Festival de Cannes : Trois à la Quinzaine
Cinéma

Festival de Cannes : Trois à la Quinzaine

Récession ou pas, la 62e édition du Festival de Cannes s’annonce fastueuse alors que trois Québécois s’illustreront à la Quinzaine des réalisateurs.

Comment ne pas être fier de la présence de trois Québécois à la Quinzaine? Même si cela veut dire pour les journalistes québécois qu’ils devront courir pour rattraper Tzar de Pavel Lounguine ou Antichrist de Lars Von Trier, Looking for Eric de Ken Loach ou Irène d’Alain Cavalier, À l’origine de Xavier Giannoli ou The Time That Remains d’Elia Suleiman, afin de ne pas rater l’accueil que réserveront les cinéphiles à Polytechnique de Denis Villeneuve, à J’ai tué ma mère de Xavier Dolan et à Carcasses de Denis Côté.

De retour pour la 25e fois à Cannes, Louis Dussault, de K-Films Amérique, accompagnera pour la première fois un film québécois à la Quinzaine. Nostalgique du Palais Croisette, démoli en 1988, où il a vu le triomphe des André Forcier (L’Eau chaude, l’Eau frette, Une histoire inventée), Denys Arcand (Le Déclin de l’empire américain) et Jean-Claude Lauzon (Un zoo la nuit), Dussault tient à rappeler que cette triple présence n’est pas un record: "Jean-Pierre Lefebvre a présenté trois films une année (ndlr: soit La Chambre blanche, Québec My Love et Mon amie Pierrette dans la section parallèle en 1970). Le record, c’est Xavier Dolan qui, à 20 ans, est le plus jeune réalisateur québécois à se rendre à Cannes. Il n’est pas le plus jeune dans le monde, car Samira Makhmalbaf avait 18 ans lorsqu’elle est venue présenter La Pomme en 1998."

Joint au téléphone, le jeune acteur, scénariste et réalisateur avoue: "C’est vraiment un honneur, je me sens choyé d’être à Cannes, mais qu’on cesse de parler d’une histoire de Cendrillon! Il n’y a pas eu de baguette magique ni de fée marraine! Heureusement que j’avais une équipe technique et des acteurs dévoués parce que du côté du financement, j’ai vécu le mépris et le rejet. Avant que la SODEC embarque, on ne croyait même pas pouvoir reprendre le tournage."

"En voyant son film, poursuit Louis Dussault, on comprend que Xavier a de la culture et a vu beaucoup de films. Les cadrages de ce film-là, l’utilisation du champ/contre-champ, c’est vraiment pas de la télévision, c’est du grand cinéma. Ce n’est pas pour rien qu’il est à Cannes, parce que Cannes ne nous fait pas de cadeaux. Le Festival privilégie beaucoup les films du Tiers-Monde qui n’ont pas de distributeurs; le jour où le Québec sera un pays, on le traitera autrement que comme un cinéma venant d’une province."

À propos des autres films québécois, il affirme: "Le film de Denis Côté est extrêmement atypique, c’est un cinéma très expérimental, flyé. À sa manière, Polytechnique n’est pas un film commercial. Je pense que ces films-là feront très bonne figure. En plus, ça donnera une leçon à Téléfilm Canada qui n’a soutenu aucun de ces films."

Ayant passé tout près de faire partie de la sélection officielle, Xavier Dolan, qui planche déjà sur un deuxième scénario pour une série télé, court la chance de remporter la Caméra d’or, qui permet au lauréat de voir son film distribué dans trois gros pays européens en plus d’empocher 70 000 euros.

"Je pense que la Quinzaine est le créneau idéal pour moi; c’est chaleureux, convivial. Je n’aurais pas voulu me retrouver en compétition avec des réalisateurs chevronnés; j’aurais eu peur de me brûler les ailes. J’ai toujours rêvé d’aller à Cannes, mais je n’ai jamais dit que j’étais sûr d’y aller! Je n’y croyais pas lorsque j’ai été appelé. Pour moi, Cannes, c’était inaccessible", conclut Dolan, qui en plus de fouler le tapis rouge avec Almodovar, participera à un tête-à-tête avec le doyen du festival, Alain Resnais, à Canal+.

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MONSIEUR LE PRÉSIDENT

À l’occasion de la sortie prochaine d’Il Divo, Voir s’est entretenu avec le réalisateur Paolo Sorrentino, qui sera président du jury d’Un certain regard. Voici ce qu’il a dit lors de l’entrevue que vous pourrez lire dans l’édition du 21 mai: "Je suis très excité, très heureux et très honoré qu’on ait pensé à moi. Comme je n’ai pas le stress de devoir présenter un film en compétition, je crois que je savourerai pleinement le fait d’être au Festival de Cannes. Ce sera donc très plaisant de voir tous ces films."