Festival des Films du Monde : Last call!
Cinéma

Festival des Films du Monde : Last call!

Après une première semaine fort chargée au Festival des Films du Monde, le temps est venu pour les festivaliers de reprendre leur souffle et de préparer leur plan de match en vue de cette deuxième et dernière semaine.

Pour les amants du grand air, pourquoi ne pas commencer cette seconde semaine sous les étoiles? D’abord, sur l’Esplanade de la Place des Arts, où vous pourrez assister à la projection extérieure de films de provenances diverses qui ont, à leur façon, marqué l’histoire du cinéma (2001: A Space Odyssey, North by Northwest, In the Mood for Love, etc.).

Ensuite, rendez-vous sous le chapiteau du Quartier latin, où est présentée la quasi-totalité des films québécois produits dans la dernière année. Tout cela gratuitement, bien entendu. Vous pourrez, en outre, voir ou revoir certaines des plus grandes productions de l’Office national du film en introduction à la plupart des projections prévues, une façon de rendre hommage à notre belle institution qui célèbre cette année son 70e anniversaire. Une joyeuse idée qui permettra aux cinéphiles de tous horizons d’assister à la projection de courts métrages de qualité, fleurons de l’ONF à travers les âges.

Toujours sous le sigle de la nostalgie, notons les projections du film Éloge du chiac: Part Two (3 et 4 septembre), de la cinéaste acadienne Marie Cadieux. Cette suite improbable du film Éloge du chiac (1969) de Michel Brault reprend, 40 ans plus tard, le questionnement sur l’état du français dans les régions acadiennes qu’avait autrefois mené le documentariste québécois. Difficile de faire aussi bien que Brault, mais avouons tout de même que le documentaire de Marie Cadieux fascine, ne serait-ce que parce qu’il remet en scène les intervenants de la première mouture, devenus adultes.

Dans la même veine, notons la présentation de Kamouraska (3 septembre), oeuvre du célèbre cinéaste québécois Claude Jutra, dans une version de 175 minutes remaniée par Jutra 10 ans après sa sortie en salle. Cette projection unique est présentée dans le cadre du projet Éléphant, mémoire du cinéma québécois.

LE REGARD AILLEURS…

Coproduction Indonésie, Pays-Bas, Allemagne et Suisse, Jermal, oeuvre commune des cinéastes Ravi L. Bharwani, Rayya Makarim et Orlow Seunke, est une histoire fascinante qui aborde principalement la thématique de l’exil. Après la mort de sa mère, le jeune Java (Iqbal S. Manurung) va rejoindre son père Johar (Didi Petet) sur un quai de pêche juché sur pilotis au milieu de la mer sur lequel travaillent, de façon illégale, de nombreux enfants. Java est longtemps laissé à lui-même au milieu de ces enfants farouches, son père refusant de reconnaître le lien filial qui les unit…

Mis à part les quatrième et cinquième actes qui impulsent maladroitement les justifications d’une rédemption douteuse, Jermal est un film bien réalisé qui stimule une réflexion nuancée sur l’humanité, réflexion qui renvoie intrinsèquement aux propos de Rousseau sur l’enfance, notamment. (3, 5 et 6 septembre)

Nunta Muta, du Roumain Horatiu Malaele, raconte l’histoire d’un jeune couple qui ne peut célébrer son mariage comme prévu, la mort de Staline ayant amené dans leur village des troupes russes qui promettent de faire respecter à tout prix le deuil national qui a été décrété par les autorités officielles. Mais voilà: impossible de repousser le mariage. La noce aura donc lieu comme prévu, mais dans le silence le plus complet…

On peut sans doute reprocher à cette fable en deux tons d’être parfaitement manichéenne d’un point de vue politique. Malgré cela, les scènes tantôt burlesques, tantôt franchement dramatiques mettent en place une réflexion intéressante sur le sens de la comédie qui rappelle le cinéma d’Emir Kusturica. (5 et 6 septembre)

Le vétéran Theo Angelopoulos propose enfin, avec I Skoni Tou Chronou, une réflexion extrêmement complexe – souvent confuse – sur la temporalité et l’histoire, tout cela sur fond de pensées sur le cinéma. Fascinant sous tous ses angles, le nouveau Angelopoulos laisse cependant parfois pantois, confiant au spectateur le soin de juger de la pertinence de certaines séquences pour ce qu’elles sont vraisemblablement, ou pour ce qu’elles signifient vraiment. OEuvre complexe, aride, mais tout de même stimulante, I Skoni Tou Chronou met en vedette Willem Dafoe, Michel Piccoli, Bruno Ganz et Irène Jacob. (4, 5 et 6 septembre)

DERNIER TOUR DE PISTE

Il serait dommage de passer sous silence les projections de Je suis heureux que ma mère soit vivante, de Claude et Nathan Miller (3, 4 et 5 septembre), Tatarak, du célèbre cinéaste polonais Andrjzej Wajda (3 et 5 septembre), Villa Amalia, adaptation du roman de Pascal Quignard selon Benoît Jacquot, mettant en vedette Isabelle Huppert (6 septembre), et la fiction Modernaire du Québécois Martin Laroche, long métrage de 71 minutes produit de façon indépendante avec un budget de 6000 $. Finalement, les programmateurs du FFM nous proposent The Everlasting Flame: Beijing Olympics 2008, de la documentariste chinoise Gu Jun, que l’on présentera en clôture de cette 33e édition du FFM qui se déroule, à ce jour, sous le signe de l’optimisme et du renouveau (7 septembre).

Pour en savoir plus: www.ffm-montreal.org