Millenium: Les hommes qui n'aimaient pas les femmes : Meurtres en série
Cinéma

Millenium: Les hommes qui n’aimaient pas les femmes : Meurtres en série

Millenium: Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, de Niels Arden Oplev, est une interprétation honnête de l’univers de Stieg Larsson.

Michael Nyqvist nous parle de Suède. Toutes les 30 secondes, sa deuxième ligne sonne. Ce sont des journalistes internationaux. Le monde entier veut parler à celui qui incarne Mikael Bloomkvist, le journaliste chevronné de Millenium dans ce premier épisode d’une série de trois films. La trilogie a fait de son auteur, Stieg Larsson, un Dan Brown posthume avec ces presque 10 millions d’exemplaires vendus dans le monde.

"Au départ, ce projet ne m’intéressait pas beaucoup, avoue Nyqvist. Je n’avais pas lu le livre. Je voyais tout le monde en Suède, dans les cafés, dans le métro, lire Millenium. Ça faisait un peu trop Da Vinci Code à mon goût. Mais je connaissais le travail du réalisateur qui, finalement, m’a convaincu de participer au film. Au bout du compte, j’ai lu les trois livres en une semaine (ndlr: c’est tout à fait possible en ne dormant que trois jours et en supprimant les pauses pipi). Millenium, c’est comme un virus."

Autant dire que la pression est énorme pour les deux acteurs. Et comme Millenium ne serait pas Millenium sans la ténébreuse Lisbeth Salander, le succès du film repose d’abord sur les frêles épaules de Noomi Rapace, actrice jusqu’alors inconnue au bataillon, qui interprète l’héroïne goth.

"La Lisbeth du film n’est pas exactement celle du livre. La représenter telle qu’elle est décrite dans le roman de Larsson aurait été impossible. On serait vite tombé dans la caricature. Dans le film, elle est tout aussi troublée et troublante que dans le livre, mais elle fait aussi preuve de plus de subtilité. C’est une jeune femme forte qui a survécu à l’enfer et qui s’est imposée un code de conduite", explique l’actrice.

Il aura fallu de peu pour que la Lisbeth du film soit méconnaissable: "Au départ, le réalisateur voulait en faire une fille plus séduisante, presque drôle, se souvient Rapace. Elle était beaucoup plus volubile dans les premiers jets. Mais je me suis opposée à cette version du personnage. Lisbeth doit inspirer le mystère. Neils m’a écoutée et a retravaillé le scénario selon mes suggestions."

Le troisième personnage principal du film est indéniablement la Suède qui, dans Millenium, en prend pour son compte. À l’instar des livres, ce premier film met l’accent sur les parts d’ombre de la société suédoise.

"Nous avons un problème de culpabilité par rapport à trois sujets, explique Michael Nyqvist. En évoquant la collaboration de certains Suédois avec les nazis, en mettant en scène des scandales politiques et financiers du genre de ceux qui ont fait trembler le pays dans les années 80 (découverte d’une police secrète, assassinat, en 1986, du premier ministre Olaf Palme) et en faisant le portrait du désenchantement chez nos jeunes, Millenium crève l’abcès."

Noomi Rapace n’est pas plus tendre envers son pays: "Oui, à bien des égards, nous sommes une société exemplaire. Mais en Suède on préfère balayer les problèmes sous le tapis. C’est une société qui est un petit peu comme une bombe à retardement. C’est pour ça que tout passe dans les regards dans ce film. C’est quelque chose de très suédois. Nous sommes très réservés mais, sous les apparences, ça bouillonne!"

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MILLENIUM

Un vieil industriel suédois veut retrouver sa fille qu’il croit morte depuis 40 ans. Il fait appel à un journaliste vedette en déconfiture, Mikael Bloomkvist (Michael Nyqvist), pour mener l’enquête. Ce dernier croisera le chemin de Lisbeth Salander (Noomi Rapace), brillante hackeuse gothette, qui l’aidera à découvrir ce qui se cache derrière ce mystère. Filmé de manière télévisuelle, proprette et convenue par Niels Arden Oplev, Millenium est un film étonnamment sobre. Les scènes de viol, de meurtre sont présentées sans artifice. Ce classicisme aurait été un problème sans le charisme indéniable des deux acteurs. Ce film a au moins le mérite de laisser toute la place au jeu des acteurs. Dans Millenium, on ne perd pas son sang-froid, l’horreur se joue dans le calme. On attend la tempête pour les deux prochains films.