image+nation 22 : Quêtes d'identité
Cinéma

image+nation 22 : Quêtes d’identité

Pour sa 22e édition, image+nation, le doyen des festivals de films LGBT au Canada, offre un menu copieux et diversifié. Coup d’oeil sur la première semaine.

Le festival image+nation permet d’explorer chaque année la vitalité du cinéma à thématiques LGBT d’ici et d’ailleurs. Durant 11 jours, les films se suivent et ne se ressemblent pas. La 22e édition offre 36 fictions, 9 documentaires et une cinquantaine de courts métrages, un assortiment d’oeuvres indépendantes ayant été primées et encensées dans le circuit festivalier mondial. Certains films seront marquants, d’autres, bien au contraire, nous quitteront aussitôt que nous aurons regagné la lumière. Mais toujours, grâce aux discussions, aux rencontres et aux tables rondes, la réflexion, l’expression et la célébration demeureront, tel que le souhaitent les organisateurs, au coeur de l’événement.

C’est Hollywood, je t’aime, premier film de l’États-Unien Jason Bushman, qui donne le coup d’envoi. Décevante, réalisée maladroitement, la comédie dramatique relate les mésaventures hollywoodiennes, et pourtant terriblement banales, d’un Parisien en peine d’amour. Eric Debets interprète le rôle principal avec bien peu de conviction, mais Chad Allen est un irrésistible beach bum, et Michael Airington, une émouvante drag-queen. Le film d’ouverture sera précédé d’un court métrage soigné et percutant du Canadien Jamie Travis, The Armoire, dernier volet d’une trilogie intitulée The Saddest Children in the World.

COMÉDIES MUSICALES

Les amateurs de comédies musicales seront heureux d’apprendre que trois films du genre sont au menu du festival. Avec The Big Gay Musical, les États-Uniens Caspar Andreas et Fred M. Caruso tirent habilement profit d’un bon vieux procédé. Durant les représentations d’un spectacle off-Broadway (une relecture pas du tout orthodoxe de la Genèse), on découvre que la vie des membres de la troupe fait drôlement écho à celle des personnages qu’ils interprètent sur scène. Coupant court à toute mièvrerie à grand coup de dérision, le film parle de sexe, mais aussi d’amour, d’engagement et de spiritualité. Les airs sont entraînants, les textes, percutants, les chorégraphies, affriolantes et les deux héros, Eddie (Joey Dudding) et Paul (Daniel Robinson), trop mignons.

Avec Fruit Fly (il s’agit d’une expression imagée pour fag hag), son premier film, l’États-Unien H. P. Mendoza donne une voix (c’est le cas de le dire) à un groupe de jeunes artistes san franciscains dont la plupart sont d’origine asiatique. En pleine quête d’identité, dotée d’un indéniable sens de la fête, cette faune attachante est composée de chanteurs, performeurs, comédiens et vidéastes qui ne sont pas sans rappeler les protagonistes de Rent, la comédie musicale de Jonathan Larson. Tout cela est fait sans prétention, sans pathos, mais avec rigueur. Les airs sont accrocheurs, les musiques, adorablement kitsch, les chorégraphies, désopilantes et les prises de vue, imaginatives. On les voudrait pour amis.

Dans un tout autre registre, le Canadien John Greyson, à qui l’on doit notamment Lillies, Zero Patience et Urinal, donne cette fois Fig Trees, un documentaire superbe et érudit, un ravissement pour les yeux et les oreilles. Des entrevues avec les héros de la lutte antisida sont entrelacées avec un collier de chansons populaires joyeusement trafiquées et les fragments d’un opéra atonal où l’on croise sainte Thérèse d’Avila, Gertrude Stein et un écureuil albinos! Le film est truffé de prises de position radicales, notamment à propos des compagnies pharmaceutiques et de l’engagement politique des célébrités. Cette méditation fantaisiste, drôle, revendicatrice et sophistiquée est un must.

AUSSI

Aussi au menu de la première semaine: Ander, le premier film gai en provenance du Pays basque; Shank, un film britannique qui nous entraîne de manière rude mais plus ou moins convaincante dans la réalité des gangs de rue; Oy Vey! My Son is Gay!, une comédie dans le style de Mambo Italiano qui avait fait parler d’elle lors du dernier FFM; Beyond Gay: The Politics of Pride, un film bouleversant et hautement nécessaire sur les événements de la fierté gaie à l’échelle internationale; et Donne-moi la main, un road movie un peu long mais d’une grande beauté formelle sur le rapport trouble qu’entretiennent des frères jumeaux. Terminons en mentionnant qu’une rencontre se tiendra au Goethe-Institut le 25 octobre à 15 h 15 avec cinq jeunes réalisateurs de courts métrages: Dominic Goyer, Anne De Léan, Jasmine Gervais, Olivier Lessard et Étienne Desrosiers.

Jusqu’au 1er novembre
Au Cinéma Impérial (1432, rue De Bleury), à la Salle J.A. de Sève (Université Concordia, 1400, boulevard De Maisonneuve Ouest) et au Goethe-Institut (418, rue Sherbrooke Est)
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