Festival international du film de Toronto : Sur la route de Toronto
Cinéma

Festival international du film de Toronto : Sur la route de Toronto

Le FFM à peine terminé, voilà que le 34e Festival international du film de Toronto, ou TIFF pour les intimes, célèbre à son tour le 7e art.

Pour la première fois depuis plusieurs années, les célébrations ne s’ouvrent pas avec un film canadien. La raison? Afin de souligner le 200e anniversaire de naissance de Charles Darwin, les programmateurs ont jeté leur dévolu sur Creation de Jon Amiel (Entrapment), où Paul Bettany incarne le célèbre scientifique aux côtés de Jennifer Connelly, sa compagne à la ville et à l’écran. L’honneur de clore le Festival revient à Jean-Marc Vallée et son biopic, produit par Martin Scorsese et la duchesse de York Sarah Ferguson, sur celle qui régna le plus longtemps sur l’Angleterre, The Young Victoria, où l’on retrouve Emily Blunt, Rupert Fiend, Miranda Richardson et… Paul Bettany.

Dans la catégorie Masters, La Donation de Bernard Émond, dernier volet de la trilogie sur les vertus théologales, met en vedette Élise Guilbault qui reprend son personnage de La Neuvaine. En plus des films lancés à Cannes (Antichrist de Lars Von Trier, Les Herbes folles d’Alain Resnais, Vincere de Marco Bellocchio et Le Ruban blanc de Michael Haneke), on pourra notamment voir le nouveau film de François Ozon, Refuge. Dans cette étude de caractères, Isabelle Carré et Melvil Poupaud incarnent un couple de toxicomanes attendant un enfant. Mais qu’est-il advenu de Ricky, son précédent film?

Force de la nature s’il est une, le centenaire Manoel de Oliveira propose une adaptation d’une nouvelle du Flaubert portugais, José Maria de Eça de Queiroz, Singularités d’une jeune fille blonde, où le petit-fils du réalisateur, Ricardo Trepa, incarne un comptable épris d’une coquette blonde. Alors que son très beau 35 rhums prenait l’affiche récemment sur nos écrans, Claire Denis revient avec White Material, film tourné au Cameroun, où elle a grandi; s’y partagent la vedette Isabelle Huppert et Christophe Lambert en propriétaires d’une plantation de café.

Dans la section Visions, outre l’insolite Face de Tsai Ming-Liang avec Fanny Ardant et Jean-Pierre Léaud, et le très intimiste Irène d’Alain Cavalier, lancés aussi à Cannes, mentionnons Trash Humpers de Harmony Korrine, qui se penche une fois de plus sur les laissés-pour-compte de la société américaine. Du côté du Contemporary World Cinema, mentionnons Le Temps qu’il reste d’Elia Suleiman, qui s’inspire de l’histoire de ses parents, The House of Branching World de Mika Kaurismaki, qui traite du divorce, et I Am Not Your Friend, de Gyorgi Palfi (Taxidermia), qui explore le thème de l’individualité.

Les Gala Presentations seront l’occasion de découvrir The Man Who Stares at Goats de Grant Heslov, où George Clooney interprète un soldat américain aux pouvoirs paranormaux qui se rend en Irak pour combattre le terrorisme, Micmacs à tire-larigot de Jean-Pierre Jeunet, avec Dany Boon qui cherche à se venger des fabricants d’armes ayant gâché son existence, et Chloe d’Atom Egoyan, remake de Nathalie… d’Anne Fontaine, avec Julianne Moore, Liam Neeson et Amanda Seyfried.

À Vanguard, Carcasses de Denis Côté, lancé à la Quinzaine des réalisateurs, côtoie les Gaspar Noé (Enter the Void), Andrea Arnold (Fish Tank) et Lou Ye (Spring Fever). Pas de doute, le prolifique cinéaste, qui tournera deux films cet automne!, ne passera pas inaperçu. À Midnight Madness, volet rappelant le festival Fantasia, la belle Megan Fox est possédée du démon dans Jennifer’s Body de Karyn Kusama, Jaume Balagueró et Paco Plaza en remettent avec [Rec2], Tony Jaa et Panna Rittikrai, avec Ong Bak 2: The Beginning, et George Romero propose son Survival of the Dead.

L’ouragan Xavier Dolan et son J’ai tué ma mère seront des Special Presentations, de même qu’Ethan et Joel Coen et leur A Serious Man, qui relate les tribulations d’un père de famille juif sur qui tous les malheurs s’abattent. S’y retrouvent, outre Étreintes brisées de Pedro Almodovar et Un prophète de Jacques Audiard, deux gros morceaux de Cannes, The Informant! de Steven Soderbergh, où Matt Damon se transforme en cadre d’un géant agroalimentaire collaborant avec le FBI, et Capitalism: A Love Story, où Michael Moore s’en prend à Wall Street. Dans des registres totalement opposés, deux films ont pour décor l’apocalypse: Les Derniers Jours du monde d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu avec Mathieu Amalric, et The Road de John Hillcot, d’après le roman de Cormac McCarthy, avec Viggo Mortensen.

Côté courts, Félix Lajeunesse et Paul Raphaël défendent les couleurs du Québec avec Tungijuq, lequel se veut une réflexion sur les traditions inuites, alors que Caroline Monnet se penche sur l’héritage algonquin avec Ikwé. Pour sa part, Anne Émond s’intéresse à l’avortement dans Naissances, tandis que M. de Félix Dufour-Laperrière se veut une explosion de formes abstraites en noir et blanc. Enfin, Maxime Dumontier et Vincent Proulx-Hébert incarnent deux frères dont la vie est bouleversée à la suite d’un cambriolage perpétré chez eux dans La vie commence d’Émile Proulx-Cloutier.

Pour en savoir plus: www.tiff.net.
Lisez le blogue Cinémaniaque.

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UN VENT DE CONTROVERSE SOUFFLE SUR TORONTO

Au moment d’aller sous presse, on apprend que des artistes et des intellectuels, dont Ken Loach, Elia Suleiman, David Byrne et Naomi Klein, ont signé une pétition dans laquelle ils accusent le TIFF de se faire complice de la machine de propagande israélienne parce que la catégorie City to City rend hommage à Tel-Aviv. En guise de manifestation, le cinéaste canadien John Greyson, auteur de la pétition avec neuf autres Torontois, a retiré son court métrage Covered de la programmation le 27 août dernier.