Festival international du film sur l’art : Écran total
Le Festival international du film sur l’art ouvre ses salles à tous les curieux du pourquoi et du comment artistique. Aperçu des premiers jours de programmation.
Deux cent quatre-vingts films en provenance d’une trentaine de pays, difficile d’avaler tout ça en dix jours. Il faudra faire des choix, de douloureux choix… La rédaction de Voir vous facilite un peu la tâche en soulignant quelques films particulièrement dignes d’intérêt. De Félix à James Brown, en passant par une incursion dans la tête de Pierre Lapointe ou celle d’Akram Khan, coup d’oeil sur un chapelet de petites fenêtres ouvertes sur les lieux et le moment de la création. (T. Malavoy-Racine)
Cinéma
L’Épine mentale
de Mathieu Bergeron et Yves Martel (Canada)
Les cinéastes Jacques Drouin (Empreintes), Tali (Chez madame Poule), Barry Purves (Rigoletto), Pjotr Sapegin (À travers mes grosses lunettes), Georges Schwizgebel (L’Homme sans ombre) et Raoul Servais (Papillons de nuit) sont au coeur de ce moyen métrage documentaire stylisé qui lève le voile sur les différentes techniques d’animation. Fort de propos généreux, éclairés et parfois surprenants (comprendre la relation de Purves avec ses superbes marionnettes), L’Épine mentale s’avère une incursion fascinante dans cette forme d’expression artistique que trop ont tendance à vouloir restreindre au cinéma pour enfants. Les 20 et 28 mars. (M. Dumais)
Musique
Mutantès, dans la tête de Pierre Lapointe
d’Éric Morin (Canada)
Ce n’est pas tous les jours que le Québec enfante des artistes de la trempe de Pierre Lapointe. Il faut l’admettre, le jeune auteur-compositeur-interprète transforme tout ce qu’il touche en or. Mais tout cela ne se fait pas sans efforts, sans sueur et surtout sans engagement. Cela, le film d’Éric Morin, passionnant de bout en bout, en rend compte avec une originalité peu commune. Prenant pour prétexte la création de Mutantès, un spectacle ambitieux mis en scène par Claude Poissant et chorégraphié par Frédérick Gravel, le réalisateur nous fait voir le monde avec les yeux de l’artiste. Il en résulte un portrait des plus émouvants, plein de cette dérision qui est devenue la marque de commerce du chanteur, mais aussi d’une grande sensibilité. On serait presque tenté de dire qu’il s’agit d’un autoportrait tant le créateur nous guide dans ses souvenirs, ses rêves, ses aspirations, ses paradoxes… Mentionnons que Luc Plamondon et Robert Lepage font de remarquables apparitions. Les 20 et 28 mars. (C. Saint-Pierre)
Arts visuels
Jeff Wall Retrospective
de Michael Blackwood (États-Unis)
Film réalisé lors de la rétrospective Jeff Wall au MoMA de New York, en 2007. Il s’agit d’une visite commentée de cette expo avec l’artiste et le co-commissaire Peter Galassi. Cela démarre avec The Destroyed Room (1978), que Wall considère comme sa première photo. Les commentaires de Wall dépassent souvent le descriptif et l’anecdotique (ce qui n’est pas toujours le cas chez les artistes parlant de leur oeuvre). Il parle de son désir de réaliser des photos avec une "approche cinématographique", mais aussi de ses liens avec l’art de Delacroix, Manet, Hokusai… Les explications ne sont pas nouvelles, mais voici un très bon résumé, de première main, du travail de ce grand artiste. Le 21 mars. (N. Mavrikakis)
Danse
Dangerous Liaisons: When Akram met Juliette
de Clare Lockhart (Royaume-Uni)
Le film de Clare Lockhart, qui a manifestement bénéficié d’un important budget de la part de la BBC, se sert de la collaboration inusitée entre la comédienne Juliette Binoche et le chorégraphe Akram Khan pour dresser un fascinant portrait de ce dernier. Bien entendu, on assiste, avec beaucoup de curiosité, aux répétitions orageuses d’In-I. Lui a de la difficulté à trouver l’acteur en lui, à puiser dans ses blessures personnelles pour jouer. Elle a de la difficulté, ne serait-ce que physiquement, à livrer son corps à la danse. Par moments, le travail est si pénible, la communication si mauvaise que le spectacle pourrait bien ne jamais voir le jour. Puis le film s’écarte des répétitions pour nous donner une idée de la carrière exceptionnelle de Khan. On savait déjà que le danseur britannique d’origine bengali était très doué. En voyant des extraits de ses différentes réalisations, on retient notre souffle tant son art, fusion inédite de kathak indien et de danse contemporaine, est souverain, son exécution, virtuose. Les 21 et 22 mars. (C. Saint-Pierre)
