Comme les autres : Horloge biologique
Dans Comme les autres, de Vincent Garenq, Lambert Wilson incarne un pédiatre qui veut devenir papa à tout prix.
Pédiatre dans la jeune quarantaine, Emmanuel (le jeune quinquagénaire Lambert Wilson) souhaite ardemment devenir père. Ne voulant rien savoir de la paternité, son conjoint Philippe (Pascal Elbé) prend ses jambes à son cou. Devant le refus de devenir mère porteuse de sa meilleure amie célibataire (Anne Brochet), Emmanuel contracte alors un mariage blanc avec une ravissante Argentine sans visa (Pilar López de Ayala).
Rencontré à Paris, Lambert Wilson avoue qu’il n’a pas hésité à accepter de jouer dans Comme les autres: "Je trouvais le film juste sur ce qu’il décrivait. De façon très égoïste, je dirais que c’est un rôle génial; je veux dire que rares sont les rôles qui permettent de jouer autant de choses. Souvent, on me propose de jouer le méchant de service dans des films d’ensemble, mais là, j’ai trouvé que c’était un personnage très humain, moderne, réel, engagé dans la société."
L’idée du film est venue à Vincent Garenq il y a une dizaine d’années alors qu’un ami homosexuel tentait de devenir père. "Vincent Garenq est un père de famille qui a un regard un peu à la Frank Capra sur l’humanité, explique Wilson à qui l’on proposa ce rôle à bord d’un petit avion entre Toronto et Winnipeg alors qu’il tournait dans un film américain. Il pense que l’on peut réhabiliter tous les hommes, il a une vision "optimisante" des problèmes de l’humanité. Donc, je trouvais que c’était en même temps complexe, que ça touchait à plein d’aspects des relations entre hommes et femmes, et entre hommes et hommes. Par exemple, les côtés négatifs de la société, la répression normalement exercée par la société ou la figure parentale, sont exprimés à travers plusieurs personnages qui sont très proches de lui, notamment son amoureux et sa soeur."
Interrogé sur ce que son personnage aura traversé pour atteindre ses objectifs, l’acteur poursuit: "Il faut être vraiment tenace. Il est vrai que les homosexuels sont obligés de cacher leur partenaire. J’ai un couple d’amis qui ont adopté trois enfants et ils ont complètement donné leur approbation au scénario. En tant que photographie d’une certaine situation en France en 2008, c’est juste, à ceci près qu’une assistante sociale ne pourrait pas demander s’il est homosexuel depuis que Bertrand Delanoë est maire de Paris."
À propos de la France, il affirme: "La France s’est fait un petit peu réprimander par le reste de l’Europe parce qu’elle est très en retard au sujet du mariage homosexuel et de leur droit à l’adoption. On est le mauvais élève au pays des droits de l’Homme et en même temps, on se fait dépasser par des pays plus catholiques comme l’Espagne. Je pense que c’est un sujet qu’on aime bien oublier, qui gêne les hommes, les politiciens. C’est comme l’écologie: not in my backyard."
Quant à savoir si le film contribuera à changer le monde, Wilson conclut: "Au départ, ce n’était pas un film militant, c’était destiné à être un divertissement. Il suffit d’étudier le parcours de Brokeback Mountain pour voir que les mentalités ont évolué grâce à ce film. Lorsqu’on tourne, on se concentre sur ce qu’on raconte, mais il est évident qu’on ose espérer que les mentalités pourront changer."
Les frais du voyage à Paris ont été payés par Unifrance.
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COMME LES AUTRES
Destiné de toute évidence au grand public, Comme les autres de Vincent Garenq aborde de façon bien sage mais sincère un sujet encore trop peu traité au cinéma. Hélas, Garenq, qui signe une réalisation fonctionnelle mais impersonnelle, le fait en s’embarrassant de sous-intrigues qui ne font qu’étourdir le spectateur et faire paraître le récit principal négligeable. Ainsi, les problèmes d’immigration de la mère porteuse (Pilar López de Ayala) et, pis encore, son amour impossible pour le personnage central ne font que plomber ce qui s’annonçait comme une légère comédie de moeurs. Qui plus est, alors que le couple homosexuel, campé solidement par Lambert Wilson et Pascal Elbé, échappe aux clichés de la grande fofolle, la pauvre Anne Brochet se retrouve à jouer une triste caricature de trentenaire aux prises avec son horloge biologique à qui l’on fait dire des horreurs.