Festival de cinéma des 3 Amériques : De la pellicule sous la dent
Pour ses 10 ans d’existence, le Festival de cinéma des 3 Amériques promet de nous éblouir. Voici trois bijoux dénichés par l’équipe de Voir pour vous mettre l’eau à la bouche.
QUAND L’INDE RENCONTRE LE BLUES
Qu’est-ce que la légende indienne du Râmâyana, l’interprète de jazz des années 20 Annette Hanshaw et une rupture amoureuse ont en commun? Posez la question à Nina Paley! Avec son long métrage d’animation Sita Sings the Blues, la réalisatrice américaine propose un amalgame étonnant d’histoires superposées, où une rupture amoureuse sert de point de départ à l’épopée de la princesse Sita, qui subira le rejet de son mari, le prince Rama. Et c’est à travers les chansons de Hanshaw qu’une Sita rappelant étrangement Betty Boop racontera son histoire, donnant lieu à des collisions culturelles savoureuses. Mélangeant imageries indiennes, dessin impressionniste et esthétique très cartoon, Sita Sings… plaît par sa facture rococo complètement éclatée. À voir sans hésitation. (I. G.-Paradis)
DANS LA PEAU DE TONY MANERO
On s’attend à ce qu’un film tournant autour d’un imitateur du héros de Saturday Night Fever possède un petit côté kitsch plutôt amusant. Et même si Tony Manero de Pablo Larraín se déroule à l’époque où le disco faisait fureur, il y flotte en effet un je-ne-sais-quoi de savoureusement ringard. Cela dit, on est au Chili sous la dictature de Pinochet et notre homme n’hésite pas à tuer pour atteindre ses objectifs. De sorte que cette oeuvre s’avère pour le moins atypique, autant dire intrigante et surprenante. Mais n’allez pas croire à un traitement comique ou spectaculaire; au contraire, l’ensemble demeure très réaliste, ce qui n’est pas sans rehausser l’absurdité de l’éclipse totale d’identité, voire de l’obsession, qu’il met en scène. (J. Ouellet)
VUE SUR LE LAC
Une ville déserte au Mexique. Un adolescent qui écrase sa voiture contre un poteau. Durant une journée, en tentant de réparer cette voiture, le jeune Juan fera plusieurs rencontres qui l’amèneront à accepter un événement marquant de sa vie. Sur une trame toute simple, le jeune réalisateur mexicain Fernando Eimbcke choisit le parti de l’originalité en composant pour son deuxième film une série de tableaux où sa caméra ne bouge (presque) jamais. Ce qui peut sembler un pari audacieux s’avère une décision formelle vraiment réussie qui met en évidence ce qui se trame de façon très subtile à l’écran, où il se passe toujours quelque chose. Dépouillé et presque austère dans les faits, Lake Tahoe s’avère ainsi étonnamment attachant par son ton! (J.-F. Dupont)
… À suivre dans l’édition du 26 mars.
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