28e Festival international du film sur l'art : Art (mon trésor)
Cinéma

28e Festival international du film sur l’art : Art (mon trésor)

Du 18 au 28 mars, le 28e Festival international du film sur l’art propose 230 films en provenance de 23 pays. Avant-goût de la première semaine.

Arts de la scène /

Ariane Mnouchkine, l’aventure du Théâtre du Soleil

Catherine Vilpoux s’intéresse à Ariane Mnouchkine et son mythique Théâtre du Soleil depuis les années 90. Après Au soleil même la nuit, La Ville parjure et les bonus des dvd Tambours sur la digue et Molière, elle pose cette fois un regard englobant sur le parcours de la metteure en scène et réalisatrice française, quelque chose comme un bilan. Septuagénaire, infatigable meneuse d’une troupe de 70 personnes, Mnouchkine parle des grandes créations de la compagnie, des moments marquants, comme l’installation entre les murs de la Cartoucherie de Vincennes, du rayonnement international des spectacles et de la pensée qui les sous-tend, mais aussi de son enfance et de son engagement à faire valoir les droits humains en France et dans le reste du monde. Un portrait émouvant. Les 21 et 25 mars. (C.S.-P.)

Peggy Baker en quatre phrases

Originaire de Saskatoon et désormais basé à Toronto, l’artiste et illustrateur Howie Shia plonge des images de Peggy Baker dans l’univers de l’animation en décalquant ses mouvements et en couvrant l’écran de giclées et taches d’encre. Le documentaire se fait oeuvre d’art et le propos de la danseuse et chorégraphe torontoise prend soudain une nouvelle dimension. Elle parle de son rapport au corps et à l’espace, du mystère de la création en danse, et l’animation agit comme un révélateur de l’indicible. Comme si le simple fait de sortir le sujet du réel ouvrait le champ de la conscience pour nous donner la chance de percevoir son discours bien au-delà des mots. Et la ligne se charge de chair pour un rendu parfait du poids du corps et de l’amplitude de la gestuelle. Un petit bijou de cinq minutes à déguster en boucle. Les 22 et 28 mars. (F.C.)

Quarantaine

Réalisé par Marlene Millar et Philip Szporer, ce long métrage est une parfaite adaptation du spectacle Quarantaine 4 x 4, créé en 2008 par Charmaine LeBlanc sur le thème de la masculinité. Il en traduit fidèlement les humeurs et en reprend judicieusement les ingrédients majeurs: des extraits d’entrevues intimistes que la metteure en scène a faites avec les quatre interprètes quadragénaires Marc Béland, Marc Daigle, Benoît Lachambre et Ken Roy (touchants de sensibilité et de sincérité), des chorégraphies et d’autres scènes signifiantes du spectacle, des illustrations édifiantes de Pol Turgeon et des séquences d’animation où les interprètes se transforment en reproductions de peintures célèbres de Munch, Bacon, Ingres et Haring. Une oeuvre très bien équilibrée à vocation documentaire et artistique. Les 22 et 28 mars. (F.C.)

Arts visuels /

Vivre avec l’art – Un art de vivre

Ce film d’Anne-Marie Tougas, qui aura l’honneur d’ouvrir le FIFA, a été réalisé par une habituée du genre, qui a aussi signé des films sur l’architecte Pierre Thibault et sur le philosophe Raymond Klibansky (prix de la meilleure oeuvre canadienne au FIFA en 2002). Ce court métrage a le mérite de rendre hommage à un couple de collectionneurs québécois (espèce plus rare qu’on le pense) et de montrer comment il est possible d’acheter de l’art d’ici, car Bernard Landriault et Michel Paradis croient fièrement en l’art fait par leurs concitoyens. À voir, même si ce film ne rend pas vraiment compte de l’importance de l’art dans la vie de ces individus. Les 23 et 28 mars. (N.M.)

ooo

Magritte – Le Jour et la Nuit

Les documentaires consacrés aux peintres sont souvent beaucoup plus accomplis sur le fond que sur la forme. On isole une quinzaine de tableaux, on demande à quelque conservateur ou galeriste de nous dire en quoi l’oeuvre a marqué l’histoire de l’art, on assaisonne le tout de quelques anecdotes sur la vie de l’artiste et hop! on envoie le tout aux bureaux du FIFA ou d’ARTV. Heureusement, certains réalisateurs se creusent davantage les méninges, tel Henri de Gerlache, qui rend avec Le Jour et la Nuit un extraordinaire hommage à René Magritte (1898-1967). En plaçant au coeur du film un jeune comédien (Charlie Dupont) menant des recherches dans le but d’interpréter Magritte, Gerlache nous fait entrer dans l’univers du célèbre Belge par une voie franchement originale, établissant des parallèles insoupçonnés entre les toiles et la vie d’un être bourré de paradoxes. Comment ont pu cohabiter sous un même chapeau, par exemple, un artiste à la sensibilité bohème exacerbée et un petit-bourgeois tranquille comme tout? Contribue à l’ensemble le choix très pertinent des intervenants, tout comme des images d’archives, dont certaines en disent long. Entre autres celle où on voit le peintre, alors âgé, faire des farces et gambader dans son jardin aux côtés de sa Georgette et de quelques potes issus du mouvement surréaliste belge. Un excellent documentaire, qui nous permet de voir au-delà de la pomme et de la pipe. Les 19, 24 et 26 mars. (T.M-R.)

