Les films du Festival du film de l'Outaouais (FFO)
Cinéma

Les films du Festival du film de l’Outaouais (FFO)

L’Affaire Coca-Cola

Durant trois ans, les documentaristes German Gutiérrez et Carmen Garcia ont filmé les efforts de syndicalistes colombiens et de leurs avocats pour faire reconnaître devant les tribunaux américains la responsabilité de Coca-Cola dans le meurtre de huit dirigeants syndicaux, assassinés sur le site de ses usines d’embouteillage par les paramilitaires. Documentaire-choc, L’Affaire Coca-Cola est déjà un phénomène pour ce qu’il soulève de questions sur le comportement des multinationales en sol étranger et ce qu’il révèle de possibilités légales d’y remédier. En évitant l’écueil du film militant à la Michael Moore pour s’intéresser aux témoignages et la tension créée par l’avancée des négociations entre les deux parties, les réalisateurs signent un véritable suspens doublé d’un drame humain, dont l’issue est étonnante. 12 et 16 mars (Aurore Lehmann)

La Teta Asustada

Gagnant de l’Ours d’or aux dernières Berlinades, en plus du Prix de l’interprétation féminine et de l’AQCC au FNC, La Teta Asustada de Claudia Llosa évoque à travers le douloureux destin d’une jeune femme une réalité terrifiante, celle des Péruviens durant les années 80 et 90 alors que sévissaient les guérilleros du Sentier lumineux. Prenant la forme d’une fable aux légers accents insolites, le film de Llosa dépeint avec délicatesse et pudeur le portrait de Fausta (Magaly Solier, actrice émouvante et charismatique dont la beauté est mise en valeur par la caméra de Llosa) qui, craignant d’être violée comme sa mère, trouve un moyen radical de se protéger de la folie des hommes. 13 et 17 mars (Manon Dumais)

Inside Hana’s Suitcase

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, 1,5 million d’enfants juifs seraient morts dans les camps nazis. Ce fut le cas de la jeune Tchécoslovaque Hana Brady, décédée à 13 ans peu après son arrivée à Auschwitz. S’inspirant du livre pour enfants à succès Hana’s Suitcase de Karen Levine, Larry Weinstein raconte l’extraordinaire récit de la valise d’Hana, laquelle fut envoyée d’Auschwitz au Tokyo Holocaust Education Resource Center en 2000 à l’attention de Fumiko Ishioka. Souhaitant à tout prix faire connaître l’histoire d’Hana à ses élèves, Ishioka retrouva la trace du frère de celle-ci, George Brady, qui vit aujourd’hui à Toronto. Inside Hana’s Suitcase s’avère une charmante, captivante et prenante leçon d’histoire s’adressant à un jeune public. 13 et 17 mars (Manon Dumais)

Pour un instant la liberté

Zénith d’or du meilleur premier film au Festival des Films du Monde de 2008, Pour un instant la liberté, d’Arash T. Riahi, propose les récits croisés de réfugiés iraniens stationnés en Turquie qui tentent d’obtenir l’asile diplomatique dans un pays d’Europe, et ainsi avoir la chance de recommencer leur vie, en toute liberté… Il est intéressant de constater que les préoccupations sociopolitiques qui traversent ce premier film d’Arash T. Riahi peuvent tout aussi bien refléter les réalités d’autres réfugiés que ceux dont nous suivons les destinées. Malgré quelques flottements à mi-parcours, Riahi arrive à composer un récit dynamique tantôt amusant, tantôt franchement plus dramatique, qui se refuse presque toujours à l’appel de l’image-choc, à l’appel du pathos. 17 mars (Guillaume Fournier)

Un ange à la mer

Cette coproduction Belgique-Québec est une véritable plongée en apnée qui nous entraîne littéralement, à l’instar du jeune Louis, à l’intérieur de la psychose du personnage de Bruno, magnifiquement interprété par un Olivier Gourmet en très grande forme. L’impuissance du garçon, par ailleurs véritable victime de ce drame, est magnifiquement mise en scène par Frédéric Dumont, qui réussit haut la main son passage vers le cinéma de fiction. Son empathie envers les personnages se sent à un kilomètre à la ronde, et on ne peut que le remercier de les avoir accompagnés aussi rigoureusement jusqu’à cette scène finale, qui a la belle qualité de n’être pas aussi hermétique, peut-être, que le récit principal. Seul bémol: la symbolique de l’ange, trop appuyée, voire tout simplement superflue. 15 et 18 mars (Guillaume Fournier)

Fais-moi plaisir!

