Easy Virtue : L’amie américaine
Dans Easy Virtue, de Stephen Elliott, une belle Américaine sème le chaos dans une famille anglaise dysfonctionnelle.
Le dramaturge anglais Noel Coward est bien connu des cinéphiles: Design for Living d’Ernst Lubitsch, Cavalcade de Frank Lloyd, Brief Encounter de David Lean… même le grand Hitchcock signait en 1928 une version muette de la pièce Easy Virtue. Quelque 80 ans plus tard, c’est au tour de Stephen Elliott, devenu célèbre pour l’irrésistible cocktail explosif The Adventures of Priscilla, Queen of the Desert, de se frotter à cette pièce écrite en 1924, à l’âge de 23 ans, par Coward.
Campée dans les années folles, la nouvelle mouture d’Easy Virtue manque cruellement de folie et de fantaisie. Et pourtant, c’est ce qu’incarne aux yeux de la sévère matriarche (Kristin Scott Thomas, plus British que ça, t’es la reine d’Angleterre!) de cette famille tout ce qu’il y a de plus guindée la nouvelle épouse américaine (Jessica Biel, esthétique) de son unique fils (Ben Barnes, insipide… et exaspérant lorsqu’il se met à chanter). Mais n’est-ce pas le propre des belles-mamans que de regarder d’un oeil méfiant celle qui vient voler le coeur de fiston?
Dès son arrivée, la bombe platine et championne de course automobile choque la bienséance par sa garde-robe à la mode, son esprit libéral et, ô malheur, son désir de s’installer à Londres et non au manoir familial, lequel tombe en ruine. Seul le père (Colin Firth, solide), homme brisé par la Première Guerre mondiale, éprouvera de la sympathie envers la belle intruse.
Ne serait-ce des quelques effets visuels, lesquels font apparaître le reflet des personnages dans des miroirs, des verres fumés et même une boule de billard, Easy Virtue n’apporte rien de neuf au film en costumes se déroulant à la campagne anglaise. En vain, on cherchera la griffe d’Elliott tout au long de l’élégant exercice, ponctué des chansons au charme suranné de Coward et de Cole Porter. À moins que celle-ci ne se retrouve dans le choix douteux de certains airs – Sex Bomb et When the Going Gets Tough, z’êtes pas sérieux? Reste le verbe bien aiguisé de Coward, lequel est bien servi par des interprètes en verve, la savoureuse Kristin Scott Thomas en tête, qui ne fait qu’une bouchée de Jessica Biel. Une adversaire de taille aurait sans doute mieux servi Easy Virtue qui s’évertue mollement à louer la modernité au détriment des traditions.
À voir si vous aimez /
Being Julia d’István Szabó, De-Lovely d’Irwin Winkler, Gosford Park de Robert Altman