Bouquet final : Un mariage et des tas d’enterrements
Dans Bouquet final, de Michel Delgado, ou comment j’ai tué tout le monde sauf ma mère, Marc-André Grondin joue (encore) les fils rebelles.
Elle a bon dos, la mort. Depuis la saga mortuaire Six Feet Under, dont les six saisons ont plaisamment réchauffé nos longues soirées d’hiver, la profession de croque-mort (pardon, thanatologue) n’en finit plus d’inspirer les réalisateurs du petit et du grand écran. C’est au tour du Français Michel Delgado, qui signe ici sa première réalisation après avoir commis plusieurs scénarios dans le registre de la comédie franchouillarde pas franchement notable (Tricheuse, Bambou), explorant la plupart du temps les thèmes du mensonge et les quiproquos à la chaîne qui s’ensuivent.
Mensonge, donc, lorsque Gabriel (Marc-André Grondin), jeune musicien, fils et petit-fils d’artistes, commet l’innommable aux yeux de ses parents (Gérard Depardieu, tout de gouaille parisienne) en acceptant en douce un job de directeur commercial dans une multinationale du service mortuaire. En stage de formation à la division du cimetière Père Lachaise, il aura maille à partir avec Gervais Bron (Didier Bourdon), 15 ans de métier et champion toutes catégories de l’humour morbide. Gabriel apprendra très vite que le métier requiert aussi du doigté et une bonne dose de cynisme avant, on s’en doute, de s’amouracher de la profession "la plus vieille du monde à égalité avec l’autre". Entre-temps, les quiproquos se succèdent, mettant en péril son idylle naissante avec une avocate au caractère bien trempé.
Bouquet final aurait tout le potentiel de l’excellente comédie satirique s’il ne cherchait pas tant à nous faire pleurer. Le duo Marc-André Grondin (parfaitement à l’aise dans le costume-cravate)-Didier Bourdon (parfait dans le rôle du vieil emmerdeur) marche très bien. La confrontation s’annonce d’abord savoureuse en ce qu’elle sous-tend de cynisme dans un contexte où la mise en scène de la mort tient quasiment de l’escroquerie. Mais les bons sentiments l’emportent bien vite sur la satire, selon le modèle des comédies de Veber, où la morale triomphe finalement de l’adversité et où le con n’est pas si con que ça, finalement. Devant cette confusion des genres, et faute d’être morts de rire, on finit par se laisser séduire par le côté bonbon, et les beaux yeux de Grondin font le reste.
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