Les Porteurs d'espoir : L'audace d'espérer
Cinéma

Les Porteurs d’espoir : L’audace d’espérer

Dans Les Porteurs d’espoir, de Fernand Dansereau, un enseignant et ses élèves prouvent qu’il est toujours possible de changer les choses autour de soi.

Plusieurs éléments ont mené Fernand Dansereau à tourner Les Porteurs d’espoir, dont un précédent documentaire, Quelques raisons d’espérer, consacré à son cousin écologiste Pierre Dansereau. "J’étais ressorti de là relativement convaincu du principe que Pierre soutenait, soit que l’optimisme est un devoir et un outil de travail, se rappelle Dansereau. La lecture qu’on fait de la réalité peut être alarmante, mais il ne faut pas baisser les bras pour autant."

Puis, il y a eu la rencontre de Claude Poudrier, pionnier du modèle pédagogique de Recherche-Action. Dansereau a vu un sujet intéressant pour un documentaire dans cette méthode, mais il lui manquait encore un élément crucial… "J’avais dit aux producteurs: Si on ne trouve pas le bon prof, on ne fera pas le film. Parce que je suis un assez vieux cinéaste pour savoir que ça me prenait un bon personnage."

Ce personnage, il l’a trouvé en Dominique Leduc, enseignant de 6e année à l’école La Farandole de McMasterville, qui n’avait jamais testé la méthode Recherche-Action. "Je tenais à ça, car je ne voulais pas faire un film de propagande. Je voulais qu’on parte à zéro et qu’on observe le cheminement de la méthode. Puis, j’avais averti Poudrier: Si ça ne marche pas, le film va faire état de ça. J’étais vraiment prêt à n’importe quoi", assure-t-il.

C’est donc sans idée préconçue que Dansereau s’est rendu dans la classe de Leduc tous les jeudis matin, de septembre 2008 à juin 2009, alors que le professeur et ses élèves suivaient une démarche scientifique afin d’identifier, d’analyser puis de tenter de régler un problème dans leur environnement.

Toute une tâche pour ces petits garçons et filles; nombre d’entre eux nous apparaissent d’abord timides, incertains ou peu motivés. On les verra néanmoins arpenter les rues de McMasterville, renconter divers intervenants (dont le maire Gilles Plante et le député du comté, un certain Pierre Curzi), élaborer un plan d’action, et ainsi de suite. "Je les ai vus émerger, explorer, prendre confiance en eux, énumère Dansereau. J’aime raconter qu’à la fin, les enfants qui relancent le maire, ce sont ceux qui étaient les plus effacés au début."

Pour en arriver à ce résultat, Dansereau a dû tourner beaucoup (77 heures de métrage!) puis défricher le tout au montage, sans se hâter, laissant l’essence de son film se révèler peu à peu. Un processus qui lui a rappelé les premiers temps de sa carrière, alors qu’il oeuvrait à l’Office national du film.

"Michel Brault, avec qui j’ai fait des films à l’époque, était là à la première, et je lui ai dit: En tournant Les Porteurs d’espoir, j’ai retrouvé le cinéma direct comme il était en 1960. On était une toute petite équipe de quatre personnes, la gestion de projet était pareille… Je renouais avec une vieille tradition que je pensais défunte", conclut Dansereau.

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LES PORTEURS D’ESPOIR

La prémisse du film pouvait nous faire craindre le pire, soit un pamphlet environnemental à caractère pédagogique. Or, il s’avère que ce documentaire de Fernand Dansereau, réalisé dans la tradition du cinéma direct, est avant tout le portrait finement observé, empathique et non dénué d’humour d’un groupe de jeunes allumés et débrouillards qui, bien aiguillés qu’ils sont par un enseignant qui respecte leur intelligence et croit en leur potentiel, développent leur esprit critique, leur sens de l’initiative et leur estime de soi. Les élèves de Dominique Leduc vont-ils sauver la planète à eux seuls? Probablement pas, mais ils semblent en voie de devenir des adultes moins désengagés et fatalistes que nombre d’entre nous, ce qui est déjà un grand pas.