12 : Entre quatre murs
Cinéma

12 : Entre quatre murs

12, de Nikita Mikhalkov, est une transposition exigeante mais hautement maîtrisée du 12 Angry Men de Sidney Lumet.

En 2007, à la 64e Mostra de Venise, le cinéaste et comédien russe Nikita Mikhalkov a reçu un Lion d’argent pour l’ensemble de son oeuvre. Un prix grandement mérité pour le sexagénaire qui nous a notamment donné Soleil trompeur, Anna 6-18 et Urga. Cette année-là, l’homme dévoilait aux festivaliers sa relecture de 12 Angry Men, un film réalisé par Sidney Lumet en 1957, à partir d’une pièce de Reginald Rose.

Un jury doit statuer sur le cas d’un jeune homme accusé du meurtre de son père. Onze des douze jurés le croient coupable, mais le douzième a des doutes et va faire changer d’avis les onze autres. Un par un. L’histoire a inspiré bien des productions théâtrales de par le monde. Cette fois, le huis clos au déroulement implacable revient au cinéma, et pas sous la férule de n’importe qui.

Mikhalkov signe une transposition, bien plus qu’un remake. C’est-à-dire que l’action se déroule de nos jours dans le gymnase d’une école moscovite. Le jeune homme, dont les parents ont été tués durant le conflit meurtrier qui a opposé les Russes aux séparatistes tchétchènes dans les années 90, est cette fois accusé d’avoir tué son père adoptif, un ancien soldat de l’armée russe.

Le film est long. Angoissant. Mais le récit est prenant. Les douze jurés, interprétés par d’excellents acteurs, dont Mikhalkov lui-même, vont se livrer un à un, lever le voile sur une page cruciale de leur existence, un événement qui va leur rappeler que la vérité est souvent extrêmement compliquée à atteindre, mais qu’il est de notre devoir, en tant qu’êtres humains, de la rechercher, désespérément.

Le réalisateur a eu la brillante idée de procéder à des allers-retours entre le gymnase et la cellule où est emprisonné le jeune homme, mais aussi de nous faire voir des moments-clés dans la vie de ce dernier, des scènes d’une horreur guerrière peu commune. Le contraste avec les affrontements très psychologiques qui se déroulent entre les murs du gymnase est très efficace. Dans les dernières minutes du film, les contrepoints sont carrément saisissants.

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