Cherry Blossoms – Un rêve japonais (Kirschblüten-Hanami) : Danse avec les morts
Cinéma

Cherry Blossoms – Un rêve japonais (Kirschblüten-Hanami) : Danse avec les morts

Cherry Blossoms – Un rêve japonais (Kirschblüten-Hanami), de Doris Dörrie, traite avec délicatesse de notre inéluctable destin.

En toute honnêteté, on ne s’attendait pas à grand-chose du dernier film de Doris Dörrie, à qui l’on doit les sympathiques mais peu mémorables comédies dramatiques Men (Männer) et Naked (Nackt). Inspirée par le grand cinéaste japonais Yasujiro Ozu (Voyage à Tokyo, Printemps tardif), la réalisatrice allemande récidive avec un troisième long métrage tourné au pays du soleil levant. Si le résultat n’égale pas les oeuvres du maître japonais, Dörrie réussit à toucher le coeur du spectateur, et ce, même si les ficelles qu’elle emprunte sont parfois trop visibles.

Dès le départ, l’on sait déjà que l’un des protagonistes, Rudi (Elmar Wepper), est condamné à mort, bien que ce dernier l’ignorera tout au long du récit, sa femme, Trudi (Hannelore Elsner), ayant préféré lui cacher la vérité et l’emmener en voyage afin de voir leurs enfants, tel que recommandé par le médecin. D’emblée, on s’attachera à Trudi, femme simple ne s’imaginant pas vivre sans son mari, ayant tout sacrifié pour son bien-être et celui de leurs trois enfants, dont deux vivent à Berlin, et l’un, le fils préféré au dire de frangin et frangine, à Tokyo.

Après avoir tracé sans grande imagination, malgré un certain souci du détail, ce portrait de famille, Dörrie met le cap à mi-parcours sur le Japon et le mélodrame alors qu’elle suit Rudi, personnage peu sympathique de prime abord, la réalisatrice ayant voulu lui donner l’allure de M le maudit… en visite chez fiston. Celui-ci étant absorbé par son travail, Rudi se liera au hasard d’une promenade dans un parc fleurant bon les cerisiers en fleurs – bonjour la carte postale nippone! – avec une jeune danseuse de buto (Aya Irizuki). Au contact de cette jeune fille, qui paraît un peu simplette, Rudi, on vous le donne en mille, apprivoisera la mort.

Doris Dörrie ne lésinera pas pour faire verser une larme ou deux, mais à travers ses stratagèmes un peu lourds surgira le délicat et poignant portrait d’un homme ayant passé à côté de sa vie. Sans doute que le talent de Wepper, au jeu bellement contenu, et d’Elsner, sobrement émouvante, y est pour beaucoup dans la réussite d’Un rêve japonais, de même que les jolis accents poétiques que Dörrie insuffle en catimini à sa mise en scène intimiste.

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