Séraphine : Entre le génie et la folie
Cinéma

Séraphine : Entre le génie et la folie

Dans Séraphine, de Martin Provost, Yolande Moreau joue le plus beau rôle de sa vie. Le film lui a d’ailleurs valu le César de la meilleure actrice…

Trop souvent cantonnée dans la comédie, Yolande Moreau, trouve enfin un rôle à la pleine mesure de son talent. Ce rôle, c’est celui de la peintre naïve Séraphine de Senlis, qui rata son rendez-vous avec la gloire, notamment à cause du krach de 1929, et qui mourut de faim dans un asile psychiatrique durant la Seconde Guerre mondiale.

"Il y a une pudeur à interpréter des personnages qui ont existé, confie l’actrice belge, à savoir comment était leur vie, à l’endosser et à ne pas trahir quelque chose. Puis, il y a une curiosité qui s’installe et, petit à petit, on va vers quelqu’un d’autre et on le ramène vers soi."

Le réalisateur Martin Provost parle avec tendresse, admiration et pudeur de Séraphine, comme si elle était devenue une amie au cours de ses recherches: "Pour moi, Séraphine n’est pas une pauvre femme, c’est une femme qui s’est accomplie, qui a accompli une oeuvre. C’est énorme pour l’époque! C’est d’un courage! Elle est un exemple pour tellement de femmes."

Issue d’un milieu pauvre, devenue orpheline très jeune, élevée au couvent, Séraphine de Senlis passait ses nuits à peindre à l’aide de couleurs qu’elle créait elle-même et dont elle a gardé le secret. Le jour, elle était femme de ménage. Aux yeux de plusieurs, elle semblait ne pas avoir toute sa tête.

"Je me suis toujours posé la question à savoir si elle était vraiment folle, avance Provost. Est-ce qu’elle avait vraiment le choix en 1932? À l’époque, il n’y avait pas de retraite, elle n’avait pas d’enfants – alors qu’on en faisait 10 dans l’espoir que certains survivent pour assurer ses vieux jours -, or, Séraphine n’avait rien! Il y a de quoi devenir fou…"

"Il y a sans doute une grande souffrance qui s’est exprimée par exutoire dans la peinture, croit Moreau. Elle a perdu ses parents très tôt. C’était probablement quelqu’un qui souffrait aussi de grande solitude et qui a peut-être trouvé avec la nature, avec Dieu, quelque chose qui l’a amenée ailleurs, qui l’a poussée à faire de la peinture. Je me l’explique comme ça, mais je pense qu’au départ, si l’on se fie à ce que les gens rapportent, c’était quelqu’un en décalage avec la réalité."

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