62e Festival de Cannes : Le choix de la présidente
À l’image de la Sélection officielle 2009, le palmarès du 62e Festival de Cannes salue la diversité du cinéma.
"J’irai contre moi-même", avait lancé laconiquement aux journalistes Isabelle Huppert lorsqu’on avait demandé aux membres du jury s’ils oseraient aller contre leur présidente lors des délibérations. Eh bien, il semble que l’Huppert présidente ait tenu sa promesse.
Alors qu’on l’accusait d’être en conflit d’intérêts, l’actrice lauréate du Prix d’interprétation pour La Pianiste a remis la Palme d’Or au magnifique film rappelant Bergman et Reygadas, Le Ruban blanc de l’Autrichien Michael Haneke, qui évoque la montée du fascisme. "Même s’il est ancré dans la société allemande, mon film s’applique à toute société qui érige un idéal en absolu", expliquait celui qui reçut le Grand Prix en 2001 pour La Pianiste et le Prix de la mise en scène en 2005 pour Caché.
On disait que malgré ses grandes qualités, le drame carcéral Un prophète ne pourrait recevoir la Palme d’Or, sous prétexte qu’un film français, Entre les murs de Laurent Cantet, l’avait reçue l’an dernier. Toutefois, Jacques Audiard, Prix du scénario en 1996 pour Un héros très discret, est reparti avec le Grand Prix: "Ce n’est pas un film de dénonciation; j’ai traité la prison comme une métaphore de la société où le dehors et le dedans sont la même chose."
L’Anglaise Andrea Arnold, à qui l’on doit le bouleversant "kitchen sink drama" Fish Tank, a dû partager le Prix du jury avec le Sud-Coréen Park Chan-wook, réalisateur de Thirst, film de vampires empruntant audacieusement à Zola. Tous deux avaient respectivement remporté le Prix du jury en 2006 pour Red Road et le Grand Prix en 2004 pour Old Boy.
Sordide et complaisant, Kinatay a étonnamment valu au Philippin Brillante Mendoza le Prix de la mise en scène. Un choix pour le moins discutable. Le Prix du scénario a échu à Jian Zeng pour Nuits d’ivresse printanière de Lou Ye. Un véritable pied de nez au gouvernement chinois qui a interdit au réalisateur de tourner pour cinq ans.
"J’aimerais que mon producteur ait à nouveau le droit de travailler et je souhaite aussi que l’interdiction de réaliser soit supprimée", avait-il demandé plus tôt pendant le Festival.
Étrange comédie poético-absurde, Les Herbes folles ont valu à Alain Resnais un "prix exceptionnel du Festival de Cannes": "Un film doit être quelque chose qu’on ne réfléchit pas. Je tourne pour savoir comment ça va tourner", expliquait le doyen du Festival.
Ardente et courageuse actrice s’il en est une, Charlotte Gainsbourg a reçu le Prix d’interprétation féminine pour le très controversé Antichrist de Lars von Trier: "J’étais prête à tout pour ce film. Le plus difficile, ce n’était pas les scènes de nudité ou de sexualité. Ce sont les scènes de souffrance que j’ai trouvées les plus crues, mais je me suis laissé guider par Lars."
Enfin, éclipsant la prestigieuse distribution internationale d’Inglourious Basterds, Brad Pitt compris, Christoph Waltz s’est vu remettre le Prix d’interprétation masculine. "Quentin est un metteur en scène très précis, très pointu. Entre ses mains, on fait tout sans penser", confiait l’acteur autrichien à propos duquel Quentin Tarantino a juré que s’il ne l’avait pas trouvé, il se serait contenté de publier le scénario.
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