Regard sur le court métrage au Saguenay : La belle et ses bijoux
Comme Anne-Marie Cadieux, on se penche sur les bijoux que renferme la programmation de Regard sur le court métrage au Saguenay.
On l’a remarquée pour ses rôles dans Le Confessionnal, Maman Last Call, Le bonheur est une chanson triste ou le superbe Toi, mais elle a aussi tenu différents rôles dans des courts métrages depuis 1990 (sept en tout), en plus de participer à l’émission Fais ça court! en 2008. Alors le court, Anne-Marie Cadieux le connaît un peu.
Ce sera toutefois son baptême en ce qui concerne le festival Regard sur le court métrage au Saguenay, lors de sa 14e édition qui se tiendra du 10 au 14 mars. "J’aime beaucoup le cinéma. Je suis une festivalière dans l’âme et je voulais venir découvrir ce festival dont on m’avait tant parlé", lançait en conférence de presse celle qui a accepté le rôle de porte-parole de l’événement.
Comme d’autres avant elle l’ont fait, la comédienne s’est appliquée à nous rappeler la valeur artistique du court métrage: "Au coeur du festival, ce qui me fait vibrer, c’est le court métrage, qui est un art en soi. C’est comme déguster de grands crus au verre. On n’est pas obligé de boire toute la bouteille…"
In vino veritas, disait-on à une autre époque. Nous sommes nombreux à le comprendre si on en croit l’augmentation du nombre de festivaliers présents dans les salles de projection ou sur les lieux des différents événements connexes l’année dernière: on avait alors évalué l’affluence à près de 30 000 personnes, ce qui représentait une augmentation de 25 % par rapport à 2008.
Qu’est-ce qui provoque une telle popularité? Pour la porte-parole, il semble que ce soit la qualité de ce qui est présenté et la structure même du festival. "Les cinéastes travaillent d’arrache-pied pour faire des bijoux… Ce festival est un magnifique écrin pour les mettre en valeur." Brillante métaphore qu’on peut s’appliquer à faire reluire.
L’ECRIN
Avec un budget qui a pratiquement doublé depuis les trois dernières années, ainsi qu’un développement de public particulièrement efficace, il faut rendre au festival ce qu’il mérite. S’il est un écrin, c’est qu’il nous donne toujours un peu plus envie de l’ouvrir.
Selon Ian Gailer, directeur général de l’événement, ce sont ses conditions d’existence qui seraient idéales: "Un festival sans sa ville n’est pas un festival. Nous, on a des ailes!" Pour lui, ce serait en partie grâce à la Ville de Saguenay si Regard accumule tous ces succès depuis sa création.
Même si la tradition a dû être bousculée de façon importante cette année, alors qu’on ne peut plus se tourner vers l’Auditorium Dufour pour accueillir la plus grande part des festivaliers, Gailer espère toujours un nombre de visiteurs équivalent. L’essentiel de la programmation change toutefois d’arrondissement et sera présenté à la salle François-Brassard, au Cégep de Jonquière,.
Victimes de la popularité et de la crédibilité grandissantes de leur protégé, les organisateurs du festival ont dû visionner 800 films pour choisir les courts qui feraient partie de la programmation 2010. Pour Éric Bachand, directeur artistique du festival, "c’est un nombre particulièrement impressionnant quand on imagine que chaque film peut demander la collaboration de 20 à 40 personnes…"
Parmi toute la gamme d’oeuvres reçues, le quart provenait de la France. Bachand, présentant cette situation comme un heureux problème, explique qu’il était toutefois important de rééquilibrer la programmation: "Regard est témoin de ce qui se fait dans le monde, mais il faut mettre en valeur le régional et le national dans ce contexte."
Des 76 films qui ont trouvé leur place dans le volet compétitif du festival Regard, 30 ont été réalisés au Québec, 6 ailleurs au Canada et 10 en France. Les autres trouvent leur origine un peu partout sur la planète, de la Suède à l’Australie, en passant par l’Écosse, l’Iran et le Pérou.
Ces films seront évalués par un jury formé de Fred Joubaud (distributeur de courts et manager chez Ouat Media), Jozef Siroka (blogueur cinéma pour cyberpresse.ca) et Martin Rodolphe Villeneuve (réalisateur ayant étudié à l’UQAC et qui a coscénarisé Les Ramoneurs cérébraux, gagnant d’un Jutra en 2002).
