Black : Paris-Dakar
Cinéma

Black : Paris-Dakar

Black, de Pierre Laffargue, met en vedette le rappeur MC Jean Gab’1 dans le rôle d’un braqueur.

Méconnu de ce côté-ci de l’Atlantique, MC Jean Gab’1, né Charles M’Bouss, est davantage connu pour ses talents de rappeur que d’acteur en France, où il s’est fait remarquer avec son tube J’t’emmerde, dans lequel il trace un portrait peu flatteur des stars françaises du hip-hop: ""J’t’emmerde", c’est rien, c’est même gentil, a affirmé le chanteur-acteur lors de son passage à Fantasia, c’est le maniement du verbe; si j’y avais mis des insultes, j’aurais dit "j’t’encule"."

Né à Paris en 1967, M’Bouss voit son existence bouleversée lorsque son père assassine sa mère et son nouveau conjoint. Après avoir passé 10 ans à la DDASS (Direction départementale des affaires sanitaires et sociales), où il est battu et violé, le jeune homme devient braqueur. Il écope de sept ans de prison (cinq ans en Allemagne, deux ans en France) et à son retour d’Allemagne, il se fait voler ses papiers. C’est ainsi que de 1994 à 2004, on le paye en liquide pour ses premières prestations au cinéma.

"J’ai commencé au cinéma en 1995: j’ai fait La Haine, Chacun cherche son chat. Au bout de quatre ou cinq apparitions, ça m’a gavé de jouer le Noir de service. Je me suis alors lancé dans la musique. Le cinoche en France, c’est "fils de", "frère de", "cousin de", et "m’as-tu-niqué-hier-ou-pas"", déplore celui qui parle comme un titi de Paris.

Dans Black de Pierre Laffargue, MC Jean Gab’1 tient le haut de l’affiche alors qu’il incarne un braqueur français d’origine sénégalaise qui vient de perdre ses hommes au cours d’un casse et à qui son cousin propose un coup facile à Dakar.

"Étonnamment, Charles est un garçon très structuré qui a pris Black très au sérieux, comme une très grande chance, a confié le réalisateur au cours d’un entretien à Paris. Avec le tournage, il a pu aller en Afrique pour la première fois. Depuis, il m’a dit qu’il ne s’était jamais senti autant chez lui que là-bas."

"Pour moi, c’était significatif car ce sont mes racines, a confié l’interprète de Black. Il y a des choses que tu crois qu’on ne voit que dans les films et là, tu vois que l’Afrique et ses contradictions, c’est bien réel. Et le fait de te faire appeler "blanc-bec", ça te fout les boules."

À Dakar, Black rencontre Pamela (Carole Karemera); tous deux devront subir un rituel où l’un et l’autre deviendront respectivement l’homme-lion et la femme-panthère afin de combattre Degrand (François Levantal), l’homme-serpent.

"Au récit de braquage classique, expliquait Laffargue, les scénaristes ont apporté les éléments d’un conte africain et l’influence des animaux totems sur les personnages. Par exemple, l’homme-serpent représente l’homme blanc corrompu, la fin du colonialisme. Pamela représente l’Afrique et ses traditions et c’est elle qui amènera Black vers l’acceptation de ses racines."

Quant à la nature de Black, le film et non le personnage, le réalisateur a ainsi conclu: "C’est un film fait à l’ancienne, tourné en scope. On voulait faire un film de blaxploitation au goût d’aujourd’hui. C’est vraiment une série B."

Les frais du voyage à Paris ont été payés par Unifrance.

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BLACK

"Qu’est-ce que c’est que cette histoire?" lance à quelques reprises MC Jean Gab’1 dans Black, où sa présence, son charisme et son sourire en coin rappellent Bruce Willis époque Die Hard. Cette question, le spectateur se la posera sûrement autant de fois que le braqueur Black. Débutant sur les chapeaux de roues avec un cambriolage pour le moins violent, ce premier long métrage de Pierre Laffargue se la joue ensuite touriste fébrile dans les rues peu rassurantes de Dakar, avant de se plonger corps et âme dans le folklore africain. Un chausson avec ça? Non merci, avec toutes les invraisemblances assumées, les personnages caricaturaux, le montage dynamité et la trame sonore à fond la caisse, le public en a déjà plein les yeux, plein les oreilles.