Super 8 – The Art of Making It!

Ce film de Katherine Jeans, qui a déjà été présenté sur la chaîne Documentary, permet de voir huit artistes canadiens, dont les incontournables Michael Snow, Ian Wallace et Jean-Pierre Gauthier. Il permet aussi de voir et d’entendre des acteurs importants du milieu de l’art qui sont méconnus du grand public: le conservateur Stéphane Aquin du Musée des beaux-arts, Diane Augaitis de la Vancouver Art Gallery, Andrea Kunard du Musée canadien de la photographie contemporaine d’Ottawa, le galeriste Simon Blais de Montréal, etc. Certes, ce film n’évite pas plusieurs clichés sur le milieu de l’art (et ses "secrets"), mais n’en constitue pas moins un des rares documents visuels à tenter de montrer un panorama de la scène culturelle canadienne actuelle. Les 19 et 28 mars. (N.M.)

Musique /

Boris Vian, la vie jazz

La passion de Boris Vian pour le jazz n’avait rien d’une toquade. Le jazz a traversé la vie du brillant touche-à-tout, et si on se rappelle surtout, un demi-siècle après sa mort, l’incontestable apport à la littérature de l’auteur de L’Écume des jours, on percevra sans peine dans son parcours les preuves d’amour pour cette musique venue d’Amérique. Trompettiste, auteur de chansons d’ascendance jazz, ami de Duke Ellington, directeur du magazine Jazz Hot, Vian est accro, tout simplement. Mieux, on peut voir dans la manière qu’il avait d’explorer les autres formes artistiques une attitude jazz, faite d’un goût pour le jeu, pour la liberté, pour le risque. Le réalisateur Philippe Kohly, en s’appuyant sur des images d’archives et une trame sonore exceptionnelles, rend criante l’attitude jazz de celui qui, rappelons-le, avait fait inscrire à la porte de son appartement: "ingénieur et musicien". Les 19 et 24 mars. (T.M-R.)

Littérature /

Antonine Maillet – Les possibles sont infinis

On résume souvent la carrière d’Antonine Maillet à quelques dates, pour ne pas dire deux: 1972, création de La Sagouine sur les planches du Rideau Vert; 1979, obtention du prix Goncourt pour son roman Pélagie-la-Charrette. En 52 minutes, le film de Ginette Pellerin rappelle à quel point est riche et plurielle l’oeuvre de l’auteure née à Bouctouche en 1929; à quel point on gagne à aller au-delà des évidences de son parcours. Pour nous faire connaître mieux celle qui a déjà signé une cinquantaine d’ouvrages, et qui écrit toujours à un rythme soutenu, la réalisatrice a invité plusieurs personnes à témoigner – la comédienne Viola Léger, la professeure Blanca Navarro Pardinas, les hommes de lettres Herménégilde Chiasson et Jean Barbe, entre autres -, mais elle a d’abord donné la parole à la principale intéressée, qui est décidément la meilleure ambassadrice de son oeuvre. Ayant pour fil conducteur des entretiens récents – Antonine Maillet y crève l’écran, de sa vigueur, de son intelligence, de ses yeux bleus comme un ciel acadien -, Les possibles sont infinis capte la douce folie d’une femme extraordinairement disciplinée, vouée à l’écriture. On sent bien le climat de confiance installé par Ginette Pellerin, l’écrivaine faisant parfois preuve d’une franchise désarmante, parlant ouvertement de ses livres les moins réussis, et de ses amours, elle qui sur le sujet ne s’est jamais beaucoup racontée, dans les médias du moins. Un très beau film, auquel on ne reprochera que son titre, une formule décidément un peu creuse. Les 19 et 27 mars. (T.M-R.)

The Man Without a Home: Study for a Portrait of Hugo Pratt

C’est à l’homme et à l’auteur de plus de 30 albums, dont l’empreinte est aussi importante dans le monde de la bande dessinée que l’est celle d’Hergé, que veut rendre hommage ce film de Nino Bizzarri. Le réalisateur y suit les traces du génial inventeur de Corto Maltese, dont Pratt emprunte un peu des traits, en commençant par l’arrogance, le refus d’appartenance. Mêlant images d’archives, extraits d’entrevues et de dessins animés (là où l’on aurait préféré plus de planches) et témoignages des proches, le film peine à rattacher les bouts entre eux. Si bien qu’on devine la densité incroyable de cette existence, peuplée de fantômes autant que de vivants, et toujours renouvelée; extraordinaire, en somme. En italien, sous-titré en anglais. Les 20 et 21 mars. (A.L.)

artfifa.com