Au-delà des prix et des mentions, l’intérêt des festivaliers se tournera plutôt vers la richesse de la programmation: aux films en lice pour l’un ou l’autre des prix du festival, il faut ajouter une multitude de courts métrages, l’horaire proposant jusqu’à 140 films différents. Si bien que parler du festival comme d’un écrin est un pur euphémisme. Il faudrait sans doute parler d’un véritable coffre à bijoux.
QUELQUES TRESORS
Il suffit de jeter un oeil à la programmation du festival pour se rendre compte que les organisateurs de Regard sur le court métrage au Saguenay ont du flair lorsque vient le temps de détrousser les bijoux. Et pas que de la verroterie… Certains pourraient même mériter de grands honneurs quelques jours avant de nous être présentés.
Istället för Abrakadabra
On présente entre autres Istället för Abrakadabra (Instead of Abracadabra), de Patrik Eklund et Mathias Fjellström. Le film nous fait découvrir un personnage étrange, Tomas, un loser vivant toujours chez ses parents qui aspire à devenir magicien. C’est d’ailleurs par la magie qu’il tentera d’impressionner la jolie Monica. Il réussira surtout à faire rire les festivaliers en enfilant ses trucs catastrophiques… Ils ne seront pas les seuls à rigoler puisque le film est en nomination à la 82e cérémonie des Oscars. Projeté dans le programme de la compétition 1, le 11 mars à la salle François-Brassard et le 13 mars au Petit Théâtre de l’UQAC.
Wallace & Gromit: Un sacré pétrin
On présentera aussi la plus récente animation de l’Anglais Nick Park, Wallace & Gromit: Un sacré pétrin (A Matter of Loaf and Death), dans laquelle ses deux fameux personnages de pâte à modeler se lancent dans la fabrication du pain… Mais l’aventure d’une boulangerie sera plus que commerciale, les exposant malgré eux à un important danger. Or, l’amour aveuglant Wallace, cet inventeur qui ne connaît pas beaucoup de succès avec ses créations, c’est son ami canin, Gromit, qui devra résoudre l’affaire. Le film est aussi en nomination aux Oscars dans la catégorie du meilleur court métrage d’animation. Si Park réussit ce pari, ce sera la quatrième statuette semblable à trôner sur son manteau de cheminée, puisque trois autres films mettant en vedette ses deux célèbres personnages ont eu un tel succès, soit les courts Un mauvais pantalon (1993) et Rasé de près (1995), ainsi que, plus récemment, le long métrage Le Mystère du lapin-garou (2005). À voir au site de cinéma en plein air, le 13 mars, dans le cadre de Drôles de courts.
LOGORAMA
On remarque aussi la présentation du film LOGORAMA, premier court métrage du Studio H5 (François Alaux, Hervé de Crecy et Ludovic Houplain) qui, comme le film de Nick Park, a été retenu dans la catégorie Meilleur court métrage d’animation aux Oscars. Dans un univers tapissé de logos de toutes sortes (qui a dit que notre monde était saturé de publicité?), on assistera cette fois à une poursuite policière, à la fuite d’animaux sauvages en pleine ville et à une prise d’otages. Ceux qui détestent les placements de produits s’amuseront devant cette satire de notre monde de surconsommation. À visionner lors de la présentation de la compétition 8, le 10 mars au cinéma Complexe Alma et le 12 mars à la salle François-Brassard.
Du 10 au 14 mars
En différents lieux
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À voir si vous aimez / Le grand cinéma et les films courts
CE QUI POURRAIT AUSSI VOUS EBLOUIR
– Focus Courts de danse, le 14 mars, au Petit Théâtre de l’UQAC, une programmation qui proposera des films inspirés de la danse suivis d’une chorégraphie inédite de Boran Richard, performée par Julie Dubois-Gravel.
– Le Kino Kabaret projeté le 14 mars, au Spag Resto Bistro.
– Cinémaphonique, un événement où l’Orchestre symphonique du Saguenay-Lac-Saint-Jean accompagnera cinq courts métrages, musicalement et en direct, le 14 mars, à la salle François-Brassard.