Up : Le vieil homme et l’enfant
Up, dernier-né de Pixar signé Pete Docter, ouvrait le Festival de Cannes sur une note légère et colorée.
L’idée de départ d’Up, qui a pris quatre ans à faire, dont presque trois ans à écrire, est en fait la rencontre de deux images: "Avec Bob Peterson, mon coréalisateur, on cherchait des choses qu’il nous plairait d’animer. On a notamment pensé à un vieillard super-grincheux et à des ballons colorés. L’idée de les mettre ensemble nous plaisait", racontait Pete Docter, réalisateur et scénariste, à la conférence de presse cannoise.
Producteur exécutif, John Lasseter a ajouté ceci: "Chez Pixar, tous nos films sont créés à partir des idées des réalisateurs. Ce qui est important, c’est le coeur de l’histoire, l’émotion. Comme disait Disney: "Pour chaque sourire, une larme." En écrivant le scénario, il faut oublier le dessin et se demander à quoi pense le personnage, car c’est ainsi que l’on touche le spectateur."
Menacé d’aller vivre dans une résidence pour gens âgés, Carl Fredricksen (voix d’Ed Asner dans la version originale, voix de Charles Aznavour dans la version doublée au Québec) attache 26,5 millions de ballons à sa maison afin de se rendre en Amérique du Sud où sa femme, décédée depuis peu, rêvait de s’installer comme son idole de jeunesse, un téméraire aventurier accusé de fraude (Christopher Plummer). À son grand dam, Russell (Jordan Nagai), gamin aussi rondouillard que bavard, se trouvait sur son palier…
Pour mettre au monde ce papi aventurier, Docter et Peterson ont puisé à même leurs souvenirs: "Carl est un amalgame de nos grands-parents, se rappelle Docter, de Spencer Tracy et de Walter Matthau. En l’animant, on a créé le mot "simplexité", c’est-à-dire qu’il paraît d’abord simple, mais lorsqu’on ajoute les rides, les poils, ça devient plus complexe."
Peterson poursuit: "Nous voulions donner à Carl un faciès carré pour refléter ce qu’il est à l’intérieur; Russell, le petit aventurier, nous préférions lui donner des rondeurs. Le plus dur, c’était d’animer la mâchoire de Carl, définir ses mouvements."
Docter explique comment il a voulu donner à Up un je ne sais quoi de nostalgique et rassurant: "Nous avons demandé à Michael Giacchino de faire une musique qui rappellerait le cinéma des années 30 et 40, les films de Capra, bref, les films avec lesquels nous avons grandi."
Quant à John Lasseter, c’est du côté asiatique qu’il puise son inspiration: "Je suis un grand fan de Hayao Miyazaki (Howl’s Moving Castle) et l’on retrouve son influence dans chaque film de Pixar. Miyazaki est une grande inspiration pour nous car il célèbre les moments silencieux des films, se concentre sur les personnages. Il sait qu’il est important de laisser le film respirer."
Et les ballons dans tout ça? "Pour les besoins du film, des scientifiques ont calculé que 26,5 millions de ballons seraient nécessaires pour faire voler une maison. Il est donc clair que personne n’essaiera ça à la maison!" conclut Pete Docter.
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Monsters, Inc. de Pete Docter, Ratatouille de Brad Bird, WALL-E d’Andrew Stanton
Up
Sans avoir la force narrative et visuelle de Ratatouille ni de WALL-E, Up s’avère un heureux mélange d’humour, d’action et d’émotion où l’on célèbre la capacité de savourer chaque moment de son existence. Up séduit par cette longue séquence du début nous racontant la vie de Carl et sa femme. Avec une économie de dialogues et les moments-clés de leur existence, Pete Docter et Bob Peterson (coscénariste de Finding Nemo) réussissent en peu de temps à nous les rendre irrésistiblement attachants. Par la suite, l’odyssée aérienne de Carl et du jeune Russell s’avère plus amusante que trépidante, mais bien vite les blagues tournant autour de la meute de chiens parlants – dont le stupide Dug (Bob Peterson ou Rachid Badouri) – se révèlent platement répétitives. Enfin, saluons les efficaces effets 3D, lesquels ne sont pas une accumulation gratuite de pop-ups, mais plutôt une agréable façon de nous faire pénétrer dans l’univers des personnages.