Course Estrie : Ma région, ce n'est pas une région, c'est un court
Cinéma

Course Estrie : Ma région, ce n’est pas une région, c’est un court

La Soirée Première de la Course Estrie 2009 présente 14 courts métrages posant autant de regards frais sur comment on vit en Estrie aujourd’hui.

Marc Lepage, un des sept concurrents de la Course Estrie 2009, avoue candidement que ses collègues et lui (William Blanchet, Fannie Fortin, Olivier Gagné, Mathieu Gagnon, Luc Gervais, Dominique Loubier) se regardaient en chiens de faïence au moment de faire connaissance. Différence d’âge, déséquilibre dans la maîtrise des aspects techniques: tout les séparait. Les voici, quelques mois plus tard, bras dessus bras dessous, mais néanmoins bien prêts à s’affronter lors de la Soirée Première, pendant laquelle seront projetés leurs 14 films (documentaires et fictions) réalisés dans sept MRC de la région.

Denise Provencher, la femme derrière le concept, analyse: "C’est comme si les 14 plateaux de tournage n’avaient formé en bout de ligne qu’un seul plateau. Les jeunes parlent même de mettre sur pied une coopérative de production."

COURIR L’ESTRIE

Tourner dans sa région, dans sa rue, Benoît Pilon connaît; le président d’honneur de la Soirée Première a remporté le Jutra 2004 du meilleur documentaire québécois pour Roger Toupin, épicier variété, chronique d’un commerce dont il était voisin. "C’est toujours intéressant de chercher près de chez soi des sujets, des histoires, des personnages, parce que c’est très riche et parce qu’on a souvent tendance à penser qu’il y a juste ce qui vient d’ailleurs qui est intéressant", estime-t-il.

Louable antidote à cette indifférence, selon le réalisateur de Ce qu’il faut pour vivre, la Course propulse les jeunes cinéastes vers leur région: "Je pense que c’est très important d’aller voir ailleurs, mais je pense que c’est aussi important d’avoir un équilibre entre les deux. Cette initiative-là permet à des jeunes de jeter un regard sur leur coin de pays. Ça les force à regarder une réalité qui est proche d’eux sous des angles différents, ce qui est très formateur."

AUJOURD’HUI AUSTIN, DEMAIN L’OCÉANIE

"Même s’il y a eu des grands films documentaires populaires dans les 10 dernières années, le genre est largement sous-estimé", observe Benoît Pilon, qui se réjouit que la Course ne jure pas que par la fiction. "Comme praticien du cinéma, faire des documentaires, c’est fascinant, parce que tu pars du réel, de personnages que tu interprètes nécessairement, poursuit-il. Tu utilises les moyens du cinéma, le cadrage, le montage, et tu finis quand même par raconter une histoire, au bout du compte."

Marc Lepage, qui n’avait jamais tâté du documentaire avant la Course, abonde dans le même sens. Le Sherbrookois compte d’ailleurs mettre à profit son expérience de coureur en Océanie, pour laquelle il lève l’ancre bientôt. Mais avant tout embarquement, il faudra présenter ses deux courts, dont un tourné à Austin: "J’ai filmé une jeune fille de 25 ans qui donne des cours de théâtre à des retraités." Comme quoi les bonnes histoires ne snobent aucun terreau.

Le 1er octobre à 20h
Au Théâtre Granada

À voir si vous aimez /
Müvmédia.tv, l’émission Fais ça court!, Kino

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LA COURSE AU TEMPS DU WEB 2.0

À l’heure où le court métrage connaît un essor, grâce entre autres au Web 2.0, d’aucuns pourraient remettre en question la pertinence de la Course Estrie. Pas Benoît Pilon, pour qui rien n’endurcit autant que de se colletailler dès le début de son parcours avec les contingences financières du milieu. "Quand on aspire à devenir cinéaste, c’est des choses que l’on doit apprendre tôt ou tard que d’avoir à "dealer" avec une structure, un budget, un horaire." Denise Provencher plaide pour sa part l’exhaustivité de la Course: "Les jeunes reçoivent une formation de haut niveau en début de parcours, les scénarios sont lus et commentés par des scénaristes professionnels. C’est une expérience complète qu’on leur fait vivre en tant que réalisateurs."