Musique
Félix
de Jean-Claude Labrecque (Canada)
Il y a longtemps que Jean-Claude Labrecque entend consacrer un film à Félix Leclerc, disparu en 1988. On sent bien dans le fruit de cette longue démarche tout l’amour porté à son sujet, qu’on redécouvre, jusqu’à un certain point, Labrecque faisant une large place à des images d’archives ayant peu circulé, révélant un Félix particulièrement jovial et spirituel en entrevue, optimiste, lumineux. Un portrait qui tranche avec les images un peu usées du fou de l’île vieillissant, plutôt taciturne. Malheureusement, les liens et reconstitutions scéniques sont étonnamment scolaires, et leur mauvaise qualité ne peut être imputée uniquement à un budget restreint. Tantôt passionnant, tantôt décevant. Les 21 et 27 mars. (T. Malavoy-Racine)
Musique
Mr. Brown
de Philip Priestley (France)
Les organisateurs du FIFA ont voulu faire écho, cette année, à la récente obamania. Plusieurs titres liés à la culture noire sont au programme, donc, dont cet exquis documentaire sur le parrain du soul. Depuis l’enfance miséreuse d’un gamin abandonné par ses parents, dans la Caroline du Sud des années 1930, jusqu’à l’immense succès des années 1960 et 1970 et aux difficiles années 1980, dont on retient surtout ses arrestations pour possession de drogue ou violence conjugale, on suit l’électrique parcours d’une bête de scène qui n’aura cessé de taper du pied que le jour de sa mort, le 25 décembre 2006. Un portrait assez conventionnel dans sa facture (alternance d’entretiens avec le chanteur et ses proches, images de spectacles, analyse de la trace qu’il a laissée dans l’histoire du rock), mais fort efficace et dont le rythme épouse bien les déhanchements de son explosif sujet. Les 21 et 28 mars. (T. Malavoy-Racine)
Littérature
Ken Follett
de Gerald Fox (Angleterre)
L’équipe du South Bank Show, une populaire émission culturelle britannique, a suivi l’écrivain Ken Follett pendant trois ans alors qu’il travaillait sur Un monde sans fin, la suite des Piliers de la Terre, saga médiévale qui décrivait la construction d’une gigantesque cathédrale. On découvre le formidable travail de recherche historique de l’auteur, nécessaire à l’écriture de son roman, alors qu’il nous fait visiter des sites médiévaux en Angleterre et en France. Ce court télé-documentaire décrit aussi les coulisses du monde de l’édition de best-sellers: les rencontres avec les agents, les équipes de mise en marché, les illustrateurs. Pour les fans. Le 24 mars. (C. Bergeron)
Cinéma
Titón, de La Havane à Guantanamera
de Mirtha Ibarra (Espagne)
Premier long métrage de l’actrice Mirtha Ibarra, qui fut la compagne du cinéaste Tomás Gutiérrez Alea, ce documentaire en révèle tout autant sur l’oeuvre du réalisateur de Fraise et Chocolat que sur l’histoire de Cuba. Outre les témoignages d’amis et de collègues, celui qu’on surnommait Titón se livre à travers une suite d’entrevues données tout au long de sa carrière. Ponctuant l’ensemble, des extraits de ses films choisis judicieusement servent de contrepoint éclairant sur l’évolution du cinéma latino-américain de la fin des années 1960 jusqu’à la sortie de Guantanamera, dernier film de l’artiste décédé en 1996. Le 25 mars. (M. Dumais)
Urbanisme
Shopping à la folie
d’Helene Klodawsky (Canada)
Les centres commerciaux seraient-ils les cathédrales des 20e et 21e siècles? Ils constituent en tout cas, pour bien des gens, citadins ou banlieusards, les principaux lieux de divertissement, de rassemblement, d’évasion et même de communion. Ce film décode l’univers des centres commerciaux, leur histoire, leur avenir et leur impact sur nos sociétés ainsi que sur notre environnement, tout en proposant un tour du monde des malls (Amérique du Nord, Pologne, Japon, Inde, Dubaï). Un documentaire d’autant plus d’actualité que ces mastodontes sont en crise et se vident progressivement de leurs consommateurs depuis le début de la récession. Le 26 mars. (C. Bergeron)
Du 19 au 29 mars
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