Emmanuel Mouret possède sans doute l’une des plumes les plus raffinées entendues au grand écran au fil des dernières années. Toutefois, bien que n’ayant rien perdu de son élégance, celle-ci se fait plus discrète alors que Mouret emprunte la voie du splapstick. Sans pour autant abandonner un registre romantique aux irrésistibles marivaudages vaguement rohmériens, ce dernier s’amuse, et du coup nous amuse, à revisiter les plates-bandes de Peter Sellers et du Monsieur Hulot de Tati. Ainsi, alors que sa femme (Frédérique Bel, rafraîchissante comme toujours) le supplie de la tromper, le pauvre homme verra deux jolies candidates (Judith Godrèche et Déborah François, à l’aise en mode comique) lui filer entre les doigts lors d’un party branché dans un chic appartement aux surprenantes décorations. Si l’intrigue se révèle plus ténue que dans ses films précédents, l’on passe de très agréables moments en compagnie de Mouret dans cet univers doucement décalé où la séduction fait loi. 14 mars (Manon Dumais)

La Journée de la jupe

Dans ce film de Jean-Paul Lilienfeld (Comme sur des roulettes), Isabelle Adjani incarne une prof de français dans un lycée qui pète les plombs un jour où sa classe multiethnique lui paraît plus dissipée qu’à l’habitude. Après six ans d’absence au cinéma, l’actrice semble se plaire dans la peau d’une femme fragile dépassée par les événements, sans pour autant convaincre à chaque instant. Sorte d’If… inversé à la rencontre d’Entre les murs, La Journée de la jupe se révèle une comédie dramatique sociale d’une lourdeur embarrassante dont la mince lueur d’espoir nous reste en travers de la gorge. De plus, il faut faire un effort pour s’intéresser à ce huis clos artificiel dont le suspense, déjà laborieux, est interrompu par une sous-intrigue banale sur les déboires amoureux du policier incarné pas Denis Podalydès, qui s’en tire honorablement. 15 et 17 mars (Manon Dumais)

Les Beaux Gosses

Les Beaux Gosses raconte les tribulations de deux ados mochetons, Hervé et Camel (Vincent Lacoste et Anthony Sonigo, d’un naturel désarmant), amateurs de branlette à la chaussette et de porno qui ne savent pas s’y prendre avec les filles. Si l’on ne crie pas au génie d’emblée devant ce film constitué de courtes scènes anecdotiques, l’on ne peut que saluer l’effort du réalisateur de ne pas idéaliser les adolescents comme dans La Boom ou les films de John Hugues, pas plus que d’en faire d’indécrottables crétins à la American Pie ou d’inquiétants nihilistes comme chez Larry Clark. Avec leur acné, leur allure dégingandée, leur démarche maladroite et leurs désastres capillaires, les ados de Riad Sattouf sont d’abord rebutants, mais deviennent bientôt attachants tant leurs déboires, leurs revers et leurs vaines tentatives d’être cool s’avèrent d’une troublante et amusante authenticité. 16 et 17 mars (Aurore Lehmann)

Je te mangerais

Marie (Judith Davis), jeune musicienne nouvellement admise au conservatoire de Lyon, déménage dans l’appartement d’Emma (Isild Le Besco), une amie d’enfance. La présence de cette dernière dans la vie de Marie, d’abord bénigne, se fera de plus en plus persistante, inquiétante. Chaque jour davantage troublée par la présence d’Emma à ses côtés, Marie ne saura bientôt plus que choisir entre la fuite et l’abandon… Ce premier long métrage de la Française Sophie Laloy est largement handicapé par une intrigue minimale, laquelle a déjà été vue 100 fois sur grand écran. La mise en scène, qui réserve bien quelques moments de grâce épars, est rapidement abandonnée à son propre sort par une réalisation banale, sans tonus. Un premier film tout en retenue qui témoigne d’un talent certain mais qui aurait cependant mérité d’être libéré pleinement, sans concession. 12 mars (Guillaume Fournier)

Horaire détaillé du FFO: www.offestival.com