Fantastic Mr. Fox : Réveiller la bête
Cinéma

Fantastic Mr. Fox : Réveiller la bête

Avec Fantastic Mr. Fox, le duo Wes Anderson/Noah Baumbach transfère la thématique de la famille dysfonctionnelle dans l’univers onirique et noir du romancier Roald Dahl.

"À la fin du jour, nous sommes juste des animaux." L’expression est cocasse dans la bouche d’un renard. Raison pour laquelle, peut-être, Wes Anderson a décidé d’adapter le conte de Roald Dahl, auteur prolifique à l’univers aussi noir qu’onirique (James and the Giant Peach, Charlie and the Chocolate Factory). Sûrement, aussi, pour ce que le projet comportait de défi technique: 124 000 photographies à monter en stop motion, et une armée de mains maniaques pour fabriquer de toutes pièces les personnages et le décor réaliste dudit fantastique Monsieur Renard (George Clooney) – la campagne anglaise en miniature, fermiers stupides et dangereux en sus.

Le résultat est à la mesure de l’imaginaire du réalisateur et de sa moitié, Noah Baumbach, coscénariste. Pour donner vie aux aventures galopantes de ce renard existentialiste et rebelle, qui entraîne dans une folle poursuite les membres de sa famille et de sa communauté, le réalisateur n’a pas hésité à prendre des distances avec le récit initial, en y injectant sa propre vision du monde, tendre et caustique.

Aussi, la cellule familiale, père, mère (Meryl Streep), fils en mal de reconnaissance (Jason Schwartzman), devient, face à l’adversité (apparition du cousin trop parfait et destruction du foyer protecteur), le théâtre de conflits intérieurs: Doit-on renoncer à ce qui nous différencie des autres ou, au contraire, en tirer parti? Comme c’était le cas pour la famille Tenenbaum, les auteurs ont choisi la deuxième option: au final, en mode survie, le clan se soude, chacun trouvant une place qui lui est propre à l’intérieur de la mécanique comme dans Ocean’s Eleven.

Feel-good movie, Fantastic Mr. Fox possède les attraits des précédentes oeuvres d’Anderson: atmosphère légèrement décalée (soutenue par une excellente bande son très 70′ et le ton monocorde des voix); casting irréprochable (Bill Murray et Owen Wilson, évidemment, et Georges Clooney, tout en nuances); dialogues ultra-sophistiqués à l’humour aiguisé; rythme soutenu (insertion, typique, de scénettes explicatives pour les parties techniques et l’historique psychologique des personnages). Du coup, on n’est pas surpris si on est connaisseur de l’univers d’Anderson, mais pour autant, le charme opère.

À voir si vous aimez /
L’oeuvre de Wes Anderson, Alice de Jan Svankmajer, Le Rock du méchant loup d’Elisabeta Bostan