The Girlfriend Experience : Vivre sa vie
Cinéma

The Girlfriend Experience : Vivre sa vie

The Girlfriend Experience, deuxième des six "expériences" de Steven Soderbergh, met en vedette la pornstar et cinéphile Sasha Grey.

Elle n’a que 21 ans, mais Sasha Grey a déjà plus de 80 films à sa filmographie. Non, ce n’est pas qu’elle ait commencé sa carrière toute jeune, mais plutôt parce que dans l’industrie du film adulte, on tourne beaucoup… La jolie demoiselle qui rêvait de porter le nom d’Anna Karina a toutefois eu le temps de participer au tournage du deuxième des six films à petit budget de Steven Soderbergh, lequel n’a duré que 16 jours – et coûté la dérisoire somme de 1,7 M$.

C’est ainsi que cinq ans après Bubble, premier de la série et sorti simultanément au grand écran, sur DVD et sur une chaîne de télé câblée, Soderbergh récidive avec un long métrage réalisé avec une équipe réduite. Si The Girlfriend Experience marquera sans doute moins l’imaginaire du spectateur que Bubble, où le cinéaste dépeignait avec un réalisme inquiétant la vie modeste d’employés d’une usine de poupées – on remarquera d’ailleurs des images tirées du film lors d’une scène tournée dans un bar branché -, l’expérience qu’on nous propose vaut tout de même le détour. Ne serait-ce que pour y admirer les talents indéniables de directeur photo de Soderbergh, qui se cache derrière le pseudo Peter Andrews.

D’une esthétique hyper-léchée et d’une atmosphère quelque peu languissante, The Girlfriend Experience raconte cinq jours dans la vie de Chelsea (Grey), escorte de luxe offrant à ses clients l’impression d’être leur petite amie, à quelques jours des élections présidentielles. Que fait donc la dame alors? Elle cause et elle baise.

En fait, Chelsea cause plus qu’elle ne baise, car ses riches clients ne la paient pas seulement pour les divertir à l’horizontale. De plus, elle a de longues discussions avec son amoureux, un journaliste et critique d’escortes qui lui promet un article favorable pour un site Internet. Chelsea croit qu’elle tient son destin bien en main, mais la carrière d’escorte peut être bien éphémère… surtout lorsqu’on est une jolie coquille vide. Et c’est sans doute là que repose le problème du film: tourner autour d’un personnage superficiel dont le drame n’arrive jamais à nous toucher. Et pourtant, on reste scotché devant l’écran, fasciné par ce monde où règnent jeunesse et beauté auquel nous convie Soderbergh, qui nous transforme avec habileté en voyeur.

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