Le Petit Nicolas : Les copains d'abord
Cinéma

Le Petit Nicolas : Les copains d’abord

Le Petit Nicolas, de Laurent Tirard, donne vie au mignon et attachant personnage créé par Goscinny et Sempé en 1959.

Le moins que l’on puisse dire à propos de Laurent Tirard (Mensonges et trahisons et plus si affinités, Molière), c’est qu’il n’a pas froid aux yeux. Ainsi, après avoir inventé un épisode dans la vie de l’auteur du Bourgeois gentilhomme, le voici adaptant avec son fidèle complice Grégoire Vigneron et Alain Chabat (qui signe aussi les dialogues) l’un des classiques de la littérature jeunesse.

"Je ne suis pas audacieux, je suis inconscient, admettait-il lors d’une rencontre à Paris. Je prends conscience de ce que je fais… quand je le fais. Cela dit, j’aime foncièrement Le Petit Nicolas et Goscinny, il n’y avait donc pas de plaisir malsain à les visiter, les adapter à ma façon."

Afin de comprendre les moindres mécanismes du turbulent écolier, Tirard s’est livré à plusieurs recherches sur la vie et l’oeuvre de Goscinny. Ce qui ne l’a toutefois pas empêché d’en livrer une vision bien personnelle: "Il y a un parfum qui se dégage du Petit Nicolas, celui de l’enfance. Il fallait trouver une façon de recréer ce parfum à l’écran. J’ai donc choisi un Nicolas qui me ressemble lorsque j’étais enfant, introverti et observateur."

C’est en cherchant à éviter une vision réductrice et gnangnan de l’enfance que Laurent Tirard a voulu reconnecter avec la sienne: "Souvent, quand des adultes font des films pour enfants, on dirait qu’ils se sentent obligés de leur parler comme s’ils s’adressaient à des bébés ou des êtres moins intelligents. Or, je déteste la mièvrerie. C’était donc important pour moi que la trame du film soit un vrai drame, une peur profonde bien réelle chez l’enfant, soit la peur de l’abandon."

Si le film évoque le classique de Truffaut, c’est plutôt du côté de Tati que Tirard a puisé son inspiration, de même que dans les films ayant bercé son enfance, telle la série des gendarmes, d’où l’apparition de Michel Galabru dans le rôle du ministre.

"Le Petit Nicolas est une métaphore de l’enfance; Les 400 coups, un regard adulte sur l’âpreté de ce monde-là. Le monde que propose Sempé et Goscinny est totalement factice et immuable, donc beaucoup plus proche de Tati, où tout est fabriqué, comme si on nous disait "il était une fois"", conclut le réalisateur.

Les frais du voyage à Paris ont été payés par Unifrance.

À voir si vous aimez /
Les Choristes de Christophe Barratier, C’est pas moi, je le jure! de Philippe Falardeau, Les 400 coups de François Truffaut

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LE PETIT NICOLAS

Croyant que ses parents (Kad Merad et Valérie Lemercier) lui donneront bientôt un petit frère, Nicolas (Maxime Godart) et ses camarades, Alceste, Joachim, Rufus, Geoffroy, Eudes et Clotaire, cherchent un moyen de se débarrasser de ce dernier dès qu’il sera né. Leurs plans risquent d’être contrecarrés par l’institutrice (Sandrine Kiberlain), le Bouillon (François-Xavier Demaison) et Agnan. À la fois ludique, nostalgique et universelle, cette adaptation d’un irrésistible charme suranné des livres de Sempé et Goscinny signée Laurent Tirard séduira petits et grands. Véritable feu roulant de gags amusants et de situations cocasses, Le Petit Nicolas est également bien servi par une direction artistique privilégiant les couleurs vibrantes rappelant les belles années du Technicolor. Secondés par un casting adulte béton qui s’en donne à coeur joie, les enfants acteurs s’avèrent tous à croquer. Bonus: le suave Édouard Baer assure la narration et Renan Luce, la charmante chanson-thème, On n’est pas à une bêtise près.