Versailles : De l'autre côté du miroir
Cinéma

Versailles : De l’autre côté du miroir

Dans Versailles, le réalisateur Pierre Schoeller pose son objectif sur les marges de la société. Une tranche de cinéma touchant et humain…

Lorsqu’on lui fait remarquer que, bien qu’il s’agisse de son premier long métrage, Versailles possède la facture d’une oeuvre de vieux pro, Pierre Schoeller répond en souriant que c’est parce qu’il s’était entouré "de collaborateurs expérimentés pour assurer les arrières".

Avec le recul, le cinéaste se rend compte qu’il avait placé la barre très haut même s’il savait qu’il ne pourrait atteindre tous ses objectifs: "Je voulais faire les choses en grand. Pas forcément en termes de budget, mais de structure cinématographique. L’histoire se développe sur plusieurs années, il y a plusieurs milieux, il y a une thématique qui n’arrête pas de rebondir…"

Au coeur de ce drame réunissant une galerie de personnages vivant sur l’accotement de la société, l’abandon d’un enfant par sa mère… "Est-ce que vous avez ressenti l’abandon d’un enfant dans l’histoire? réplique le réalisateur. C’est plutôt le retrait d’une mère. Retrait qui est aussi une parenthèse, parce que c’est inscrit dès le début qu’elle va revenir."

La chose est présentée sans état d’âme. On montre, mais sans rendre une sentence définitive: "Je crois que si vous portez trop de jugements, vous filmez votre jugement et vous ne filmez plus les personnages. Or, ce sont eux qui m’intéressent avant tout."

Dans sa façon de les présenter, ces personnages, l’auteur se fait volontairement elliptique: "C’est comme ça que j’aime le cinéma. Ça vous déstabilise, comme spectateur, en même temps que ça vous attache, car il y a des secrets. Mais c’est toujours le personnage qui fait avancer l’histoire. L’enfant revient. Il force les portes du pavillon. La mère laisse le fils, etc. Tout est construit comme ça. C’est très important, pour moi, de voir des personnages agissant."

Pour camper ces êtres agissant, Pierre Schoeller a pu compter sur un casting éclatant. Le petit Max Baissette de Malglaive, mignon et malin, a été choisi parmi plus de 500 enfants. "Il a un regard très beau, c’est une très belle personne", dit le cinéaste. À ses côtés, dans le rôle du père accidentel, Guillaume Depardieu, disparu tragiquement l’automne dernier. Pierre Schoeller, ému, dira du comédien que "c’était quelqu’un de rare et qui, je crois, avait encore beaucoup de choses à faire. Sa sortie de scène est dure…"

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