Focus Courts de danse : Regard sur la danse
Caravane films nous a concocté une belle surprise dans le cadre du festival Regard, Focus Courts de danse, une programmation complète de courts métrages sur la thématique de la danse. À ne pas manquer!
Non seulement l’idée même d’une programmation spéciale s’intéressant à la danse est remarquable, mais le choix des films qui seront présentés l’est tout autant. On pourra d’ailleurs visionner le classique Pas de deux (1968) du grand Norman McLaren, qui présente deux êtres de lumière (Margaret Mercier et Vincent Warren, danseurs des Grands Ballets Canadiens) se dédoublant et se réunifiant, se miroitant et se déployant dans un effet kaléidoscopique saisissant. Le mouvement découpé tendra vers l’abstraction dans une métamorphose visuelle approchant du sublime…
Tous les films ne sont pas aussi convaincants – on pense à Becoming (Ayelen Liberona et Joseph Johnson Cami) qui, malgré un superbe costume rappelant l’univers étrange du Cirque du Soleil, est construit sur un scénario plutôt faible et insère dans la trame filmique quelques animations accessoires et subversives. On pourrait aussi ne pas se souvenir de Dear Roommates (Pablo Diconca), qui prend des airs de music-hall halluciné, ou de Rupture (Guillaume Paquin-Boutin), qui montre une belle performance de danseurs, mais aurait pu être un simple vidéoclip.
On s’amusera toutefois avec The Magnificent Four (Stéphane Broc), qui exploite la percussion corporelle, ainsi que de Pretty Big Dig (Anne Troake), où les interprètes sont trois pelles mécaniques faisant des exploits de souplesse et de délicatesse.
Surtout, on profitera de quelques perles mémorables. C’est le cas de I Dream of Augustine (Cordelia Beresford, interprété par Narelle Benjamin), un film particulièrement émouvant où se rencontrent une performance impressionnante, une poésie jubilatoire, un propos sur la folie et les normes sociales qui porte à réflexion.
Le film Nora (Alla Kovgan et David Hinton) suscitera aussi un intérêt marqué. La chorégraphe Nora Chipaumire se met en scène dans cette oeuvre inspirée où elle retrouve ses origines zimbabwéennes en dansant dans le décor de sa propre mémoire. Là-bas, sur la peau tendue des tambours, ce sont déjà des mains qui dansent. Et les pas dans la terre rouge, rechaussant les sillons pour couvrir les semences, ce sont déjà des pieds qui dansent. Nora, c’est l’histoire d’une libération, le détail de ses souffrances, de ses désirs et de ses peurs, le tout présenté sous l’angle du rythme, comme si le corps était littéralement traversé par les souvenirs.
À noter, un petit extra tout à fait dans le ton qui suivra la séance de projection: Julie Dubois-Gravel (danseuse et agente de développement de l’organisme Objectif Danse) interprétera sur place une chorégraphie du réalisateur Boran Richard. Les deux artistes, qui n’en sont d’ailleurs pas à leur première collaboration avec Animer le corps, clôtureront en beauté une séance qui promettait déjà des découvertes des plus belles.
Le 14 mars à 15h
Au Petit Théâtre de l’UQAC
Toute la programmation du festival sur www.caravane.tv.
À voir si vous aimez / La danse contemporaine, le festival Regard