Revue 2009 / Cinéma international : Avatar, et après?
De quoi fut fait le cinéma en 2009? De taulards, de bâtards et d’avatars. Et quoi encore?
Pour plusieurs critiques de cinéma, l’année commence en mai, au Festival de Cannes, là où réalisateurs émérites et montants sortent l’artillerie lourde, et se termine en décembre, au moment où d’autres gros canons se pointent au grand écran juste à temps pour se retrouver en lice pour les Golden Globes, lesquels donnent une bonne idée de ce que sera la cérémonie des Oscars.
Quels furent donc les films marquants? D’abord cette Palme d’or remportée par Michael Haneke pour Das Weisse Band, laquelle a échappé de justesse au drame carcéral Un prophète de Jacques Audiard, qui a tout de même mis la main sur le Grand Prix. Ces deux films, qui prendront l’affiche dans les prochains mois sur nos écrans, ne sont pourtant pas ceux qui ont causé le plus d’éclat.
De fait, c’est Lars von Trier qui a créé le chaos avec son Antichrist, où il fait subir à Charlotte Gainsbourg, lauréate du Prix d’interprétation féminine, les pires châtiments, et Quentin Tarantino, qui en a fait jubiler plus d’un avec sa relecture de l’histoire, Inglourious Basterds, film pour lequel l’Autrichien Christoph Waltz a ravi le Prix d’interprétation masculine à Brad Pitt.
S’il est revenu bredouille de Cannes, Tarantino peut se targuer de se retrouver dans la liste des meilleurs films pour les Golden Globes auprès de Precious de Lee Daniels, mélo sordide défendu magistralement par Mo’Nique, The Hurt Locker, bouleversant drame de guerre réalisé par Kathryn Bigelow, Avatar de James Cameron et Up in the Air du Montréalais Jason Reitman, qui domine avec six nominations, dont celle du meilleur acteur pour George Clooney, plus charismatique que jamais.
La comédie musicale Nine de Rob Marshall suit de près avec cinq nominations; la flamboyante Penélope Cruz, que l’on retrouve dans Los Abrazos rotos de Pedro Almodóvar, retenu dans la catégorie du meilleur film étranger avec ceux de Haneke et d’Audiard, y pousse la chansonnette. Le Québec est représenté d’une certaine façon puisque Jean-Marc Vallée voit l’interprète de sa Young Victoria, Emily Blunt, dans la course pour la meilleure actrice.
Bien que favoris dans le coeur des cinéphages, si l’on se fie au box-office, les vampires pseudo-victoriens de Twilight de Chris Weitz, le film catastroph(iqu)e 2012 et le jouissif Star Trek de J.J. Abrams sont totalement absents du palmarès. Inexplicablement, la comédie romantique éculée It’s Complicated figure au palmarès des meilleures comédies aux Golden Globes, aux côtés du plus que charmant (500) Days of Summer de Marc Webb…
Du côté de l’animation, on a eu droit à des bijoux avec Coraline de Henry Selick, The Fantastic Mr. Fox de Wes Anderson et Up de Peter Docter et Bob Peterson, film d’ouverture à Cannes. Et que dire des charmants monstres de Spike Jonze dans Where the Wild Things Are?
Parlant d’animation, après une absence de 12 ans, monsieur Titanic en personne, James Cameron, revient avec Avatar, conte écolo composé de 60 % d’images de synthèse ayant coûté quelque 300 M$. Bénéficiant d’une technologie 3D à couper le souffle, Avatar marquerait une grande étape dans le cinéma, à l’instar de Citizen Kane et 2001: A Space Odyssey à leur époque.
Certes, Cameron possède le génie technologique, mais côté scénario, on ne peut pas dire qu’il se démarque avec brio. S’il réussit avec Avatar à ramener les gens dans les salles de cinéma, les cinéphiles en manque de bonnes histoires risquent de rester sur leur faim. Est-ce vraiment souhaitable pour l’avenir du septième art?
Top 5 International /
1. Inglourious Basterds, de Quentin Tarantino
Un scénario béton, une mise en scène ample et dynamique et une distribution du tonnerre: That’s a Bingo! (K.L.)
2. Das Weisse Band, de Michael Haneke
Le génie cinématographique de Haneke, lauréat de la Palme d’or, au service d’un récit prophétique qui traite de la répression de la jeunesse allemande à l’aube de la Première Guerre mondiale. (G.F.)
3. Un prophète, de Jacques Audiard
Ce drame carcéral d’une rare puissance, aux accents oniriques envoûtants, méritait tout à fait le Grand Prix à Cannes. (M.D.)
4. (500) Days of Summer, de Mark Webb
Une comédie romantique qui n’en est pas une, un effort résolument ludique de travestissement des codes cinématographiques qui est simplement jouissif. (G.F.)
5. Where the Wild Things Are, de Spike Jonze
À la fois naturaliste et lyrique, cet euphorisant film sur l’enfance ravit les sens à chaque instant. (K.L.)