Sélection de films présentés au FFO : Brèves cinéma 2009-03-12
Le Festival du film de l’Outaouais présente, du 12 au 20 mars, un éventail d’oeuvres cinématographiques allant du court au long métrage, de la fiction au documentaire, en passant par l’animation. En voici une sélection.
BOSTA
Croisement par moments laborieux mais néanmoins festif entre le road movie et la comédie musicale à saveur sociale, Bosta de Philippe Aractingi nous entraîne sur les routes du Liban, où défilent plusieurs édifices portant les traces de la guerre de 1975, à bord d’un vieux bus en compagnie d’une troupe de jeunes danseurs de dabké. Grâce à son attachante galerie de personnages colorés, telles cette rigolote enrobée (Liliane Nemri), cette diva rousse (Nada Abou Farhat) et cette discrète ténébreuse (Nadine Labaki, Caramel), Bosta séduit par sa bonne humeur et la légèreté avec laquelle il aborde les sujets graves et se moque de la manipulation des médias. Si l’ensemble paraît parfois brouillon, force est de constater que le courant passe de l’écran au spectateur, qui n’aura d’autre envie que de taper du pied ou de se laisser emporter par ces airs arabisants nappés de sauce techno. 13 et 18 mars (M. Dumais)
SÉRAPHINE
Dans Séraphine, Yolande Moreau incarne avec une extraordinaire générosité un personnage qui évoque tour à tour la domestique d’Un coeur simple de Flaubert, Camille Claudel et Van Gogh. Connue des connaisseurs d’art sous le nom de Séraphine de Senlis, cette peintre naïve fut découverte par hasard par le collectionneur allemand Wilhelm Uhde (Ulrich Tukur), alors qu’elle était femme de ménage peu avant la Première Guerre mondiale. Travaillant surtout la nuit, cette peintre mystique – elle a toujours prétendu que c’était son ange gardien qui lui avait ordonné de peindre – créa des toiles florales aux tonalités sombres et d’une sensualité inquiétante. Sans jamais sombrer dans le misérabilisme ou le pathos, le réalisateur Martin Prévost redonne à cette artiste méconnue toute la dignité et le respect dont elle fut privée. 13 et 17 mars (M. Dumais)
CE QU’IL FAUT POUR VIVRE
S’inspirant du sort réservé aux Inuits atteints de tuberculose dans les années 40 et 50, Bernard Émond signe un scénario où le superflu et les clichés n’ont pas leur place. Ainsi évoluent autour de Tivii (charismatique Nataar Ungalaaq), qui se laissera d’abord dépérir au contact des Blancs, tels que l’infirmière Carole (Éveline Gélinas) et le jeune patient Joseph (Vincent-Guillaume Otis). En harmonie avec le récit de cet Inuk arraché à sa famille et à ses espaces pour être soigné dans un sanatorium de Québec, Benoît Pilon a su imposer un rythme lent et méditatif, lequel fait admirablement écho aux films de Zacharias Kunuk imitant la vie du Grand Nord. Ponctué de superbes images de paysages nordiques signées Michel La Veaux, et bercé par la subtile musique de Robert Marcel Lepage, Ce qu’il faut pour vivre s’avère une magnifique ode à la noblesse des Inuits doublée d’une fine réflexion sur la transmission et la filiation. 16 et 18 mars (M. Dumais)
GOMORRA
Basé sur le best-seller de Roberto Saviano, qui ne peut plus se déplacer sans ses gardes du corps depuis la publication de son livre, Gomorra de Matteo Garrone parle d’une famille pas ordinaire: la Camorra, plus grande organisation criminelle de l’Europe fortement implantée dans les milieux pauvres. Se déroulant quelques jours dans cet univers où règne la violence – que le metteur en scène ne cherche pas à styliser ni à glorifier -, Gomorra met en scène des personnages qui donnent froid dans le dos, tels ces deux jeunes truands se prenant pour Scarface. Grand Prix du 61e Festival de Cannes, cette oeuvre chorale fascine par son incursion réaliste dans la mafia napolitaine, mais finit par lasser à force de développer trop d’intrigues à la fois. 13, 16 et 18 mars (M. Dumais)
LA MÉMOIRE DES ANGES
Faisant usage d’extraits et de chutes de tournage de 120 films produits par l’ONF, Luc Bourdon et son monteur Michel Giroux dressent un portrait impressionniste du Montréal des années 1950 et 1960, tel que capturé par des cinéastes comme Gilles Groulx, Hubert Aquin, Gilles Carle, Denys Arcand, Claude Jutra et de nombreux autres au fil des ans. L’assemblage de ces images en couleurs ou en noir et blanc, en 35 ou en 16 mm, tirées de fictions ou de documentaires, est étonnamment homogène, alors que des liens géographiques ou thématiques se tissent entre elles. Exercice un brin académique, La Mémoire des anges comporte néanmoins de véritables moments de grâce, incidemment souvent associés aux chansons du vénérable Raymond Lévesque (Les Trottoirs, À Saint-Henri, Bozo-les-culottes). 14 mars (K. Laforest)
DEMAIN
L’héroïne que nous propose Maxime Giroux n’a rien de flamboyant. Prise entre un père irresponsable (Serge Houle) et un amant indifférent (Guillaume Beauregard, chanteur des Vulgaires Machins pour qui le réalisateur a notamment signé le clip de Compter les corps), Sophie (Eugénie Beaudry) avance dans la vie sur la pointe des pieds, en faisant abnégation de soi. De même, l’univers qu’il dépeint n’a rien de spectaculaire. On pourrait même dire qu’il ne se passe rien dans Demain. Et pourtant, à l’aide d’images et de cadrages soignés, lesquels extirpent de la banalité ambiante un semblant de beauté, Giroux signe par touches délicates un portrait juste et amer d’une génération qui se cherche. 19 mars (M. Dumais)
ELLE VEUT LE CHAOS
Prenant la forme d’un western contemporain et minimaliste, ce troisième long métrage de Denis Côté est ostensiblement à propos d’un pistolero (Laurent Lucas) qui, après avoir purgé une peine de prison, revient rôder autour de son ancienne petite amie (Ève Duranceau), qui vit avec son père (Normand Lévesque) dans un petit patelin au milieu de nulle part où un trio de bandits (Réjean Lefrançois, Olivier Aubin et Nicolas Canuel) font la loi… Une prémisse classique mais, si vous connaissez Côté, vous vous doutez bien qu’il n’est pas du type à se contenter de respecter les codes du genre, préférant clairement détourner les attentes des spectateurs, au risque de laisser certains d’entre eux perplexes. Un brin trop aride et volontairement opaque, Elle veut le chaos demeure néanmoins un impressionnant exercice de style, dont les superbes images en noir et blanc procurent un plaisir esthétique de tous les instants. (K. Laforest)
CE QUE MES YEUX ONT VU
Malgré l’incrédulité de son professeur (Jean-Pierre Marielle, stoïque), une étudiante (Sylvie Testud, très bien) est résolue à percer les secrets des toiles de Watteau. Sa rencontre avec un artiste de la rue sourd-muet (James Thierrée, touchant) sera déterminante. Glacé et soigné, ce premier film de Laurent de Bartillat propose une incursion fascinante dans l’oeuvre de Watteau dont la conclusion se révèle décevante. 15 et 18 mars (M. Dumais)
Consultez l’horaire des films au www.offestival.com