Festival international du film sur l’art : La beauté du geste
Le Festival international du film sur l’art entame son sprint final. Quelques repères…
Arts visuels /
About Jenny Holzer
Certainement l’un des films les plus intéressants du FIFA en arts visuels, ce documentaire de Claudia Müller permet de mieux connaître le travail d’une des meilleures artistes conceptuelles vivantes, une créatrice intelligente, engagée sur les plans politique, intellectuel, esthétique… Depuis le début des années 80, Jenny Holzer réalise d’extraordinaires oeuvres d’art public qui ne laissent personne indifférent. C’est elle qui a installé sur des écrans lumineux, entre autres à Time Square, les faux slogans publicitaires (ses Truismes) "Money Creates Taste", "Protect Me From What I Want" et "Abuse of Power Comes As No Surprise", oeuvres critiquant nos rapports à l’argent, à la consommation et à l’autorité. La réalisatrice allemande signe ici un film extrêmement bien documenté qui évite le propos poético-cultivé que le documentaire sur l’art incarne souvent. Les 26, 27 et 28 mars. (N.M.)
Les Caravage de Philippe de Béthune – L’ombre d’un doute
En 1999, on découvre sur un mur de l’église de Loches, en France, deux tableaux rapidement attribués au Caravage. Il s’agit en fait de variantes des Pèlerins d’Emmaüs et de L’Incrédulité de saint Thomas, des oeuvres déjà connues du maître italien (1571-1610), dont on sait qu’il effectuait souvent plusieurs versions de ses toiles. Pas si vite, ont dit certains, qui ne voient dans les tableaux de Loches que de pâles copies. Michel Van Zele interroge les uns et les autres, nous plongeant dans un débat qui attise les passions – et les intérêts, il va sans dire. Un film néanmoins un peu froid, qu’on dirait parfois destiné aux experts eux-mêmes. Les 25 et 26 mars. (T.M-R.)
Danse /
Israël Galván
Certains, dit-on, le comparent à Nijinski. Le fait est que depuis lui, la danse soliste flamenca ne peut plus être ce qu’elle a été. Israël Galván ne fait pas que la revisiter, il la révolutionne en en brisant les codes et en poussant ailleurs sa recherche à chaque nouveau spectacle. Il adopte la gestuelle des femmes quand la musique l’exige, se libère du rythme en dansant en silence ou sur du Ligeti, enlève ses bottines pour danser pieds nus… Son amour pour le genre est aussi fascinant que son entêtement à en percer l’essence au-delà de toute règle. Et c’est à Séville que la scénariste et réalisatrice française Maria Reggiani est allée le rencontrer pour dévoiler, à travers le quotidien du travail en studio et des tournées, tous les rouages de sa démarche. Jouissif et captivant. Le 27 mars. (F.C.)
Carolyn Carlson, le regard du geste
Ce film signé Élisabeth Kapnist nous offre une occasion en or de faire plus ample connaissance avec une icône de la nouvelle danse en France trop méconnue ici. Ex-étoile du Nikolais Dance Theater de New York, chorégraphe et soliste d’exception, l’Étas-Unienne Carolyn Carlson quitte son pays en 1971 pour s’établir en Europe. Fondatrice du Groupe de recherches théâtrales de l’Opéra de Paris, elle fait voler en éclats certaines traditions et force l’ouverture du grand public à la danse contemporaine. Vient ensuite Venise, où elle forme plusieurs générations de chorégraphes, puis, la Finlande, et à nouveau la France avec la direction de grandes institutions. Sans prétention d’exhaustivité, ce documentaire balaye la vie et l’oeuvre de cette artiste sensible et singulière. Touchant et instructif. Le 27 mars. (F.C.)
Littérature /
Contact, l’encyclopédie de la création: Victor-Lévy Beaulieu
Stéphan Bureau consacre un chapitre de son "Encyclopédie de la création" à Victor-Lévy Beaulieu, ce géant de notre littérature dont les coups de gueule ont souvent détourné notre attention de son oeuvre. Le volcanique homme de lettres apparaît ici particulièrement nuancé, pourtant, remontant volontiers la piste de sa vie jusqu’au village de son enfance, Saint-Paul-de-la-Croix, puis répertoriant les auteurs qui, de Balzac à Ferron, l’ont guidé dans son écriture à lui. Le documentaire (réalisé par Anne Dussault) montre bien, par ailleurs, la monastique discipline d’écriture de celui qui fit un jour le projet de devenir notre Victor Hugo, de même que son attachement à un coin de pays, le Bas-Saint-Laurent, à ses animaux, à ses travaux d’éditeur. Réussi. Le 28 mars. (T.M-R.)
Jusqu’au 28 mars.
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