / Geneviève Brouillette et John Hodgman / Jean-Michel Anctil) lors de leur déménagement dans une petite ville de l’Oregon, la jeune Coraline (Dakota Fanning / Catherine Brunet) découvre un appartement semblable au sien derrière une porte condamnée. Elle y rencontre sa mère, qui fait tout pour lui plaire, lui cuisine de bons petits plats… mais peut-être voudra-t-elle aussi manger son âme et lui coudre des boutons sur les yeux.
Coraline est l’un des plus beaux films pour enfants de tous les temps et, de toute évidence, le plus tridimensionnel! Tourné à l’aide d’un nouveau procédé stéréoscopique et réalisé avec les images en stop motion de Henry Selick, l’ensemble doit cependant beaucoup de son étrange attrait au récit de Neil Gaiman.