Festival de films francophones Cinemania : Bons baisers de France
Du 5 au 15 novembre, le Festival de films francophones Cinemania célèbre ses 15 ans au Cinéma Impérial. Voyons ce que nous réserve la première semaine.
Afin de commencer les célébrations dans la joie et la légèreté, c’est le Woody Allen français, Emmanuel Mouret, qui ouvre le bal avec Fais-moi plaisir! où il incarne un homme forcé par sa compagne (Frédérique Bel) de la tromper afin de sauver leur couple. (5 et 6 nov.) Le film prend l’assaut de nos écrans le 20 novembre!
Après s’être intéressé à la pub avec 99 f, Jan Kounen se penche sur les amours extraconjugales du compositeur du Sacre du printemps (le séduisant Mads Mikkelsen) avec la grande demoiselle de la mode (la très élégante Anna Mouglalis) dans l’élégant et froid Coco Chanel et Igor Stravinsky. Plus emballant que le Coco avant Chanel d’Anne Fontaine… (6 et 12 nov.)
Pour sa part, Stéphane Brizé, qui sera aussi des festivités, explore avec délicatesse et force non-dits l’adultère dans Mademoiselle Chambon, où Sandrine Kiberlain fait doucement perdre la tête à Vincent Lindon, marié à Aure Atika, tous trois offrant de belles performances nuancées. (7 et 8 nov.)
On retrouve également Lindon dans Welcome, de Philippe Lioret, où il vient en aide à un jeune réfugié kurde (Firat Ayverdi) afin d’impressionner son ex (Audrey Dana). Si les motivations des personnages tombent par moments dans l’exagération, Welcome illustre avec émotion et empathie le drame de milliers de réfugiés en France. (6 et 7 nov.)
Au côté de Jean-Paul Rouve et d‘Adrien Jolivet, Roschdy Zem fait les yeux doux à Marie Gillain alors que tous quatre doivent mettre la main sur des documents compromettants d’une multinationale qui leur pollue l’existence dans l’amusante et sympathique comédie à saveur sociale La Très, Très Grande Entreprise de Pierre Jolivet, qui signait en 1999 Ma petite entreprise. En prime: Manu Katché signe la trame sonore! (6 et 9 nov.)
Enfin, soulignons la performance étonnante d’Emir Kusturica dans L’Affaire Farewell, drame d’espionnage aux charmantes allures vieillottes, campé durant la guerre froide, de Christian Carion où, dans la peau d’un colonel du KGB, le cinéaste serbe fait appel à un ingénieur français (Guillaume Canet) afin de faire chuter le système.
Rencontré au Festival de Toronto, Carion, qui a dû abandonner l’idée de travailler avec Nikita Mikhalkov à cause d’un autre tournage, a ainsi expliqué son choix:
"Cette histoire est russe, je voulais donc la raconter avec des acteurs russes. Nikita m’a alors présenté des acteurs russes. Je rencontre donc une espèce de Daniel Auteuil russe. Je commence à travailler avec lui, puis, il commence à subir des pressions du ministre de la Culture. Ancien membre du KGB et connaissant bien cette affaire, ce dernier lui a dit qu’il ne pouvait pas faire cela au peuple russe qui l’aime pour son talent, soit de défendre un traître. J’ai compris que je ne pourrais pas tourner avec des Russes à Moscou. Je me suis donc tourné vers un acteur d’un pays de l’Est qui parle russe sans être russe. J’ai ainsi choisi Emir, qui a été très courageux et qui a travaillé fort pour apprendre le français et réapprendre le russe." (11 et 13 nov.)
www.cinemaniafilmfestival.com
Les frais du voyage à Paris ont été payés par Unifrance.
J’ai toujours rêvé d’être un gangster
Clin d’oeil à une réplique de Goodfellas de Scorsese, ce deuxième long métrage de Samuel Benchétrit rappelle par sa galerie de paumés sympathiques les usurpateurs doux dingues qu’incarnaient Marie Trintignant et François Cluzet dans Janis et John, première incursion de l’acteur, romancier et metteur en scène derrière la caméra.
"J’ai de la tendresse pour mes personnages, racontait le réalisateur rencontré l’an dernier à Paris, je suis contre le cynisme. Pour moi, ce sont des êtres malheureux très drôles."
Ainsi, l’on retrouve dans cette comédie noire, dont la structure évoque Pulp Fiction, Édouard Baer en escroc qui tente de braquer, sans arme, Anna Mouglalis en serveuse de cafétéria armée, Arno et Alain Bashung se disputant les droits d’une chanson volée, tandis que Jean Rochefort, Laurent Terzieff et leurs vieux potes fomentent un dernier délit et que Bouli Lanners et Serge Larivière ont maille à partir avec leur otage.
Remplaçant Sergi Lopez, qui s’est blessé avant le tournage, Baer incarne ici un personnage à des lieues de l’image qu’il projette, c’est-à-dire sans panache: "Je voulais opposer une Anna Mouglalis glaciale à un Édouard Baer fragile parce que je souhaitais instaurer une cassure", révélait Benchétrit.
Pour J’ai toujours rêvé d’être un gangster, campé en majeure partie dans une cafétéria anonyme que le réalisateur a repérée à 15 km de Paris, Samuel Benchétrit désirait aussi saluer le cinéma ayant marqué sa jeunesse, d’où le choix du noir et blanc. "Même si je trouve le noir et blanc à la télé ennuyeux, avouait-il, je ne peux y renoncer parce qu’il renforce la gueule des acteurs et qu’il démontre qu’on n’est pas dans la réalité." (6 et 7 nov.)