Ma vie pour la tienne : Préparez vos mouchoirs
Ma vie pour la tienne, de Nick Cassavetes, ne lésine pas avec les émotions.
Des fois, nous allons au cinéma afin d’échapper à la réalité et d’autres fois, pour la ressentir intensément, et ce, même si cela implique de quitter la salle le visage ruisselant de larmes, le nez enfoui dans une serviette tachée de faux beurre. Si vous êtes d’humeur pour de profondes émotions plutôt que pour des explosions en images de synthèse, voyez alors Ma vie pour la tienne.
Toutefois, n’ayez crainte, ce drame familial à propos d’une adolescente luttant contre la leucémie n’est pas une tragédie proprement dite. Fort de quelques revirements, Ma vie pour la tienne s’attache aux réalités de la vie, les grandes comme les petites, avec compassion et juste ce qu’il faut d’humour – grâce à la distribution incluant Alec Baldwin et Joan Cusack dans de petits rôles – pour qu’on embarque réellement.
"C’est une belle histoire, avoue le réalisateur Nick Cassavetes (The Notebook, John Q.). Je ne fais pas de films avec des hélicoptères qui explosent notamment parce que je n’ai jamais été témoin de cela. Les thèmes de ce film sont universels: la famille, l’amour, la perte. Toutes des choses que nous rencontrons au cours de notre existence, lesquelles sont plus importantes que des autos se transformant en robots."
Bien que Ma vie pour la tienne soit une adaptation du best-seller de Jodi Picoult, Cassavetes offre une intensité authentique qui ne peut que provenir d’une expérience personnelle: "Lorsque j’étais jeune, mon enfant est tombé malade, se souvient le réalisateur, dont la fille cadette est née avec une malformation cardiaque. Cela n’arrive pas toujours aux gens qui y sont préparés… Avant que ma fille devienne malade, j’étais heureux – je n’avais aucun tatouage, je n’avais pas ce poids à l’âme."
Pour le rôle de Sara, mère contrôlante qui quitte son emploi d’avocate afin d’être au chevet de sa fille, Cassavetes a jeté son dévolu sur Cameron Diaz parce qu’elle possède une certaine innocence, qu’il reconnaît également avoir, et qu’il la voyait en pivot d’une famille pas du tout préparée à vivre un événement grave.
Diaz, dont le père est décédé durant le tournage, voit le film comme une célébration de la vie: "Pas un seul instant, les parents ne se focalisent sur la mort; ils se concentrent sur la vie de leur fille, cette personne qui est toujours présente. Nous ne sommes pas là à vivre ou à mourir, à être heureux ou à être tristes; tout cela arrive en même temps."
Abigail Breslin (Little Miss Sunshine) et Sofia Vassilieva (Medium) interprètent les soeurs Anna et Kate et se sont attelées avec attention et talent à un sujet fort grave. Anna, la cadette, a été créée génétiquement en éprouvette afin de pouvoir fournir son aînée en moelle osseuse, en sang et plus, au besoin.
Évidemment, Anna est bien plus qu’une donneuse et, au final, le film se résume au lien entre les deux soeurs, la façon dont leur existence dépend l’une de l’autre, la première littéralement, la seconde au figuré. Si Cassavetes cherche la vérité à propos de l’amour, une partie réside dans ce film: le véritable amour ne meurt jamais, mais s’attache fermement à nos vies pour toujours.