Denis Villeneuve : Cinéma
Cinéma

Denis Villeneuve : Cinéma

Débutant en beauté la décennie avec Maelström, Denis Villeneuve s’est tourné vers la pub et le clip quelques années avant de revenir en force avec Next Floor et Polytechnique. En attendant Incendies, voici ses réflexions sur l’état de notre cinéma.

Les enveloppes à la performance récompensant les producteurs selon le box-office obtenu n’ont toujours pas fait la preuve que ceux-ci sont mieux placés que les institutions pour choisir les projets. Dans plusieurs cas, cela donne des films convenus où le réalisateur n’est plus un auteur, mais un exécutant choisi pour sa capacité à respecter un horaire de travail et non pour sa créativité. Cela sera nocif pour notre cinéma à long terme puisqu’une grande partie de l’argent disponible est investie dans ce type de projets sélectionnés en fonction de (faux*) critères de rentabilité plutôt que dans les projets novateurs. Erreur grave. Un film est avant tout une oeuvre artistique. Il faut choisir le risque, les chocs, la création, si on veut un cinéma vivant qui sort de nos frontières.

La générosité

Jean-Marc Vallée (C.R.A.Z.Y.), Jean-Philippe Duval (Dédé à travers les brumes), Ricardo Trogi (Québec-Montréal) et Jean-François Pouliot et Ken Scott (La Grande Séduction) ont rapporté une générosité à notre cinéma que seul Denys Arcand portait à bout de bras. Un rapport à l’autre manquant généralement dans la création narcissique des années 90.

La créativité

Pour ce qui est du futur, sur le plan créatif, si on lui en donne les moyens, je suis très optimiste pour le cinéma québécois. Cette décennie aura été indéniablement pour moi celle du court métrage. C’est là que j’y ai vécu mes plus belles surprises. Sébastien Pilote, Maxime Giroux, Émile Proulx-Cloutier, Guy Édoin, Pedro Pires, Nicolas Roy. Attachez vos tuques. Ils arrivent. (Bravo, Prends ça court!)

Je lève aussi mon chapeau bien haut aux nouveaux cinéastes bourrés de talent suivants, qui vont grandir dans la prochaine décennie: Stéphane Lafleur, Philippe Falardeau, Louise Archambault, Francis Leclerc, Anaïs Barbeau-Lavalette, Hugo Latulippe, Benoit Pilon, Yves Christian Fournier, Denis Côté, Sophie Deraspe, Noël Mitrani, Sébastien Rose et Xavier Dolan, qui fait du Woody Allen Nouvelle Vague avec une fraîcheur réjouissante.

(*Si l’on tient à parler d’argent, arrêtons de dire n’importe quoi: un film ne peut être rentable qu’uniquement s’il est vendu à l’international, le marché local étant trop petit.)

Denis Villeneuve