An Education : Une jeune fille dans le vent
À travers An Education, Lone Scherfig, réalisatrice d’Italian for Beginners, parle de son amour des années 60.
Prix du public et de la meilleure photographie à Sundance, la nouvelle réalisation de la Danoise Lone Scherfig était très attendue lors du dernier festival de Toronto où elle fut l’une des plus charmantes surprises. Campé dans l’Angleterre du début des années 60, peu avant que quatre garçons dans le vent fassent leur apparition, An Education, adaptation des mémoires de Lynn Barber scénarisée par Nick Hornby (High Fidelity, About a Boy), suit les tribulations de Jenny (Carey Mulligan, vue dans Pride and Prejudice de Joe Wright), première de classe de 16 ans rêvant d’entrer à Oxford, qui découvre les plaisirs que la vie peut lui offrir.
"J’avais 22 ans lors du tournage, se souvient la jeune révélation du film. Dans le scénario, Jenny est très intelligente, elle n’est pas comme les autres filles de son âge. Évidemment, comme elle a 16 ans, j’ai essayé d’élever légèrement le timbre de ma voix, mais puisqu’elle est sur le point de passer à l’âge adulte, elle me rejoignait d’une certaine façon."
Film d’époque oblige, Mulligan, dont l’allure et l’énergie rappellent Anna Karina et Audrey Hepburn, porte différentes toilettes qui rendront dingues les nostalgiques de l’époque. Toutefois, ce ne fut pas le cas pour l’actrice née en 1985.
"Je ne me suis pas concentrée sur les années 60, a-t-elle avoué, pas plus que je n’ai vraiment pensé à ces deux actrices. Ce qui m’intéressait, c’était les origines de mon personnage, la façon dont les femmes s’habillaient à l’époque, d’imaginer comment Jenny se serait maquillée, coiffée et habillée pour ses sorties. C’est dangereux de penser à l’époque parce qu’on peut négliger l’histoire qu’on raconte."
Née en 1959, Lone Scherfig, fan finie de la série Mad Men, jubile dès qu’on aborde les années 60: "Je suis totalement fascinée par cette époque, sans doute parce qu’elle correspond à mon enfance. Je ne saurais cependant expliquer pourquoi ces années sont si souvent représentées au cinéma et à la télévision depuis quelques années. Peut-être parce que les choses étaient plus simples à l’époque et que le futur s’annonçait clément."
Enfin, revenant sur une autre époque marquante de sa vie, son implication dans Dogme 95, la réalisatrice a cette réponse d’une franchise désarmante: "C’est un bon chapitre de ma vie, car cela m’a appris à ne pas vouloir tout contrôler, à ne pas chercher à atteindre la perfection et à avoir foi en le moment présent. En revoyant le film, je me suis rendu compte qu’il y avait plus de caméra à l’épaule, plus d’effets Dogme que dans mon souvenir, surtout dans les scènes tournées à Paris. Le directeur photo, John de Borman, qui est à moitié français, partage cette même nostalgie que moi. L’intention était de rappeler les films de la Nouvelle Vague que Jenny aime, et non de tourner à la manière de ces films, car ce qui importe avant toute chose, c’est le personnage, le scénario."
À voir si vous aimez /
The Prime of Miss Jean Brodie de Ronald Neame, Bande à part de Jean-Luc Godard, Sabrina de Billy Wilder