Thirst, ceci est mon sang (Bak-Jwi) : Le prince de sang-mêlé
Cinéma

Thirst, ceci est mon sang (Bak-Jwi) : Le prince de sang-mêlé

Thirst, ceci est mon sang (Bak-Jwi), qui a permis à Park Chan-wook de remporter (ex æquo) le Prix du jury à Cannes, s’inspire audacieusement d’un roman de Zola.

En relisant Thérèse Raquin d’Émile Zola, on ne peut qu’être frappé par le fait que personne avant Park Chan-wook, brillant réalisateur sud-coréen révélé à Cannes en 2004 où il remporta le Grand Prix pour le jouissif Old Boy, n’avait pensé à faire de cette sordide histoire d’adultère et de meurtre un film de vampires.

Afin de ne pas trop en dévoiler à ceux qui n’auraient pas lu le roman de Zola, rappelons seulement qu’il y est beaucoup question de sang, le père du naturalisme se plaisant à analyser la nature sanguine de l’un de ses personnages, et d’un revenant, dont les apparitions s’avèrent éprouvantes pour ceux qui le voient. Qui plus est, une brûlante morsure au cou jouera un rôle capital dans ce récit plein de fureur…

Chez Park Chan-wook, qui rêvait depuis longtemps de faire un film de vampires, on retrouve sensiblement la même dynamique entre les personnages. Le cinéaste a cependant remplacé l’égoïste et lâche figure masculine centrale par un homme d’un grand altruisme. De fait, Sang Hyun (Song Kang-ho) est prêtre et c’est en se portant volontaire pour tester un vaccin qu’il contracte un virus faisant de lui un vampire.

Luttant contre sa nature sanguine, Sang Hyun trouve différents moyens de se nourrir. Cependant, Tae-Ju (Kim Ok-vin), épouse du chétif ami d’enfance du prêtre (Shin Ha-kyun) vivant sous le joug de la mère de ce dernier, la peu commode Lady Ra (Kim Hae-sook), aura tôt fait de lui donner un certain appétit.

Plus susceptible de plaire aux amateurs de l’explosive trilogie de la vengeance de Park Chan-wook (Sympathy for Mr. Vengeance, Old Boy et Lady Vengeance) qu’aux fans de la saga Twilight (on est bien loin de l’univers fleur bleue des jolis vampires brillant au soleil), Thirst, ceci est mon sang risque d’en laisser quelques-uns sur leur faim (soif?).

Ayant placé la barre bien haut avec ses précédents longs métrages, Park livre ici un film de vampires que l’on pourrait qualifier d’exsangue, et ce, malgré ses nombreux effets gore et le sang qui gicle à tout moment. Moins énergique et stylisé qu’Old Boy, Thirst, ceci est mon sang carbure en revanche au jeu excessif des acteurs, à l’humour sadique et, comme chez Zola, à l’exaltation des sens. N’y manque qu’un peu plus de mordant dans sa critique sociale.

À voir si vous aimez /
Thérèse Raquin d’Émile Zola, Cut de Park Chan-wook (segment de Three… Extremes), Let the Right One In (Låt den rätte komma in) de Tomas Alfredson