Les Pieds dans le vide : L'ère du vide
Cinéma

Les Pieds dans le vide : L’ère du vide

Avec Les Pieds dans le vide, Mariloup Wolfe signe avec enthousiasme une première réalisation d’envergure.

Depuis 2007, année où elle avait été nommée à la barre de l’émission Fais ça court!, la rumeur a fait boule de neige et s’est confirmée: la véritable allégeance artistique de Mariloup Wolfe est pour le septième art. C’est qu’avant ce moment, celle qui possède une majeure et une spécialisation en production cinématographique de l’Université Concordia n’avait jamais véritablement fait état de ses talents de conceptrice d’images…

"J’espérais faire mon premier long métrage autour de mes 30 ans, confie la réalisatrice d’entrée de jeu. Quand Vincent Bolduc, le scénariste du film, m’a appelée pour faire Les Pieds dans le vide, c’était comme si tout arrivait comme je l’avais demandé. C’était même un peu étrange, car c’était comme si ça allait de soi que ce soit moi qui le réalise."

Les Pieds dans le vide raconte l’histoire de Charles (Guillaume Lemay-Thivierge), Manu (Laurence Leboeuf) et Rafaël (Éric Bruneau), trois amis qui ont le bonheur égal, blague à part, de s’envoyer régulièrement dans les airs. Charles, le propriétaire du centre de parachutisme, doit cependant garder un oeil constant sur Rafaël, qui semble n’avoir aucune limite, et qui met toujours davantage sa vie – et celle des autres – en danger. Manu, qui doit en prime s’occuper de sa mère agonisante (Monique Spaziani), est ainsi coincée entre les deux Roméo, au coeur d’un triangle amoureux qui a tout d’une figure de haute voltige.

"Je sentais que le moment était venu, pour moi, de faire un film sur cette génération-là, explique celle qui est apparue adolescente, puis est devenue femme sur nos écrans cathodiques. Je parlais d’un sujet que je connaissais, et c’était des thèmes que je pouvais aborder avec confiance. Les personnages ne savent pas trop quoi faire dans la vie, ils sont incapables de prendre des décisions…"

"En même temps, ce sont des jeunes qui vivent à fond, poursuit-elle d’un même souffle, qui boivent, qui fument, qui se défoncent, qui sont toujours à la limite. Les personnages trippent lorsqu’ils sautent, mais c’est significatif d’un manque intérieur qu’ils tentent désespérément de combler par quelque chose d’autre. Ils souhaitent se sentir vivre, et pour cela, ils doivent frôler la mort."

Guillaume Lemay-Thivierge, qui interprète le personnage de Charles et qui est lui-même un amant invétéré du parachutisme, abonde dans le même sens que la réalisatrice. "Quand tu commences à sauter en parachute, c’est parce que tu es en quête de quelque chose… T’as besoin de sentir qu’il y a quelque chose de gros qui va arriver dans ta vie." Difficile de ne pas croire celui qui, en plus de posséder une école de parachutisme à Notre-Dame-de-Lourdes, a récemment inauguré l’espace aerodium au parc Jean-Drapeau, où l’on peut notamment trouver un véritable simulateur de chute libre.

L’acteur, qui agissait pour l’occasion à titre de producteur associé et qui caresse l’ambition de coiffer éventuellement le chapeau de réalisateur, se dit par ailleurs choyé d’avoir pu participer à ce projet: "Faire un film écrit par mon meilleur ami dans lequel je suis dirigé par ma blonde et dans lequel je saute en parachute… À partir d’aujourd’hui, je peux dire que mon fantasme personnel est pleinement assouvi!"

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LES PIEDS DANS LE VIDE

Avec Les Pieds dans le vide, Mariloup Wolfe signe un premier long métrage prometteur qui témoigne d’un talent certain au plan de la réalisation et de la mise en scène. L’ambiance "road-movie" qui chapeaute l’ensemble charme, tout comme la trame musicale du film, tout à fait à point. Le scénario de Vincent Bolduc, pour qui il s’agissait d’une première, est cependant largement handicapé par une surcharge thématique qui engorge, en de nombreuses occasions, le ou les propos du film. L’accumulation de situations dramatiques fait parfois verser le film dans un mélodrame agaçant. Guillaume Lemay-Thivierge, Laurence Leboeuf et Éric Bruneau défendent avec conviction des personnages un peu flous qui semblent destinés à expier à eux seuls l’ensemble des péchés de l’humanité. Décidément, le scénario aurait mérité d’être épuré, encore et encore.