2012 : Prions, c'est l'heure!
Cinéma

2012 : Prions, c’est l’heure!

2012, de Roland Emmerich, spécialiste des films catastrophe, nous offre un festival d’effets spéciaux sur fond d’apocalypse.

Que l’on soit friand ou non du film dit de catastrophe, l’on s’attend à être décoiffé, soufflé et, tant qu’à y être, effrayé par moult scènes à grand déploiement où notre belle planète en prend pour son rhume. Et pour alléger l’atmosphère, quoi de mieux que quelques répliques amusantes et scènes cocasses? Hélas, chez Roland Emmerich, tâcheron ès arts (Independence Day, Godzilla, The Day After Tomorrow), l’humour n’est pas au rendez-vous pour cette fin du monde, prévue en 2012 par les Mayas, dixit un animateur de radio illuminé (Woody Harrelson, caricatural).

Certes, on sourit en entendant l’accent autrichien du gouverneur de Californie, "un acteur qui ne fait que lire un scénario!" dira le romancier qu’interprète en mode mélo John Cusack, et en voyant la reine d’Angleterre fuir en compagnie de ses toutous… Toutefois, en dehors de ces rares clins d’oeil, Emmerich sert généreusement des dialogues d’une ineptie embarrassante, surchargés d’idées bien-pensantes et moralisatrices, le tout réchauffé à la sauce religieuse.

Car qui dit "fin du monde" pense inévitablement au Jugement dernier et à l’Apocalypse. Ainsi, alors que de pauvres pécheurs périront lors des cataclysmes, lesquels semblent être un best-of, à gros budget, de tous les films ayant nourri l’imaginaire d’Emmerich, ce dernier montrera le Christ du Corcovado s’écrouler et les mains d’Adam et de Dieu se séparer au plafond de la chapelle Sixtine. La rumeur veut qu’il ait coupé au montage la scène où La Mecque est détruite, craignant qu’on décrète une fatwa…

Par la suite, on en sera quitte pour un retour vers l’Ancien Testament alors que des animaux sont transportés vers les immenses arches construites en Chine, où certains ont payé un milliard d’euros pour s’y retrouver. Ceux-ci se rappelleront cruellement ce que Jésus dit à un jeune homme riche à propos d’un chameau et du chas d’une aiguille… Pendant ce temps, un flirt aussi chaste que prévisible se joue entre un séduisant scientifique et la plus que belle fille du président des États-Unis (Chiwetel Ejiofor et Thandie Newton, honorables).

Après d’improbables poursuites dans tous les transports possibles et imaginables, doublées de contretemps qui se veulent haletants mais qui ne font qu’étirer vainement le récit rachitique, Roland Emmerich laisse entendre par une finale qui se veut grandiose qu’il pourrait bien y avoir une suite à 2012. Misère!

À voir si vous aimez /
The Towering Inferno de John Guillermin et Irwin Allen, The Poseidon Adventure de Ronald Neame et Irwin Allen, Airport 77 de Jerry Jameson