Festival international du film sur l'art de Montréal (FIFA) : Mouvements de l'art
Cinéma

Festival international du film sur l’art de Montréal (FIFA) : Mouvements de l’art

Le Festival international du film sur l’art de Montréal se poursuit jusqu’au 29 mars. Voici nos dernières suggestions.

ARTS DE LA SCENE

Wonders Are Many: The Making of Doctor Atomic
de Jon Else (États-Unis)

Au début des années 80, Jon Else signait The Day After Trinity, un documentaire à propos de Robert Oppenheimer, inventeur de la bombe atomique. Avec Wonders Are Many, le réalisateur renoue avec son sujet en nous entraînant dans les coulisses de Doctor Atomic, un opéra de John Adams (compositeur) et Peter Sellars (metteur en scène et librettiste) créé en octobre 2005 à San Francisco. Comment transformer un événement historique extrêmement douloureux en oeuvre d’art? C’est la question délicate et passionnante qui est au coeur de ce film qui fait réfléchir sur la représentation en même temps que sur les armes nucléaires et leur potentiel de destruction massive. Assurément marquant. Le 26 mars. (C. Saint-Pierre)

ARTS VISUELS

Richard Serra: Man of Steel
de Zoe Silver (Royaume-Uni)

Excellent documentaire sur le sculpteur Richard Serra. Le spectateur y apprendra plein de détails (son amitié avec Philip Glass, le suicide de sa mère, son abandon de la peinture après avoir vu Les Ménines de Vélasquez, les conditions de production de ses premières sculptures…). Vous y entendrez d’intelligentes conversations entre l’artiste et le présentateur à la BBC Alan Yentob. Vous y verrez aussi des images de ses plus récentes réalisations au Grand Palais à Paris et à la Galerie Gagosian à Londres. Comme le dit Lynne Cooke (de la Dia Foundation), Serra "a changé notre compréhension de la nature de la sculpture en l’éloignant de l’objet et en réfléchissant à la manière d’occuper l’espace dans le temps". Les 27 et 29 mars. (N. Mavrikakis)

CINEMA

Roger Racine CSC, directeur de la photographie
de Michel Caron (Canada)

Son nom est peu connu, pourtant nombreux sont ceux qui connaissent son oeuvre imposante. Né en 1924, ayant fait ses armes à l’ONF de 1943 à 1949, Roger Racine devint directeur photo à l’époque où le cinéma québécois prenait son essor. C’est ainsi qu’il signa notamment la photo des films Le Gros Bill (1949) et Le Rossignol et les Cloches (1951) de Roger Delacroix, Le Curé de village de Paul Gury (1949) de même que Les Lumières de ma ville (1950) et La Petite Aurore, l’enfant martyre (1951) de Jean-Yves Bigras. En 1964, il fondait les studios Cinéfilms où il est toujours producteur. Un témoignage vivant, éloquent et généreux d’un pilier du cinéma québécois. Le 28 mars. (M. Dumais)

LITTÉRATURE

The Last Station
de Galina Evtushenko (Russie)

La mort de Léon Tolstoï est nimbée de mystère. Génie littéraire admiré de par le monde, l’auteur de Guerre et Paix n’en était pas moins plongé, vers la fin de sa vie, dans une profonde crise existentielle. Comment concilier la richesse et la célébrité avec son désir de se rapprocher de la terre et des gens simples? Comment conjuguer ses ambitions et ses exigences morales? À l’automne 1910, il quitte sa femme et le domaine familial d’Iasnaïa Poliana, en route vers on ne sait quoi. C’est durant cette fuite que, le 7 novembre, la mort l’a rattrapé. Plus précisément dans la petite gare de province d’Astapovo, qui devient le point de départ de ce très riche documentaire, composé de centaines de documents d’archives. Le commentaire a certes un côté un peu aride, hachuré, mais ce n’est pas sans convenir au sujet. Le 29 mars. (T. Malavoy-Racine)

ARTS DE LA SCENE

Peepshow
de Raymond Saint-Jean (Canada)

Ce film est inspiré de la pièce du même titre, un spectacle écrit, mis en scène et interprété par Marie Brassard en 2005. Particulièrement onirique, l’oeuvre puise aux aventures du Petit Chaperon rouge pour aborder les notions d’intimité, d’urbanité, de fidélité… Dans les différents tableaux, il y a toujours des frontières à respecter ou à transgresser, des désirs violents, de sombres passions contre lesquelles se débattre. Grâce à un traitement de la voix, Brassard prête vie aux différents héros de ses histoires. Mais elle a aussi des interlocuteurs (ou serait-ce des doubles?) en chair et en os. Inspiré d’une oeuvre chorégraphique de Louis-Martin Charest, le court-métrage Liberamae, de Marie-Christine Létourneux, est présenté dans le même programme. Le 28 mars. (C. Saint-Pierre)

Professionals: A Never-Ending Pursuit of Beauty
d’Issei Homma (Japon)

Bandô Tamasaburô V est un des acteurs kabuki, l’opéra classique japonais, les plus aimés du Japon. Plus précisément, c’est un onnagata. Il se spécialise dans les rôles féminins. Cet épisode de la série japonaise Professionals suit le travail de cet artiste hors du commun dont la délicatesse, la maîtrise technique et la discipline de fer impressionnent. Un documentaire élogieux sur une pratique artistique d’un autre temps. Le 27 mars. (C. Bergeron)

ARTS VISUELS

Cindy Sherman
de Sabine Willkop (Allemagne)

Cindy Sherman ne donne plus d’entrevues télé depuis longtemps. Sa photographie est donc ici expliquée par d’anciens entretiens et par une courte présentation chronologique. On nous y décrit, avec justesse, comment, pour Sherman, "l’image de la femme est toujours construite, modelée par la politique, l’esprit du temps et bien souvent aussi par les hommes et les médias". Mais vous y entendrez aussi comment sa série commandée par Artforum fut refusée car elle semblait donner une image négative de la femme. Un film intéressant qui n’évite pas quelques clichés. À propos de Sherman, la narratrice se demande: "Qui est-elle vraiment? Et que cherche cette femme au visage changeant?" Vous y entendrez aussi que sa série Sex Pictures "ne compte pas parmi ses oeuvres les plus fortes", sans qu’on apprenne pourquoi… Le 28 mars. (N. Mavrikakis)

CINEMA

Tim Burton
de Suzannah Wander (Royaume-Uni)

Dans ces trois épisodes du South Bank Show, l’animateur Melvyn Bragg s’entretient sur le plateau de Sweeney Todd: The Demon Barber of Fleet Street avec l’un des réalisateurs les plus imaginatifs de sa génération, Tim Burton. À l’aide de multiples extraits de ses courts et longs métrages, le cinéaste parle de sa jeunesse en banlieue de Los Angeles, de son parcours, de même que des artistes qui l’ont influencé, de Vincent van Gogh à Vincent Price. Très captivant et révélateur, mais beaucoup trop bref. Avec la participation de Johnny Depp, Danny Elfman et Helena Bonham Carter. Le 28 mars. (M. Dumais)

Info: www.artfifa.com