Dans le ventre du moulin : La face cachée
Cinéma

Dans le ventre du moulin : La face cachée

Exploration du processus de création d’un monument culturel, Dans le ventre du Moulin documente la course de Robert Lepage, astre autour duquel orbite un vaste système de planètes créatrices dont on ne visite cependant que la surface.

Il faut toujours se méfier de la promotion. Cette fois, elle nous promet "un regard singulier" sur la création du Moulin à images, pièce maîtresse – faut-il encore le préciser? – des célébrations du 400e anniversaire de la ville de Québec.

Précisons donc que la singularité de ce documentaire de facture classique relève essentiellement de l’accès VIP obtenu par les réalisateurs Mariano Franco et Marie Belzil, pour le compte de l’Office national du film, au sein de l’équipe de création de cette fresque aussi grandiose qu’improbable. Ce qui n’est pas rien non plus, puisque la présence effacée des cinéastes dans les entrailles de la bête révèle l’immensité de l’échafaudage derrière les idées, de toute la technique qui les supporte.

Sauf que c’est là que se révèle le principal écueil rencontré: rendre compte d’une aussi gigantesque entreprise en un seul petit film.

Recherche maniaque d’images d’archives, discussions en équipe, montage visuel et sonore, défis climatiques, kilomètres de fils et de fibre optique tendus de part et d’autre des silos de la Bunge, qui allait devenir le plus grand écran architectural: on y voit un peu de tout. Juste un peu.

Cela permet de rencontrer une équipe qu’on devine fabuleuse, mais en se cantonnant toujours à la surface. Qui sont-ils? Sur quels projets ont-ils travaillé auparavant?

En explorant quelques-unes de ces planètes créatrices qui orbitent autour de Robert Lepage, on aurait sans doute eu droit à ce regard singulier que nous promettait la promo. Mais il faudra se contenter d’un portrait d’ensemble sincère, habilement mené, et qui donne heureusement accès aux idées des créateurs, permettant d’apprécier cette volonté qu’a Lepage de constamment remettre en question les manières de faire.

En épiant de l’intérieur la construction d’une oeuvre "qui tient autant du feu d’artifice que du livre d’art", on accède à une partie du processus, à la recherche du ton juste où le dramaturge et cinéaste exhorte son équipe à faire fi des conventions afin que Le Moulin à images soit une conversation entre l’histoire, l’oeuvre elle-même et son support. Six cents mètres de silos à grains transfigurés en symbole de la fierté d’un peuple.

Ça, c’est singulier.

À voir si vous aimez /
Les making of, le travail de Robert Lepage en général et Le Moulin à images en particulier