Une tente sur Mars : Peau rouge
Avec Une tente sur Mars, Martin Bureau et Luc Renaud vont à la rencontre des Innus ayant repris possession de la ville minière abandonnée qu’est Schefferville. Mais pour combien de temps?
Étrange destin que celui de Schefferville. Étrange mais en même temps terriblement évocateur de la relation ambiguë entre les Innus et les Québécois. Fermée et quasi abandonnée depuis maintenant 30 ans, la ville minière serait aujourd’hui sur le point de revivre avec la reprise de la demande de minerai de fer. Mais entre-temps, les Innus de la Côte-Nord se sont réapproprié leur territoire et occupent de facto certaines habitations laissées à l’abandon.
C’est dans ce contexte que Martin Bureau, vidéaste et peintre, et Luc Renaud, qui a une formation de géographe, sont allés prendre le pouls d’une région à l’agonie en apparence, mais pourtant toujours bien vivante. Aussi, Une tente sur Mars est moins un documentaire dans les normes qu’un compte rendu de l’état d’esprit d’une région méconnue, qui préfère les êtres à l’énumération de faits.
Les deux coréalisateurs ont donc privilégié une approche très humaine, s’attardant à montrer les enjeux de la présence innue face à celle des Blancs (présents pour des raisons économiques), tout en donnant une voix aux autochtones rencontrés ici. En ce sens, Bureau et Renaud ont eu le bonheur de tomber sur Essimeu "Tite" McKenzie, un Innu qui leur sert de guide et qui, surtout, devient l’instigateur et l’argumentateur de la question à la base même du film: comment disposer de son territoire quand d’autres prétendent le posséder?
C’est donc sur cette réflexion centrale que repose une oeuvre à la poésie visuelle évidente et servie de façon exemplaire par la musique de Fred Fortin.
Du 3 au 9 avril
Au Clap
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Le Peuple invisible de Richard Desjardins et Robert Monderie, Ce qu’il faut pour vivre de Benoît Pilon.