Panorama: Seeking Voïvod : Regard sur Voïvod
Le film Panorama: Seeking Voïvod, de Jean-Marc E. Roy et Joël Martel, prend l’affiche au festival Regard sur le court métrage au Saguenay. Bref tour d’horizon…
C’est une histoire un peu folle que celle du film Panorama: Seeking Voïvod, scénarisé par Jean-Marc E. Roy et Joël Martel. Une histoire de portes qui s’ouvrent là où on s’y attendait le moins et de réalisations pas loin d’être spectaculaires pour le duo, qui se sera surpris tout au long du processus de création de l’accueil qui était réservé à son oeuvre.
Les premières collaborations de Roy et Martel remontent à la production de quelques films courts dans le cadre de 3reg, un mouvement de création sous contraintes dont Roy est d’ailleurs cofondateur. Cette pratique artistique intensive (une oeuvre toutes les deux semaines) leur aura permis non seulement de développer une complicité inébranlable, mais aussi d’établir les bases d’une réflexion sur l’intrication du réel et de la fiction, qu’on sent très présente dans Panorama. Ainsi est né le désir d’aller plus loin.
Après avoir tenté d’accoucher de différents concepts, passant des complots au sein du milieu du cinéma jusqu’à l’idée de faire un documentaire absurde sur l’obsolète formation Paparazzi, l’idée aura surgi comme une illumination, alors que Roy travaillait dans l’ambiance feutrée d’une clinique de massothérapie. "Quand tu plies des serviettes pendant deux heures, il faut que tu aies une crisse de bonne toune dans la tête ou que tu penses à autre chose. C’est ce qui est arrivé. J’ai eu le flash. Ce soir-là, j’ai pitonné à peu près 500 mots sur mon téléphone…"
Au départ, Martel avoue qu’il ne croyait pas tellement aux chances de réussite de leur entreprise: "J’avais dit à Jean-Marc: "On le fait pour dire qu’on l’a fait." On ne restera jamais avec un regret…"
PAS D’INTOUCHABLES
C’est un peu grâce à André Forcier si Panorama: Seeking Voïvod a pris cette forme. Roy, qui a travaillé près de quatre mois avec le cinéaste sur Je me souviens, aura appris beaucoup à son contact. C’est d’ailleurs Forcier qui lui a fait comprendre que personne n’est inaccessible ou intouchable. Une leçon qui a porté ses fruits, constate-t-on en regardant les noms de ceux qui ont été invités sur le plateau…
Après avoir reçu sa première subvention, Roy, qui a littéralement Voïvod dans la peau, a fait une importante prise de conscience. "Il faut en parler aux gars de Voïvod, on est rendus là. Alors on prend rendez-vous autour d’une table de pichets. Snake arrive, imposant… Il ne me dit pas un mot, il vient s’asseoir, se verse une bière. "Comme ça, vous voulez faire un film sur Voïvod…" Je n’étais pas gros dans mes shorts… Mais j’ai mis les choses tout de suite au clair: "On ne fait pas un film pour les fans. On n’ira pas fouiller dans vos bobettes, vos fans connaissent plus votre vie que vous autres. On fait un film pour le circuit des festivals, et on veut que vous soyez complices."" Peu à peu, les principaux intéressés se seront laissé convaincre.
C’est ainsi qu’avec l’aval de la formation métal jonquiéroise, et crédibilisés par les subventions qui leur ont été accordées, les deux comparses ont continué de faire avancer leur projet, s’alliant un à un les Stéphane Crête, Louis Champagne, Paul Sarrasin, Denis Côté, Lucien Francoeur…
TOUTE LA VÉRITÉ?
Dans cette entreprise filmique, personne n’a juré de dire toute la vérité. Jonglant avec le réel et la fiction, Roy et Martel dressent non seulement le panorama de la carrière d’un groupe culte, mais jettent aussi un regard lucide et critique sur le milieu du cinéma – voire celui de la culture. Dans la peau de deux personnages qui leur ressemblent étrangement – et pourtant pas tant que ça -, ils vont à la rencontre de Voïvod en goûtant aux affres de l’industrie du film, incarnée par un producteur particulièrement détestable (Louis Champagne).
Qu’est-ce qui est réel? Qu’est-ce qui ne l’est pas? Devant l’adresse avec laquelle ils piègent les spectateurs, difficile de départager le vrai du faux… même en entrevue.
À voir si vous aimez /
Voïvod, Le Cas Roberge, Tout sur moi