The Imaginarium of Doctor Parnassus : Dans la tête de Terry Gilliam
The Imaginarium of Doctor Parnassus serait le film le plus personnel du très imaginatif Terry Gilliam.
Présenté à Cannes hors compétition, The Imaginarium of Doctor Parnassus a fait couler beaucoup d’encre en raison du décès de Heath Ledger durant le tournage. Rencontré brièvement au Festival de Toronto, le réalisateur Terry Gilliam (Brazil, Twelve Monkeys) racontait: "Dans Imaginarium, j’explore ce sens de notre mortalité. Il s’agit d’un conte de fées qui invite à rêver tout en demeurant aux aguets. Nous n’avons pas eu à changer le scénario. Il y a eu des détails mineurs à modifier pour des scènes que Heath n’avait pas pu terminer, mais aucune ligne de dialogue n’a été changée. Évidemment, c’était par moments éprouvant…"
Ainsi, dès que le personnage de Ledger traverse le miroir magique du docteur Parnassus (Christopher Plummer), celui-ci prend l’aspect de Johnny Depp, de Jude Law et de Colin Farrell, qui l’ont remplacé au pied levé. Chaque fois qu’un spectateur de la troupe de théâtre ambulant se rend de l’autre côté du miroir, c’est aussi l’imagination délirante de Gilliam qui prend vie.
"Nous vivons à une époque où la télévision et le cinéma sont censés être des miroirs de notre société, explique-t-il, mais en fait, ils mentent. Dans mon film, le miroir permet d’entrer dans des univers merveilleux, mais il faut y être prudent car certains peuvent être dangereux."
Dans cette explosion de formes et de couleurs, l’on retrouve des images rappelant Bosch, Klimt et Dali: "Bosch et Bruegel l’Ancien m’ont toujours grandement inspiré; lorsque j’étais plus jeune, il y avait Dali… Magritte, Max Ernst… la liste est sans fin! J’étais particulièrement attiré par les surréalistes parce qu’ils avaient le don de juxtaposer des éléments qui n’allaient pas vraiment ensemble. Comme dans Alice au pays des merveilles, on essaie de trouver un sens à tout cela. C’est ainsi que de nouvelles idées font surface, si on se laisse aller. Lorsque je suis à court d’inspiration, je vais au musée national et après un quart d’heure à me promener d’une oeuvre à l’autre, j’ai 10 millions d’idées à la fin de la journée."
À propos de son imagination débordante, l’ex-dessinateur tente une explication: "Je ne sais pas d’où cela me vient. Je lis beaucoup, je vais au musée, avant, je regardais des films. Je m’inspire de tout. J’aime particulièrement la peinture; les grands peintres ouvrent des fenêtres sur d’autres mondes. Les livres le font aussi… les films, un peu moins, surtout ceux qu’on fait de nos jours. Lorsque j’étais jeune, le cinéma a été une grande source d’inspiration, mais je dirais qu’aujourd’hui, je m’intéresse à tout."
De l’avis des producteurs, dont sa fille Amy Gilliam, Parnassus serait en fait l’alter ego de Gilliam: "C’est à cause de la barbe! J’ai aussi une fille que j’ai vendue au diable (ndlr: incarné ici par Tom Waits). Je m’identifie à cet homme qui s’entête à monter des spectacles malgré l’indifférence des gens, comme moi qui m’entête à faire des films qui stimulent l’imaginaire, alors que le public a plus envie de voir Saw 1, 2, 3, 4, etc.", conclut, avec un sourire légèrement voilé d’amertume, Terry Gilliam.
En salle le 25 décembre
THE IMAGINARIUM OF DOCTOR PARNASSUS
On voudrait crier au génie devant le dernier-né de Terry Gilliam, or, l’on ressent plutôt de la tristesse. Et ça n’a rien à voir avec la dernière apparition du talentueux Heath Ledger, remplacé efficacement par Johnny Depp, Jude Law et Colin Farrell. En fait, avec The Imaginarium of Doctor Parnassus, l’ex-Monty Python signe son oeuvre la plus baroque. Du baroque avec un grand B, devrions-nous dire! Ainsi, à travers cette explosion de formes, de textures et de couleurs, truffée d’éblouissants clins d’oeil à ses oeuvres les plus marquantes, Gilliam nous entretient de la mort et du combat, parfois vain, contre le manque d’imagination ambiant et l’intolérance à la marginalité. Malgré un récit par moments laborieux, The Imaginarium… prouve qu’à l’instar de Parnassus (émouvant Christopher Plummer), vieux forain ayant promis sa fille (Lily Cole, enjôleuse) au diabolique Mr. Nick (cabotin Tom Waits), celui qui prépare The Man Who Killed Don Quixote n’abandonnera pas le combat.