Festival des films du monde : Dans 3… 2… 1…
Cinéma

Festival des films du monde : Dans 3… 2… 1…

Du 27 août au 7 septembre, le Festival des films du monde fera vibrer Montréal pour une 33e fois. Sortez tambours et trompettes, que le cirque se mette en branle, et que les festivités commencent!

C’est le nouveau film du réalisateur québécois Ricardo Trogi (Québec-Montréal, Horloge biologique), 1981, qui a mérité l’honneur de lancer les festivités de cette 33e édition du FFM. Présenté pour l’occasion en première mondiale, 1981 relate les déboires du jeune Ricardo dans sa nouvelle école, généralement réservée aux enfants provenant d’un milieu aisé. Produit par Nicole Robert et mettant en vedette Jean-Carl Boucher (Un été sans point ni coup sûr) dans le rôle de Ricardo Trogi, 1981 prend l’affiche au Québec le 4 septembre.

COMPÉTITION OFFICIELLE

Vingt films sont inscrits dans la section compétition du festival. Pour la première semaine, mentionnons les projections du film Korkoro (28 et 29 août), du cinéaste Tony Gatlif et mettant en vedette Marie-Josée Croze, qui seront de passage à Montréal, de même que celles d’Atashkar (1er et 2 septembre), de Mohsen Amiryoussefi, lauréat de la Caméra d’or à Cannes pour Khab-e talkh, en 2004. Redland (28 et 29 août), d’Asiel Norton, promet quant à lui d’alimenter les discussions et de diviser l’opinion des spectateurs, surtout en regard de sa forme exaltée et de ses scènes tantôt languissantes, tantôt franchement glauques. À noter, enfin, les projections du film Un cargo pour l’Afrique (31 août et 1er septembre) de Roger Cantin, seul film québécois/canadien à être présenté en compétition officielle.

POUR LA PREMIÈRE FOIS

De tous les films présentés dans la section des premières oeuvres, L’Enfance d’Icare, d’Alexandre Iordachescu, est probablement le film le plus intrigant. D’abord apparaît au générique le nom de Marcel Beaulieu à la scénarisation, connu pour son travail sur les films Mémoires affectives et Une jeune fille à la fenêtre, de Francis Leclerc. Et ensuite paraît dans ce drame psychologique d’anticipation Guillaume Depardieu, décédé quelques jours après la fin du tournage, terrassé par une pneumonie foudroyante. L’Enfance d’Icare raconte l’histoire de Jonathan Vogel (Depardieu), avocat déchu handicapé des suites d’un accident de la route. Croyant trouver en la méthode révolutionnaire du Dr Stivlas Karr (Carlo Brandt) le remède à tous ses maux, Vogel se lance dans une cure expérimentale qui tourne mal et ne remplit pas ses promesses de guérison par l’immortalité.

La seule présence de Guillaume Depardieu à l’écran, qui se meut devant nous tel un fantôme claudiquant au milieu d’un champ de ruines aseptisé, semble justifier à elle seule l’existence de ce film à la prémisse particulièrement intéressante. Dommage, cependant, que le développement du récit se fasse par une série de clichés du genre. Au final, il faut bien convenir que si L’Enfance d’Icare fascine, c’est bien plutôt en raison des événements tragiques débordant de la production, qui magnifient la présence de Depardieu à l’écran, qu’en raison des seules qualités cinématographiques du film. (31 août, 2 et 3 septembre)

Dans la même section, Sophie Laloy présente Je te mangerais, drame psychologique retraçant l’arrivée à Lyon de Marie (Judith Davis), nouvellement admise au Conservatoire, qui emménage dans l’appartement d’Emma (Isild Le Besco), son amie d’enfance. La présence de cette dernière se fera de plus en plus envahissante dans la vie de Marie, qui ne saura bientôt plus que choisir entre la fuite et l’abandon… Il est dommage que l’intrigue de cette première réalisation soit si faible, car Laloy aurait autrement pu accoucher d’une première oeuvre forte. Somme toute, Je te mangerais est un film banal, parce que déjà vu mille fois, porté par une réalisation fonctionnelle qui a bien ses quelques moments de grâce. (30 août et 1er septembre)

DE PARTOUT À TRAVERS LE MONDE

On ne s’étonnera guère de retrouver la présence de nombreux films iraniens dans la programmation 2009 du Festival. Cela a certainement beaucoup à voir avec la présence de Jafar Panahi à la barre du jury de la compétition officielle. Twenty, d’Abdolreza Kahani, fait partie du nombre des films iraniens s’étant frayé un chemin jusqu’à nous. Le récit de Twenty est ce qu’il y a de plus simple: des travailleurs risquent de tout perdre s’ils ne réussissent pas à convaincre leur patron de ne pas fermer le restaurant où ils travaillent. Comme dans la plupart des films iraniens, le propos de Twenty est surtout politique et se retrouve sous forme de métaphore au détour de cette histoire un peu cucul. Ce que semble affirmer le réalisateur, c’est que les problèmes nationaux de l’Iran proviennent d’une psychose qui serait l’affaire des autorités officielles, et qu’une fois cela traité, les idéaux de la révolution de 1979 pourraient potentiellement renaître de leurs cendres. Twenty n’est pas un grand film, tant s’en faut, mais c’est un film politique qui mérite le détour. (28, 29 et 30 août)

A Piece of Me, de Christoph Röhl, se retrouve au croisement de deux films américains suffisamment connus pour être ici cités, Juno et Knocked Up. Ben (Patrick Atzler) reçoit, un matin, une visite impromptue dans la cour de son école. Tina (Pia Micaela Barucki), jeune fille rencontrée lors d’une fête bien arrosée, vient lui demander conseil… Un film amusant, quoique légèrement moralisateur, sur la vie des ados. Un autre, certes, mais de fabrication allemande, cette fois. (28 et 29 août, 1er et 2 septembre) Autre produit allemand, le film Distanz, de Thomas Sieben, est une fable ultra-moderne et ultra-violente sur l’angoisse d’une société incapable de faire la paix avec son passé. À voir, ne serait-ce que pour ces raisons sociologiques. (28, 30 et 31 août)

De Belgique nous provient enfin The Over The Hill Band, film léger qui aborde la vieillesse avec beaucoup de délicatesse. Claire (Marilou Mermans) est veuve depuis peu. Sentant qu’il est de son devoir de remettre sur les rails la vie de son fils Alexander (Jan Van Looveren) avant qu’il ne soit trop tard, elle lui propose de former un groupe de musique pour le moins atypique qui se situerait quelque part entre la chanson française style Brel, et le R&B style Europe de l’Est… Ce film de Geoffrey Enthoven fait sourire et pleurer à la fois, et rarement pour les mauvaises raisons. Un Bandslam ou un High School Musical pour vieillards, le "happy ending" en moins. (28, 29 et 30 août)

Programmation complète sur www.ffm-montreal.org.